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Les passions

Les passions


La passion est une affection ( presque une maladie ) durable de la conscience. Elle est parfois admirée et redoutée. Elle est différente de l'émotion, du sentiment que l'on honore amis avec quelque nuance de mépris. Pour Spinoza et Descartes, c'est le corps qui est considéré comme sous l'empire des passions déchaînées. L'imagination ayant un rôle de cristallisation.  Dans la tradition classique, les passions sont des phénomènes subis et passifs. Avec Hegel apparaît l'énergie du vouloir. Ce sont deux visions différentes.


Émotion, sentiment, passion

La passion, centre de tout, se subordonne aux autres inclinations. La passion, c'est une rupture d'équilibre durable.
L'émotion est une tempête passagère dont le désordre s'épuise rapidement.
L'émotion agit comme une eau qui rompt sa digue, remarquait Kant, la passion  comme un torrent qui creuse de plus en plus profondément son lit ou encore l'émotion est une ivresse, la passion est une maladie. L'émotion est un mouvement, la passion un état.  Sans doute la passion naît-elle et se nourrit-elle d'émotions mais elle est " l'émotion pensée " ( Alain ). La sensibilité de l'homme autour d'une affection privilégiée se trouve prise et esclave. Le bonheur du passionné tient précisément à cette fixation de sa vie affective et à l'indifférence qui en résulte à l'égard de tout ce qui est étranger à sa passion. L'amour est un souci qui chasse les autres. Dans la passion il y a oubli des autres tendances. " Nos passions ne sont que nos erreurs ". ( Alquié )
Le sentiment : disposition moins démesurée et excessive.



La passion, empire du corps


A la fois passivité ou énergie spirituelle, sa définition est ambigüe.
Le latin " pati" a donné " supporter, souffrir ". C'est donc à l'origine un phénomène passif.
Pour Descartes, tous les phénomènes dans l'âme sont causés par l'action du corps.
Pour Spinoza, l'homme subit à travers son corps, l'action des choses extérieures. Notre existence serait dépendante de l'univers.


L'action passionnée
 
Il n'est pas sûr que l'homme fasse mieux ce pour quoi il se passionne : " Nous ne conduisons jamais bien, remarquait Montaigne, la chose de laquelle nous sommes possédés et conduits " ( Essais III, 10 ). C'est que l'action passionnée n'est pas libre; le passionné est esclave du désir et de l'habitude. D'autre part toute passion est volonté de puissance, mais elle conduit l'être à une double dépendance; à l'égard de l'objet de sa passion et aussi à l'égard de l'objet de sa passion et aussi à l'égard des autres. Le passionné ne s'appartient plus; c'est un " possédé ".  Enfin le passionné se distingue du volontaire par ceci :  il n'obtient jamais vraiment ce qu'il désirait. " L'avenir seul est juge des passions ". ( Alquié )

La logique passionnelle
 
 
Cette dépossession de soi, qui caractérise la passion, est sans doute le fruit du triomphe de l'imagination chez le passionné. Ses pensées en effet, au lieu d'être ordonnées logiquement et objectivement, s'ordonnent d'elles-mêmes autour de l'affection dominante ( cf. La description stendhalienne de la cristallisation ) selon les mécanismes de l'association des idées. Aussi la pensée du passionné est-elle une pensée esclave ( ne pouvoir s'empêcher de penser à... ) , plaideuse ( se prouver qu'on a raison ), politique ( calculer des moyens ... ) et aveugle ( ne pas voir les choses qu'on ne veut pas voir ). L'apparente lucidité du passionné est toujours trompée, comme on s'en aperçoit lorsque meurt la passion. Le passionné sacrifie l'avenir à un présent qui n'est fait lui-même que de souvenirs.
 
 
Passion et imagination

La passion est fille de l'imagination. Stendhal parle de cristallisation. Comme le rameau, jeté dans les mines de sel de Salzbourg, se couvre de cristallisations brillantes, de même " l'objet aimé ", grâce à l'imagination, cristallise aide à cristalliser les souvenirs et les rêves. Cette cristallisation engendre la passion ou la recrée.



La passion comme servitude et comme destin

La passion s'oppose à la raison. voir chez les " Classiques ", la servitude et la souffrance engendrés par la passion : Phèdre par exemple de Racine. Le passionné est impuissant, aliéné, étranger à lui-même.


Le cortège des passions

Passions tristes : haine et crainte, envie et raillerie, mépris, colère, vengeance, pitié, humilité démesurée, repentir maladif...


Le remède aux passions

La volonté pour les stoïciens. Elle est d'inspiration cartésienne. Descartes exalte le pouvoir absolu de la volonté. Les âmes d'élite vont jusqu'à la générosité qui est pour Descartes le sommet de la morale. La volonté est alors poussée à l'extrême.
La connaissance : l'homme n'est qu'une partie soumise de la nature. Spinoza préconise pour se libérer " la science des affections ", c'est - à - dire en avoir une connaissance claire et distincte. La passion comprise perd son prestige. Mais la conscience de la passion ne suffit pas à la dominer.


La passion comme énergie du vouloir


Peut-elle être " énergie spirituelle " ? ( Hegel ). Exemple de Napoléon ? l'énergie du vouloir rassemble toute l'activité humaine vers un seul but. Ce serait un nouveau concept de la passion : l'énergie pratique, historique, pas forcément morale ou humaine, des " grands hommes " qui ont marqué l'histoire.



Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion


La passion dynamique créé l'histoire et le devenir. Instrument historique riche et fécond. Les grands hommes accomplissent de grandes œuvres.



La ruse de la raison : raison et passion

"Les hommes sont les outils de quelque chose de plus grand qui les dépasse". ( St Exupéry ) . César, Napoléon, l'aviateur... sont donc les outils d'un Idée, d'un but universels.


Conclusion

Hegel a magnifiquement réhabilité la passion. Elle serait  trop devenue l'instrument de l'esprit qui étend sa rationalité.

 


Date de création : 07/10/2010 • 07:19
Dernière modification : 10/05/2014 • 10:27
Catégorie : Un peu de philo
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