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Oeuvres symboliques

Œuvres basées sur une forte valeur symbolique


Le théâtre symboliste

Les précurseurs du Symbolisme, les Symbolistes eux-mêmes, sont transportés par la passion de créer de nouvelles formes théâtrales. Ils ont la religion des Idées. Ils. Ils sont fort peu chrétiens, d'ordinaire. Ils se présentent donc quelque peu les salles de spectacle comme des nefs où l'on pourrait dispenser la bonne doctrine aux fervents d'un culte nouveau. Ils voudraient trouver des acteurs persuadés de leur dignité quasi sacerdotale, dociles à ce qu'ils disent et non aux enseignements d'une technique corrompue par les effets faciles des Sardou... Ils souhaitent, par l'art de tels tragédiens, faire sentir à un public toujours plus religieux, comment la parole humaine, pleine de vertus magiques, se confrontant, hymne nostalgique, avec l'Idée qu'elle tâche de signifier, de suggérer, fait apparaître, dans un éclair, tout un drame intérieur, - ce drame qui n'a, d'habitude, pour décor, que la cabinet de travail de Mallarmé, ou les estaminets que Rimbaud embellissait de son désespoir.
Mais outre que ce théâtre, suite d'offices presque  liturgiques, risque par sa gravité, par sa structure métaphysique, de dérouter les plus chères habitudes d'un peuple latin, plus habitué aux fadaises du cirque de l'époque ou de la littérature bourgeoise, qu'à l'enseignement des vérités du monde, il est longtemps comme empêché de naître par la présence écrasante et par l'œuvre de Richard Wagner. Il a lui, réalisé en partie son rêve d'art total. Il a facilité l'intelligence des Vérités par des Symboles de chair et de sang, à qui la musique impose, actualité immédiate, la vérité transcendante qu'ils signifient. Aussi désespèrent-il durablement ceux des Symbolistes qui se montrent curieux d'art dramatique. Comment rivaliser avec le vieil enchanteur de Bayreuth, alors que l'on ne dispose que des pauvres moyens du vers libre ou régulier ?
Ce n'est pas sans un regret poignant que Mallarmé  apporte à Wagner son hommage. Que l'on relise le livre, la partie de ses " Divagations " qu'il consacre au théâtre, et l'on s'avise bientôt qu'il ne parvient à se débarrasser de l'envoûtement  wagnérien qu'en interdisant au poète les gloires de la scène, en remplaçant les successions sonores du discours par les mouvantes arabesques de la danse, capable, accompagnée de musique, de rendre sensibles à l'oreille et aux yeux divers  symboles successifs. La plus parfaite expression de l'idéal dramatique du Symbolisme, provisoirement désespéré par Wagner, se rencontre peut-être dans cette explication de Mallarmé : " A savoir que la danseuse n'est pas une femme qui danse, pour ces motifs juxtaposés qu'elle n'est pas une femme, mais une métaphore, résumant un des aspects élémentaires de  notre forme, glaive, coupe, fleur, etc... et qu'elle ne danse pas, suggérant par le prodige de raccourcis ou d'élans, avec une écriture corporelle, ce qu'il faudrait des paragraphes en prose dialoguée autant que descriptive, pour exprimer, dans la rédaction : poème dégagé de tout appareil du scribe ( cf dans les " Divagations " : Ballets. )

Cette difficulté de construire la prose dialoguée du drame absolu, on aimerait qu'elle eût incité, du moins, les Symbolistes, à écrire des livrets de ballet, qui eussent peut-être ravivé l'éclat, jadis européen de la danse française. Ils saluent bien dans les premiers essais, les promesses de la chorégraphie, presque désincarnée, qu'ils rêvent. Ils se délectent, comme d'une libération, du remplacement de décors mastocs par un silence palpité. Avec Mallarmé, ils proclament en se félicitant : " Chassis opaques, carton cette intrusion, au rancart ! Voici rendue au Ballet l'atmosphère ou rien, visions sitôt éparses que nues, leur évocation limpide. " ( cf. dans les Divagations : Ballets ) Et pourtant ils n'osent jamais composer le canevas d'un divertissement dansé. Trop modestes, sans réfléchir aux conditions matérielles de tout art dramatique, ils se contentent trop souvent de faire mimer les poèmes qu'ils aiment, de les décomposer plastiquement devant un public ahuri, ou de remettre en scène, par goût du pseudo-Symbolisme primitif, ... le Cantique des Cantiques...par exemple. Les légendes dramatiques que les plus téméraires prétendent imposer au suffrage des spectateurs, projettent surtout en pleine lumière le ridicule des oripeaux et accessoires dont ils ne savent, par faux goût, se passer. Le public, peu à peu conquis par Wagner, lorsqu'il veut s'instruire des procédés du drame symbolique, pressent qu'il y a peu à retirer d'une ennuyeuse et présomptueuse trilogie en vers libres, représentée par quelque troupe d'avant-garde. Seule l'adaptation scénique de Villiers-de-L'Îsle-Adam est un événement qui compte: encore faut-il convenir que c'est là plutôt un drame à lire, auquel les conventions théâtrales n'ajoutent que peu de charmes.
Par timidité devant Wagner, par incapacité de trouver une forme dramatique analogue à leur idéal, par dédain d'écrire des scénarios de Ballet, qui pourraient cependant assouvir dans une certaine mesure leur désir de faire, sur une scène, l'appareillage de l'Idée, les Symbolistes encourront-ils définitivement le reproche de  n'avoir pas renouvelé, comme toutes les écoles littéraires, l'art dramatique...
M. Maurice Maeterlink ( 1862-1919 ) les en sauve de justesse...
Puis Paul Claudel ( 1868-1955 ).

Le lys dans la vallée


Balzac

 

La vallée symbolise la femme. Mêmes mots pour décrire la vallée ou la femme : " Mes yeux...Ces épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main. Je me haussai tout palpitant pour voir son corsage et fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte d'une gaze, mais dont les globes azurés et d'une rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans le flot de dentelle... Le brillant de ses cheveux lissés... les lignes blanches que le peigne y avait dessinées et où mon imagination courut comme en de frais sentiers..."

Là se découvre une vallée...A cet aspect je fus saisi d'un étonnement  voluptueux... Si cette femme, le fleur de son sexe, habite un lieu dans le monde, ce lieu le voici ? A cette pensée je m'appuyais contre un noyer, sous lequel depuis ce jour, je me repose toutes les fois que je reviens dans ma chère vallée... Elle demeurait là, mon cœur ne me trompait point. .. Elle était le lys de cette vallée... ces lignes de peupliers qui parent de leurs dentelles mobiles ce val d'amour... Si vous voulez voir la nature belle et vierge comme une fiancée... au printemps l'amour y bat de l'aile... les chutes de l'Indre donnent une voix à cette vallée frémissante, les peupliers se balancent en riant... tout y était mélancolie.

Henriette de Mortsauf = mort sauf.


 

Boris Vian

L'écume des jours

Rejet de clichés, émotions décalées, créations de mots...

"  Cheveux clairs... masse soyeuse en long filets orange... tailla en biseau les coins de ses paupière mates...un soleil brillait de chaque côté car Colin aimait la lumière... Les souris couraient après les petites boules que formaient les rayons en achevant de se pulvériser sur le sol, comme des jets de mercure jaune...il mit quelques gouttelettes de soleil dans son briquet.

Ma sœur a mal tourné, elle a fait des études de philosophie.

Un porte cuir en feuilles de Russie... Il encaissa le pourboire qui lui servirait pour manger car il avait l'air d'un menteur.

Elle portait un sweat shirt blanc et une jupe jeune.

Ma mère ne se console pas de n'avoir épousé qu'un agrégé de mathématiques alors que son frère a réussi si brillamment dans la vie.

J'ai l'orgueil de ma position ... et vous ne sauriez m'en faire grief.

Le danseur et la danseuse mettent leur corps entier en ondulation suivant le rythme de la musique.... rein, articulations, sternum et genoux.

La doublure de ma bouche gauche est un petit peu déchirée... Je n'ai plus de chatterton... Tant pis, je vais mettre un clou.

La porte claqua derrière lui avec le bruit d'une main nue sur une fesse nue...

usé que toutes les trois marches : en effet, Colin descendait toujours quatre à quatre.
La porte se referma sur lui avec un bruit de baiser sur une épaule nue.

- Allons, venez, s'impatientait Isis. Je vais vous présenter à des filles charmantes.

C'était une robe de lainage vert amande avec de gros boutons de céramique dorée et une grille en fer forgé formant l'empiècement du dos.

Colin avala sa salive. Sa bouche lui faisait comme du gratouillis de beignets brûlés.

à l'intérieur su thorax, ça lui faisait comme une musique militaire allemande, où l'on n'entend que la grosse caisse.

Alors seulement, Colin revint à la vraie réalité et s'aperçut que le plafond était à claire-voie, au travers de laquelle regardaient les locataires d'en dessus, qu'une épaisse frange d'iris d'eau cachait le bas des murs, que des gaz, diversement colorés, s'échappaient d'ouvertures pratiquées ça et là et que son amie Isis se tenait devant lui et lui offrait des petits fours sur un plateau hercynien.

Chloé ne se tenait plus de rire. Chick et Alise s'approchèrent.

- Je suis à la fois désespéré et horriblement heureux. C'est très agréable d'avoir envie de quelque chose à ce point-là.
- Je voudrais, continua-t-il, être couché dans l'herbe un peu rôtie, avec de la terre sèche et du soleil, tu sais, de l'herbe jaune comme de la paille, et cassante, avec des tas de petites bêtes et de la mousse sèche aussi. On se met à plat ventre et on regarde. Il faut une haie avec des pierres et des arbres tout tordus, et des petites feuilles. Ça fait un bien considérable.

Ils burent. La lueur restait sur leurs lèvres. Colin ralluma. Il paraissait hésiter à rester debout.

- Une fois n'est pas coutume, dit-il. Je crois qu'on peut finir la bouteille.

Il y avait un nouvel article de Partre pour Chick et un rendez-vous avec Chloé pour Colin.

Un petit nuage rose descendait de l'air et s'approchait d'eux.

- J'y vais! proposa-t-il.

- Vas-y, dit Colin.

Et le nuage les enveloppa. A l'intérieur, il faisait chaud et ça sentait le sucre à la cannelle.

Vous sentez la forêt, avec un ruisseau et des petits lapins.

L'odeur des fleurs et le parfum des filles se mêlaient étroitement et Chick se prenait pour une abeille en ruche.

Les sous Chuisses leur cassaient sur la tête ... un petit ballon de cristal mince, rempli d'eau lustrale...Dieu qui avait un œil au beurre noir... Le religieux... tapa trois fois sa tête par terre... les enfants de Foi...L'aspect de l'abdomen d'une énorme guêpe couchée, vue de l'intérieur...Le religieux, ... jeter un coup d'œil à Chloé dont il aimait bien la robe...Le Chevêche somnolait doucement...Il savait qu'on le réveillerait.

D'autres gens leur donnaient des conseils pour la nuit, un camelot passa en leur proposant des photographies pour s'instruire.

Le plancher était recouvert d'un épais tais orange clair et les murs tendus de cuir naturel... Elle avait une peau ambrée et savoureuse comme de la pâte d'amandes.

Je donnerais seize ans à l'une et 18 ans à l'autre.

Colin pressa des boutons verts, bleus, jaunes, rouges et les glaces correspondantes remplacèrent celles de la voiture. On se serait cru dans un arc-en-ciel, et, sur la fourrure blanche, des ombres bariolées dansaient  au passage de chaque poteau télégraphique. Chloé se sentit mieux.

Brusquement, la route tourna de nouveau et ils se trouvèrent au milieu des mines de cuivre. Elles s'étageaient des deux côtés, de quelques mètres en contrebas.

Le cuivre, sous l'effet de la chaleur, fondait et coulait en ruisseaux rouges frangés de scories spongieuses et dures comme de la pierre.

On le fait par habitude et pour ne pas y penser.

- Oh ! Évidemment dit Chloé. Pour faire un œuf, il faut une poule, mais une fois qu'on a la poule, on peut avoir des tas d'œufs.

Les gens perdent leur temps à vivre, alors, il ne leur en reste plus pour travailler.

S'ils avaient le temps de construire des machines, après ils n'auraient plus besoin de rien faire... ils travaillent pour vivre au lieu de travailler à construire des machines qui les feraient vivre sans travailler.

Mais on perd tellement de temps à faire des choses qui s'usent.

- Mais tu crois qu'ils n'aimeraient pas mieux rentrer chez eux et embrasser leur femme et aller à la piscine et aux divertissements

- Non... ce n'est pas leur faute. C'est parce qu'on leur a dit : " Le travail c'est sacré ",... Seulement, on s'arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter.

- Ils sont bêtes ?

- Ils sont bêtes...ça leur évite de réfléchir.

- Parlons d'autre chose dit Chloé, c'est épuisant ces sujet-là.

Nutritionner...Étoffe de soie qui se déchire. Il produisit une grosse lueur verte qui s'enfuit au ras du sol et disparut dans une fente du parquet.

Une des machines paraissaient s'emballer. Les pilules sortaient en cataracte et des éclairs violets jaillissaient au moment où elles tombaient dans les cornets de papier.

- Qu'est-ce qui se passe? dit Colin. Est-ce que c'est dangereux ?

Elle était tiède et odorante. Un flacon de parfum...

Il ménagerait ses doublezons, il lui en restait suffisamment pour leur faire une vie agréable. Peut-être qu'il travaillerait...

L'alcool mélangé d'éther qui charriait des tampons de coton souillé d'humeurs et de sanies, de sang...
La lumière s'enfuit de la pièce en un torrent clair qui disparut sous la porte...

- C'est une belle pièce dit l'antiquitaire... Vous ne préfèreriez pas gagner de l'argent par votre travail?

- Vous n'aimez pas le travail?

- C'est horrible dit Colin.Ça rabaisse l'homme au rand de la machine.

- Mais si elle guérissait ?

- Oh dit Colin.
Il eut un sourire heureux

Mais il faut du temps dit l'antiquitaire

- Oui, dit Colin, et le soleil s'en va...

Une de ses pantoufles avait un gros trou et il dissimula son pied sous le tapis... La chambre était parvenue à des dimensions assez réduites. ..

- Ils vous ont opérée là-bas ?... - Oui...Était-il grand ? - Un mètre, je crois. Avec une grosse fleur de 20 cm... Vous avez actuellement un poumon complètement arrêté... Si vous attrapez quelque chose à l'autre, ça sera ennuyeux pour votre mari. - Pas pour moi? - Plus pour vous...

- Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?

- J'apprends des choses et j'aime Chloé.

La lumière ruisselait paresseusement sur les objets lisses...
Devant chaque machine trapue, un homme se débattait, luttant pour ne pas être déchiqueté par les engrenages avides...Au moment de quitter l'atelier, il s'effaça pour laisser sortir les brancardiers qui avaient empilé les quatre corps sur un petit chariot électrique et s'apprêtaient à les déverser dans le Collecteur Général.

Le plafond, très bas, répercutait le bruit de sa marche...Le sol montait un peu. Pour arriver au Bureau Central, il fallait longer trois autres ateliers et Chick suivait distraitement.

- Il me faut quatre hommes dit Chick... Demain, vous les aurez....

- Un des jets de purification ne fonctionne plus...

- ça ne me regarde pas, dit le chef du personnel. Voyez à côté...Mon rendement baisse...

- ça ne me regarde pas...

- Qu'est-ce que c'est que la justice ?

- Jamais entendu parler...

Les cheminées se rapprochaient...Le sol glissait et se dérobait sous ses pieds.
- C'est un travail assez dur vous savez...

- Vous travaillez depuis longtemps ? dit Colin.

- Un an dit l'homme. J'ai 29 ans.

Il passa une main ridée et tremblante à travers les plis de son visage...
- J'ai besoin d'argent dit Colin.

... le travail rend philosophe... Au bout de trois mois vous en aurez moins besoin.
- C'est pour soigner ma femme dit Colin... Elle est malade...

- Quand une femme est malade, elle n'est plus bonne à rien.

-... Pour que les canons de fusil poussent régulièrement... il faut de la chaleur humaine.

Les gens ne changent pas, ce sont les choses qui changent.

- Pourquoi est-ce que Chloé est morte ?

- Je n'ai aucune responsabilité là-dedans, dit Jésus . Si nous parlions d'autre chose...

- Qui est-ce que cela regarde ? demanda Colin ?

- Ce n'est pas nous en tout cas, dit Jésus... il semblait s'ennuyer. Le religieux tournait une crecelle en hurlant des vers latins.

- N'insistez pas.

- ... Jamais elle n'a fait de mal, ni en pensée, ni en action.

- ça n'a aucun rapport avec la religion,...

Colin entendit sortir de ses narines un léger ronronnement de satisfaction, comme un chat repu.

... D'un coup le plafond rejoignit le plancher

- Vraiment dit le chat, ça ne m'intéresse pas...

- Tu as tort, dit la souris... J'étais bien nourrie..;

- Je n'ai pas du tout envie de me suicider...

- C'est que tu ne l'as pas vu dit la souris...Il est au bord de l'eau...il attend..Il voit quelque chose

- ...un nénuphar peut-être.

- Alors dit le chat, si c'est comme ça... Mets ta tête dans ma gueule... et attends.

- ça peut durer longtemps ??

- Le temps que quelqu'un me marche sur la queue...

Il venait en chantant onze petites filles aveugles de l'orphelinat.

Création de mots, d'associations : chevêche, chuiche, antiquitaire. Chaque élément possède une valeur symbolique et une valeur dramatique. Aucune réponse aux questions métaphysiques, mais de la poésie pure pour le mystère de la vie. Mais ce qui est certain à travers l'œuvre, c'est que les malheurs arrivent lorsqu'on a cessé de ne penser qu'à soi.


Date de création : 26/02/2010 • 18:16
Dernière modification : 18/01/2014 • 17:34
Catégorie : Symbolique
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