L'homme a du mal à penser à l'homme comme à un objet.
Les tendances de la nature humaine
Le psychologue, selon le commun langage, est celui qui sait rattacher nos idées, nos sentiments, et nos actes à nos tendances profondes. L'ensemble de nos tendances constituerait notre être, notre nature.
La notion de tendance
Conception dynamiste
Les dynamistes conçoivent la tendance comme une force psychique que l'on pourrait mettre à la base de toute activité mentale. Une conception analogue se trouve dans le freudisme qui considère que les tendances psychiques sont douée d'autonomie et les compare à des êtres vivants.
Conception mécaniste
Le mécanisme et le rationalisme cartésien refusent l'idée de forces psychologiques inconscientes et expliquent les tendances par le corps, " auquel seul on doit attribuer tout ce qui peut être remarqué en nous qui répugne à notre raison ".
Spenser explique la tendance au jeu chez l'enfant par l'accumulation d'un excédent d'énergie.
M. Pradine considère la tendance comme un élan du sujet vers un objet extérieur à lui-même et dont il a besoin ( " tendre vers " ) et non ( " tendre à " ). " L'amour dit-il, est cette force qui nous pousse hors de nous vers nouys " car c'est toujours vers un objet qu'exige notre nature que nous tendons. La tendance est ainsi liée au besoin. " Tout besoin tend à provoquer les réactions propres à le satisfaire " ( Claparède )
Conception critique et classification
En fait, la notion de tendance doit être prise comme une notion commode. On peut dire que les tendances sont à la nature humaine ce que sont les lois à l'extérieur. Monsieur Sartre a raison de dire qu'il n'y a pas de nature humaine; mais la plupart de hommes, dans les mêmes circonstances, tendent à se comporter de la même façon; on peut appeler nature humaine l'ensemble de ces tendances, c'est-à-dire de ces manières d'être et de faire qui semblent caractéristiques de l'espèce humaine. On distingue ordinairement des tendances égoïstes, altruistes... en nous inspirant de Platon, nous rattacherons plutôt les tendances aux appétits, au cœur et à la raison.
L'affectivité complexe
A la fois admirée et redoutée, la passion se distingue du sentiment, que l'on honore avec quelque nuance de mépris.
L'homme et ses tendances
Les appétits
L'homme est un animal et, en tant que tel, il ne peut vivre que s'il satisfait ses besoins essentiels. Platon rattache ces besoins à des instincts animaux . Ils porteraient l'homme vers les plaisirs de boire, de manger...
Selon certains auteurs ( Machiavel, Hobbes ), ce type d'homme est le plus répandu; l'égoïsme serait l'essence même de la nature humaine, c'est-à-dire que nous n'agirions jamais que par intérêt. Mais la notion d'intérêt est bien vague; si l'on donne au mot son sens précis d'intérêt vital ( satisfaction des besoins ), il est clair que les besoins animaux doivent être satisfaits, mais aussi que l'homme ne vit pas essentiellement pour les satisfaire.
Ce cœur
En réalité l'homme est un fier animal, comme aimait à dire Alain. Il est par nature plus généreux qu'intéressé, plus enclin à l'héroïsme qu'à l'égoïsme. Il y a en lui un besoin de se dévouer, de se sacrifier à une grande cause. Certains sentiments qui siègent dans le cœur poussent l'homme à rechercher les honneurs. Tout homme, en effet, se fait une certaine conception de son honneur, de sa dignité personnelle, à laquelle il sacrifie volontiers ses intérêts vitaux immédiats. Comme le remarque Alain : " ce sont les passions et non les intérêts qui mènent le monde ". Par exemple " l'honneur est le ressort des guerres " . Et l'amour-propre, dont la Rochefoucauld fait le fond de la nature humaine, relève autant du coeur que des appétits. Mais il y a une sorte de contradiction interne dans le cœur parce que, d'une part, l'homme a le sentiment qu'il ne peut se suffire à lui-même ( d'où l'amour ) et, d'autre part, il a la prétention de se suffire ( d'où l'ambition ).
La vie affective : C'est une grande humiliation pour l'homme que cette dépendance à l'égard de son corps. Dépendance qui est du ressort des tragédies.
La raison
On peut enfin considérer la raison comme une tendance, car elle fait partie de la nature humaine. La raison est la tendance à mettre de l'ordre dans nos représentations, à mettre de l'ordre dans nos actions. Le sage est l'homme qui vit selon la raison, résistant à la fois aux entraînements des appétits et aux impulsions du cœur. Sa vertu est la prudence, son idéal la juste mesure; il ne cherche ni la richesse ni les honneurs, mais la science. Un double danger guette l'homme qui se préoccupe de science : séparer l'esprit du corps, ( sorte d'ascétisme, se livrer à une passion propre qui lui donne l'impression d'avoir raison ( sorte de fanatisme ). Si bien que le vrai sage est aussi rare que l'intéressé, la raison étant ordinairement au service des passions ou se faisant elle-même passion.
Conclusion : La justice et le bonheur, selon Platon, consistent en un équilibre harmonieux. L'homme ne doit être esclave ni de ses appétits ni de ses passions; mais il ne saurait être non plus un pur esprit.
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Y a-t-il des sciences de l'homme comme il y a des sciences de la nature ?
Apparition historique des sciences humaines ou sciences de la vie :
L'être vivant présente des caractères qui le distinguent de la matière inerte.
1 ) C'est un individu, c'est-à-dire un tout dont les parties sont solidaires.
2 ) L'être vivant évolue et ses transformations modifient sa nature
3 ) Tout vivant tend à se reproduire, à conserver son espèce.
Pour rendre compte de l'organisation, de l'évolution et de la tendance à la conservation, on a d'abord évoqué Dieu, l'âme ( " anima " la souffle qui anime ) et qui se retrouve dans ce que Bergson appelait " l'élan vital ". On aboutit ainsi à des explications des " parties par le tout " et des organes par leur fonction : l'homme a des yeux pour voir.
Après seulement la science s'est constituée : Descartes, Claude Bernard... La méthode expérimentale se heurte ici à des difficultés particulières, mais la méthode comparative permet de vérifier les conséquences des hypothèses suggérées par les faits, ce qui est l'essentiel de la méthode expérimentale. Il n'est pas interdit de se demander pourquoi tel organe est ainsi fait, mais l'essentiel est de montrer comment il remplit sa fonction.
Le problème de la physiologie humaine
La notion d'un déterminisme physico-chimique en physiologie semble incompatible avec la liberté humaine. Tout acte serait en effet déterminé. Et il est difficile de concevoir pareille détermination . Dans ce cas, soit ils nient la liberté de l'homme : l'homme ne serait qu'" un automate conscient " ( Huxley ). Cependant l'influence du moral sur le physique paraît difficilement contestable et cela met en question le déterminisme mécanique des phénomènes physiologiques. En fait, c'est de psychophysiologie, plutôt que de physiologie proprement dite, qu'il faut parler quand il s'agit de l'homme.
L'évolution des être vivants
A l'origine la biologie se contentait de classer les êtres vivants en espèces, genres...On admettait que les espèces correspondaient à des types bien définis, isolés les uns des autres et immuables. Chaque espèce aurait été créée selon un plan rationnel devant assurer sa conservation. Si la paléontologie montre que des espèces ont disparu, on peut admettre qu'il y a eu des cataclysmes ... Mais Buffon déjà doutait du côté immuable des espèces et comme on s'était aperçu que devant une collection d'invertébrés, on pouvait passer d'une espèce à une autre on a classé grâce à une série de types intermédiaires. " Il n'y a vraiment dans la nature, disait Lamarck, que des individus ".
L'explication en biologie
Pour expliquer cette transformation des êtres vivants, Lamarck invoquait l'influence du milieu et s'appuyait sur le principe que la fonction crée l'organe. Or les caractère acquis ne semblent pas héréditaires.
C'est par la loi de la sélection naturelle que Darwin explique l'évolution : dans la lutte pour la vie les individus les plus aptes survivent de préférence aux autres et c'est ainsi que les petites variations avantageuses qu'un individu peut présenter par hasard transforment peu à peu l'espèce. Toutes les espèces actuellement existantes résulteraient ainsi de quelques types primitifs très peu nombreux.
A cet évolutionnisme, on a préféré plus tard le " mutationisme ": des changements atteignant des cellules qui deviendraient héréditaires. Ces mutations restent d'ailleurs assez mystérieuses et des biologistes russes contrairement aux américains ont essayé de les expliquer par l'influence du milieu.
La théorie chromosomique de l'hérédité
Les faits : souris blanche + souris grise --→ grises --→ 1/4 blanches, 3/4 grises
Les lois : Mendel coordonne ces faits et permet de les prévoir en énonçant : tous les hybrides sont différents des parents, mais ajoute Morgan les chromosomes porteurs de gênes se retrouvent.dans la descendance.
Conclusion
Les sciences de la vie emploient la méthode expérimentale mais peuvent difficilement aboutir au même résultat que les autres sciences, en particulier quand il s'agit de l'homme.
Le modèle scientifique
Fascinés par le modèle physique, les sciences humaines ont tenté de devenir objectives et positives. Elles ont esquissé plusieurs méthodes : observation, mesure, expérimentations ( pas toujours possibles ).
Les exigences d'objectivité font traiter les faits humains comme des choses en les considérant de l'extérieur, sous leurs aspects objectivement observables. Elles permettent de dégager des lois statistiques qui commanderaient les phénomènes humains. Par exemple : étudier le suicide en fonction de critères comme le célibat, la religion...
Lacan et Lévi-Strauss dégageaient des structures un ensemble de lois. Mais ils ont un peu oublié l'homme.
On explique la nature et on comprend l'homme
Il est difficile de concilier la notion de liberté humaine avec l'idée de science.L'homme ne peut être vraiment étudié comme les autres réalités. Les recherches positivistes ignorent aussi l'essence, la conscience et les projets possibles. Les sciences humaines ne peuvent donc totalement s'inspirer des sciences de la nature. L'essence, la conscience, les projets ne sont ni spatiaux, ni mesurables. Ils sont subjectifs.
Conclusion
Malgré ses prétentions, la psychologie ne peut être considérée comme une vraie science, dans l'impossibilité où elle est de déterminer rigoureusement des faits et de les prévoir précisément. c'est par la littérature plutôt que par la psychologie que l'on apprend à connaître l'homme.
Connaissance de l'homme
La nature humaine se définit par un ensemble de tendances qui sont autant de possibilités communes à tous les hommes. mais chacun a sa manière propre d'être un homme.
Nous nous vantons de connaître nos semblables mais sommes incapables de prévoir leur conduite. Pouvons-nous nous confier à eux, est-il vraiment un ami ? Autrui est comme une forteresse impénétrable...
" Le moi dit Valéry, n'est peut-être qu'une notation commode. "
Nous n'avons des gens que des paroles, des actions. Et encore sont-elles vues à un moment donné dans le temps. Nous pouvons aussi interpréter à notre façon ce que nous voyons, avec du parti pris.
L'être ne se montre pas tout entier. " L'Arrière boutique" dans laquelle Montaigne voulait que nous établissions " notre principale retraite et solitude ", n'est révélée ni par discours, ni par nos actions. Le même homme peut se montrer égoïste ou généreux, , courageus ou lâche.... Les personnes sont multiples selon les circonstances.
" On ne connaît jamais un être, mais on cesse parfois de sentir qu'on l'ignore " ( Malraux, la condition humaine ).
Individu et personne
L'homme et sa nature, le moi biologique
On peut parler de la nature de l'homme en un sens restreint pour désigner l'homme en tant qu'il est un être vivant pris dans sa nature et sujet à ses lois. Un même fond naturel, constitué par les tendances animales, se trouve diversement modifié selon l'âge, le milieu et le moment, parfois même le sexe ou la civilisation. Il y a ainsi en chacun de nous un régime biologique que les anciens considéraient comme résultant d'un tempérament. Aujourd'hui, on classe plutôt les individus, si l'on peut se permettre le droit de classer l'humain, de l'enfermer dans une catégorie, selon qu'ils sont émotifs ou non, actifs ou non. On appelle caractère une manière propre de penser, de sentir, d'agir qui en chaque homme est lié à ces dispositions naturelles.
L'homme et son histoire, le moi social
D'autre part, l'homme est un être social. A ce titre il possède certaines tendances et sa manière d'être naturelle est modifiée par les exigences de la vie ne société. C'est ainsi que la politesse délivre l'homme de ses humeurs en l'obligeant à se dominer, et que l'opinion d'autrui lui présente une image de de lui-même sur laquelle il tend à se modeler. Plus généralement les manières de penser, de sentir et d'agir propres à chaque individu dépendent de sa situation sociale, donc de son apparence, de celle qu'il veut qu'on voit, de son métier, de sa richesse, de ses rapports avec les autres et son milieu. Selon les sociologues l'homme ne serait même rien de plus que ce que le fait son groupe social.
Le moi moral
Mais notre nature et notre histoire sont à nous, elles ne sont pas nous. Les conditions biologiques et sociales définissent en nous l'individu mais la personne leur échappe. La personne c'est le sujet libre qui peut, soit s'abandonner à sa nature, c'est-à-dire manquer de caractère, de personnalité, soit se conduire, c'est-à-dire tendre vers un idéal qui est la personne humaine dans sa perfection : " être homme c'est tendre à être Dieu " ( Sartres ). La personne se définit précisément par cette tension et cet équilibre entre l'individu et la personne, entre ce que l'on est et ce que l'on veut être, elle n'est pas un don mais une conquête. Être soi, c'est être maître de soi.
Connaissance et raisonnement
Notre connaissance d'autrui repose ordinairement sur une interprétation de son aspect physique ( physionomie, regard, attitude ) et de ses comportements ( actes, paroles ). cette connaissance résulte d'un raisonnement analogique : nous concluons qu'autrui quand il a telle attitude éprouve le même état d'âme que nous éprouvons quand nous avons la même attitude. Un pareil raisonnement est évidemment trompeur. Aussi la psychologie expérimentale a-t-elle cherché à fonder une interprétation plus objective du comportement ( méthode des tests ).Cependant l'interpréattion ne fournit jamais qu'une connaissance artificielle et superficielle. Aucun être en effet ne se montre tout entier dans ce qu'il dit et ce qu'il fait. Il peut avoir " ses idées de derrière la tête". ou son " arrière-boutique " ( Montaigne ) dont rien n'apparaît à l'extérieur.
Connaissance et intuition
Aussi certains auteurs ont-ils prétendu que la connaissance d'autrui était moins l'oeuvre de l'intelligence que celle du sentiment. Selon le bergsonisme par exemple il faut faire un effort d'intuition pour se placer à l'intérieur même de la personnalité de l'autre. A travers certaines attitudes, gestes ou comportements, sont immédiatement perçus des états d'âme. La voix, l'écriture, les gestes d'une personne pourraient révéler au premier abord : colère, amour, orgueil...Il est certain que nous percevons directement des significations dans les attitudes d'autrui, mais les signes nous trompent souvent car ils peuvent résulter du naturel. Il faut se garder de juger autrui à partir de ses impressions immédiates que son attitude produit en nous, parce que ces impressions dépendent de nous autant que de lui.
Connaissance et amour
Le mal que nous avons à nous connaître nous-mêmes devrait nous rendre prudents quand nous jugeons autrui. " On ne connait jamais un être dit un personnage de Malraux, mais on cesse parfois de sentir qu'on l'ignore ". Il n'y a peut-être pas de connaissance d'autrui. Il n'y a pas de vraie connaissance de l'homme si l'homme est un être libre et non une chose. Il faut reconnaître en autrui son semblable et se fier à lui en supposant toujours de lui le meilleur. On peut ainsi se tromper; du moins a-t-on chance d'obtenir que l'autre se montre sous son meilleur jour, c'est-à-dire fasse effort, afin de mériter notre confiance, pour réaliser autant que possible cet idéal qu'il porte en lui et que nous aimons. Ce qui élève un être et le fait être ce qu'il doit, c'est l'estime que d'autres ont placée en lui. Il faudrait donc aimer autrui sans trop se soucier de le connaître.
Toute connaissance de l'homme est connaissance des faiblesses de l'homme.
Souvent, nous nous sentons impuissants à comprendre autrui.
" Le moi, dit Valéry, n'est peut-être qu'une notation commode. " L'homme change sans cesse. L'essentiel de notre connaissance d'autrui repose sur l'interprétation qui est subjective.
" L'arrière-boutique ", en laquelle Montaigne voulait que nous établissions " notre principale retraite et solitude ", n'est révélée ni par nos discours, ni par nos actions.
Les philosophes d'inspiration bergsonienne accorderaient bien à Proust qu'il n'y a pas de connaissance intellectuelle de la personne, mais ils soutiendraient que que l'on peut avoir une autre sorte de connaissance qu'ils appellent souvent " amour " et qui au fons est l'intuition. " L'intuition , dit Bergson, est cette espèce de sympathie par laquelle nous nous transportons à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il y a d'unique et par conséquent d'inexprimable ". Si une telle intuition existe, il est évident que par elle nous pouvons avoir une connaissance directe de la personne.
Mais l'homme n'est que l'expression de conditions physiologiques et sociologique... mais il y a une part d'inconnu que parfois les tests peuvent atteindre ( Rorschach ), mais ils restent du domaine des spécialistes.
Cependant les psychologues de la forme ou gestualistes
semblent avoir renouvelé le problème. Selon eux ce n'est pas par analogie, comme le croit Proust, que nous connaissons autrui, ni par un effort d'intuition, mais directement et spontanément. En effet nous ne savons pas grand chose, souvent, de l'aspect extérieur de nos émotions; comment pourrions-nous donc arriver à connaître les émotions d'autrui à partir de leurs manifestations extérieures ? L'enfant d'ailleurs, peut fort bien ne jamais s'être mis en colère et cependant réagir correctement ( c'est-à-dire comme s'il comprenait ) en présence d'une personne en colère. Il semble donc qu'on doive admettre que certaines attitudes, certains gestes, certains comportements sont immédiatement perçus comme ayant une signification psychologique, comme exprimant des états de conscience déterminés. Il y aurait une communauté de structure entre les formes ( gestes ) psychiques et physiologiques ( principe de " l'isomorphisme " ). Un même dynamisme psychophysique se manifestait sous deux aspects ( attitude du corps - attitude de conscience ) et nous ne pourrions percevoir l'un sans percevoir l'autre. Ainsi dans les inflexions d''une voix passionnée je perçois directement des accents de colère, de haine ou de peur. Dans les gestes d'un homme je perçois directement ( sans avoir besoin de faire un raisonnement analogique et sans effort d'intuition ) l'orgueil, la vanité ou la timidité. C'est pourquoi le sens commun dit qu'il faut se fier toujours à ses premières impressions: elles seraient plus vraies que les inductions analogiques. Nous savons pourtant que ces premières impressions, ces sympathies et antipathies irraisonnées nous trompent souvent. C'est que nous attribuons valeur de signes à tous les gestes humains, alors que les plus nombreux sont sans doute sans signification psychologique, mais résultent seulement de ce que Descartes appelait " la machine humaine " ( cf. Alain : " c'est vite fait de supposer une âme d'après les signes, mais cette supposition n'est pas vérifiée une fois sur mille. Les uns montrent une sorte de sourire lorsqu'ils ont froid; d'autres froncent sévèrement le sourcil parce qu'ils ont le soleil dans les yeux ". Sentiments, passion et signes ). Les psychologues de la forme ont raison sans doute, de montrer que les attitudes de nos semblables sont pour nous directement expressives et que nous nous faisonsune idée de la personne d'autrui sans avoir besoin de nous livrer à une interprétation rationnelle des paroles et des actions ou à un effort d'intuition. Mais il s'agit de savoir quelle est la valeur de cette connaissance. L'idée que spontanément nous nous faisons d'autrui n'est pas nécessairement une idée juste. Ce serait une erreur, et même une faute, de fonder sur ces impressions immédiates nos jugements. peut-être même commettons-nous erreur et faute chaque fois que nous jugeons autrui. La difficulté de nous connaître nous-même devrait nous rendre prudents à juger des autres. C'est qu'il y a en tout homme une part de liberté que néglige tout effort de connaissance et qui condamne cet effort à ne jamais aboutir vraiment. " C'était un petit être mystérieux comme tout le monde ".
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