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Sombre horizon

Des scénarios ( ou scenarii ) d'amateurs

Scénarios de films ou de diaporamas

 

La boîte à merveilles

 


La Boîte à merveilles est un roman à caractère autobiographique, écrit par l'écrivain marocain Ahmed Sefrioui en 1952 et publié en 1954. Il fut longtemps considéré comme le premier roman marocain écrit en français avant que ne soit réhabilité le récit " Mosaïques ternies" de l'écrivain de Tanger Abdelkader Chatt publié en France dès 1930.

Nous avions choisi ce titre pour un court film fait " image par image " avec les jouets de notre fille aînée qui avait alors 10 mois. Nous utilisions à l'époque la caméra " super huit ". Mon mari filmait, coupait dans la bande, recollait et montait ainsi de petits films. Personnellement je m'occupais du scénario essentiellement, je déplaçais les jouets. Notre fille était l'actrice. Tous ses jouets, toutes ses poupées contribuaient à la féérie. Nous nous étions installés parfois
sur la terrasse de l'immeuble Gouraud à Meknès où nous habitions soit au vieil aéroport français désaffecté qui nous offrait un lieu de sortie avec abri contre la chaleur du soleil et route bien droite sans aucune voiture. Route sur laquelle plus tard notre fille apprendra à faire du vélo.
Notre fille se trouvait sur une couverture locale à deux couleurs : vert tendre et blanc cassé.Vêtue d'un " babygros " rouge, elle était l'héroïne naïve et étonnée devant ses jouets que je déplaçais pour qu'ils racontent une histoire avec des poupées devenues des personnages. Grâce à la caméra et à la technique de l'image par image, les boîtes s'encastraient l'une dans l'autre toutes seules, les poupées dansaient et la boîte à langer, devenue pour l'occasion " la boîte à merveilles " était le lieu magique où tout disparaissait par enchantement.
La musique étrange qui servait de leitmotiv et de signal aux effets magiques était une courte musique enregistrée à la radio au cours d'une émission : "Le fil rouge ". Une musique de flûte étrange s'élevait fragile, inquiétante.

 

 

 La machine à écrire des rêves
 

 C'est un diaporama plutôt comique imaginé par des collègues du Maroc ( dans les années 1970 ).
J'essaie de me souvenir, de réinventer. En résumé :

La machine à écrire était avant l'ordinateur un objet qui plaisait aux enfants et attirait les tout petits. Mais quand vous avez tapé pendant des heures sur les touches, le jeu devient lassant. L'envie vous prend de rêver un peu, d'imaginer un univers différents du bureau qui vous enferme :

- " o " et si c'était un ballon ? h a levé le pied pour cogner très fort... Voilà mon rêve qui commence. D... comme Daniel, Daniel c'est mon ami. Il a un très gros ventre parce qu'il aime bien manger. Il a invité tous ses copains, nous nous sommes retrouvés sur le terrain. H était le but évidemment !
Son papa lui a offert  un ballon " o " de football. pour arbitre nous avons chois " A " qui a de longues jambes. " ï "est très large et couvre bien le sol, nous ne l'aimons pas trop car il est le premier de la classe et porte des lunettes. " T " c'est le papa de "r ", " r " a toujours un sifflet parce que son papa  policier lui en a donné un. " T " règle la circulation. " M " court très vite, " h " tire bien et dribble. " H" serait l'autre goal. Je suis le plus fort criait-il. J'ai de longs bras criait " F ". Je cours vite et je vise aussi bien que " H " criait " K ".
N'avez-vous jamais rêvé devant une machine à écrire ?
La partie est magnifique. Les joueurs se donnent tout entiers au jeu, on court, on passe, on feinte, on dribble, le ballon passe d'un bout à l'autre du terrain à une vitesse incroyable. L'arbitre arrive tout juste à suivre l'action.
Tu es trop petit, bien trop petit. Voilà ce que l'on dit à " e"  quand il veut jouer dans l'équipe de football. Et oui, c'est vrai, il n'est pas plus grand que le ballon. ce ballon il l'a reçu en pleine figure aujourd'hui, et oh, miracle, le ballon a rebondi sur sa petite tête ronde et a abouti droit dans les buts. Quelle veine ! Le ballon jaillit. Il est partout à la fois. " e " encouragé donne un coup par-ci, un coup par là. " h " et " k" donnent des coups de pied rageurs dans le ballon. regardez ils sont déchaînés, ils dribblent, feintent, passent, shootent et... but.
A la mi-temps le nom de " e" est sur toutes les bouches. Le match se termine par le score de  10 à 4.

Nous avons gagné, nous avons gagné tous les deux, mon ballon et moi.
C'est alors que " e "  s'aperçoit que son merveilleux ballon est crevé. Il le prend dans ses bras, le caresse tristement et voit que sur celui-ci un peu de boue du terrain est resté accroché sur le ballon comme une larme.

 

 

Sombre horizon

 

sombrehorizon.jpg
 

Scénario du film que mes élèves et moi avions écrit, au Maroc, lorsque j'enseignais à l'école Régionale des institutrices, à Meknès, en 1974 -1975. C'était l'équivalent du CRPE...


Initiation au langage cinématographique

1 ) Choix du sujet par les élèves : Chaque élève a proposé un court récit : deux sujets ont été retenus, puis réunis en une même histoire : " Vie d'Aïcha abandonnée à sa naissance par une fille-mère.


2 ) Élaboration et rédaction de l'histoire : Pendant l'heure de TP, les élèves, réparties par petits groupes, ont recherché scènes, décors, jeux de scènes, dialogues...


3) Initiation au langage cinématographique :

Lecture, de livres techniques,  " Clés et codes du cinéma " etc...

Projection d'un film modèle : " la mariée est trop belle "

Échelle des plans
: plans d'ensemble, plans moyens, plans américains, plans rapprochés, gros plans, très gros plans.

Mouvements de caméra : ( Film pédagogique d'amateur " single ", réalisé avec une caméra FUGICA Z 800 permettant tous les trucages professionnels.); familiarisation avec le vocabulaire cinématographique : panoramique vertical, panoramique horizontal, travelling avant, travelling arrière.

Angles de prise de vue : plongée et contre-plongée.

Ponctuation : fondu à l'ouverture, fondu à la fermeture, fondu enchaîné.

Quelques effets spéciaux : déplacement de la zone de netteté, surimpression, ralenti, accéléré, trucage avec cache et contre-cache, animation image par image.

4 ) Découpage en plans de l'histoire



Synopsis

Aïcha, abandonnée par une fille-mère et recueillie provisoirement par une vieille dame, passe son enfance dans un orphelinat. Ses camarades la méprisent et la rendent malheureuse.
Dès l'âge de 8 ans, elle apprend un métier ( elle travaille dans un atelier de tapis ) et commence pleine d'espoir une nouvelle vie en société, croyant échapper au mépris. La société se montre à son égard encore plus cruelle.
Pour fuir la société, Aïcha devient bergère et cherche dans la poésie, dans une nature consolatrice et au milieu des moutons et des chèvres, une paix bien méritée.
Malheureusement, elle fait la connaissance d'Hamid. Tous deux pourraient bien s'entendre. Hamid est peintre et poète comme Aïcha, mais il est aussi le fils du patron. M. Hadj Soussi qui refusera ce mariage.


Plan 1 : - Plan d'ensemble très long.
              - Générique en surimpression , y compris le titre.

Peu avant  le coucher du soleil, il règne encore une chaleur de four, on se croirait au cœur d'un brasier. La terre est jaune et brillante à cause des rayons solaires. Un peu plus loin nous distinguons quelques palmiers près d'une oasis. Dispersés çà et là, chèvres et moutons broutent. Au pied d'un des palmiers, une jeune fille est assise, un bâton à la main. De temps en temps, elle agite l'eau de la séguia qui s'étale à ses pieds, tout en chantant d'une voix claire et limpide :


" Le murmure des séguias
Bruit doucement dans l'air calme.
Sur l'azur limpide, il n'y a
Que le balancement des palmes.

Dans le silence vert et bleu
De l'oasis où l'eau frissonne,
Liquide aussi, mystérieux,
Le chant d'une flûte résonne.

Et de l'ombre fraîche, en écho,
Sous les palmes qu'un souffle incline,
Mille rires naissent de l'eau
Ou d'autres flûtes cristallines. "


( " Oasis, de Cécile Perrin, extrait de : " images ", le Divan, éditeur )


Plan 2 : - Plan demi-ensemble d'Aïcha, la bergère : elle a environ 13, 14 ans. Elle porte une longue robe noire. De son foulard dépasse une frange régulière. Derrière, ses deux tresses sont entrelacées de fil noir. Elle chante toujours. Une brebis et son agneau s' approchent.
                     -  Bande sonore : " El kamar El Ahmar ",


 de ABDELHADI BELKHIAT
Musique d'Abdessalam Amer ( musique seule sans les paroles, pour ces plans et les plans suivants; sauf indication contraire, ce thème musical sera conservé jusqu'à la fin du film.)



Plan 3 Plan moyen court : l'agneau, près d'AÏcha bêle. La jeune fille, souriante, se tourne vers lui et le caresse.
                   Bande sonore : bêlements ( plans 3 et 4 ).


Plan 4 :   Gros plan de la tête de l'agneau, caressée par Aïcha.
Plan 5 : Plan moyen : Aïcha accroupie, prend l'agneau dans ses bras et se relève.
Plan 6 :  Gros plan du visage d'Aïcha rayonnant. Son regard se porte vers l'horizon et s'assombrit tandis que sur son front apparaît une expression de surprise.
Plan 7 : Plan d'ensemble ( caméra subjective ) : On aperçoit à l'horizon un jeune homme qui s'approche de plus en plus, sur le sentier qui longe la séguia.
Plan 8 : Gros plan d'Aïcha, les pommettes un peu rouges : elle baisse les yeux en fin de plan.
Plan 9 : Plan de demi-ensemble : le jeune homme est maintenant vu distinctement; il porte un élégant pantalon européen et une chemise blanche. Sous son bras droit on distingue un paquet et de sa main gauche il porte un sac.
Plan 10 : Plan moyen :  Aïcha se baisse pour poser son agneau. A ce moment, le jeune homme souriant, apparaît sur l'écran et dépose son matériel.
Plan 11 :  Plan américain :  Aïcha, respectueuse, au moment où le jeune homme lui tend la main, s'incline pour la baiser. Immédiatement, celui-ci retire sa main.
Dialogue :
- " Salut, Aïcha, comment vas-tu ?
- Bonjour, Sidi Hamid.
- Non, pas de Sidi; appelle-moi Hamid."

Plan 12 :  Plan moyen : Aïcha s'éloigne de quelques pas vers ses moutons tandis qu' Hamid se baisse pour déballer son matériel.
Plan 13 :  Gros plan : Les mains d' Hamid ouvrent le sac et en sortent pinceaux et tubes de peinture.
Plan 14 :  Plan moyen : il déplie son chevalet et sa toile.
Plan 15 :  Plan de demi-ensemble : Aïcha apparaît, appuyée contre un arbre. Hamid installe son tableau, tout en jetant des coups d'œil vers la jeune fille, tandis que le chien de la bergère va de l'un à l'autre en remuant la queue.
Plan 16 :  Plan moyen : Hamid s'approche de la jeune fille.
- " Veux-tu me faire plaisir ?
- Bien, monsieur, je suis à votre service, monsieur.
- Est-ce que tu permets que je fasse ton portrait ?
- Oh ! Monsieur, je ne peux pas accepter, mais vous pouvez peindre les moutons et les chèvres : ils sont à vous.
- Pourquoi est-ce que tu ne veux pas ?
- Vous savez bien que nos coutumes ne me le permettent pas.
- Oh oui, toujours les fameuses coutumes. Mais si je te promets que personne ne saura rien ? Ce sera un secret entre nous.
- C'est bien gentil, mais n'insistez pas, s'il vous plaît. Après tout, je ne suis qu'une simple bergère. "

Plan 17 :  Gros plan d'Aïcha : elle le regarde d'un air suppliant et baisse les yeux.
Plan 18 :  Plan de demi-ensemble : Aïcha se retourne et s'éloigne vers son troupeau.
Plan 19 :  Gros plan d'hamid qui la suit des yeux, l'air déçu. Il lui crie :
- Bon, d'accord Aïcha, comme tu voudras ! "
Plan 20 :  Plan d'ensemble : Caméra subjective qui suit Aïcha. Celle-ci s'éloigne et se réfugie  derrière un arbre.
Plan 21 : - Plan de demi-ensemble : Hamid retourne vers son chevalet  et se met au travail.
Plan 22 : - Plan américain d'Aïcha : assise auprès d'un palmier, elle regarde ses moutons, ses chèvres et fredonne. Parfois son regard se tourne vers Hamid. Elle a l'air heureuse.
Plan 23 : - Plan américain : on voit  Hamid de 3/4 dos. Il peint. Sur la toile se dessine déjà l'esquisse du paysage. Lui aussi regarde de temps en temps en direction de l'arbre.
Plan 24 : - Plan d'ensemble ( caméra subjective ) : tout le paysage vu par Hamid apparaît maintenant sur l'écran; le soleil a déjà baissé à l'horizon et les couleurs sont plus douces.
Plan 25 : - Plan américain d'Hamid absorbé, penché sur sa toile.
Plan 26 :- Plan de demi-ensemble : Aïcha sort de derrière l'arbre; elle appelle: " Anbar " , le chien, et se rapproche d'Hamid.
Plan 27 : - Plan moyen : Hamid relève la tête, pose ses pinceaux et se redresse en souriant. hamid et Aïcha sont près l'un de l'autre :
- " Viens voir Aïcha " . Aïcha s'approche.
Plan 28 : - Vue en gros plan de la toile presque terminée.
Plan 29 : - Gros plan d'AÏcha admirative :
- " Oh ! "
Plan 30: - Gros plan d'Hamid, flatté : " - Je te remercie et je suis content que tu l'apprécies. "
Plan 31 : - Plan moyen : Aïcha : " Permettez-moi, monsieur, de rassembler mon troupeau. Il est tard et il faut que je m'en aille. "
Hamid : - " Attends, je vais t'aider. "
Aïcha : - " Je vous remercie, mais ne vous dérangez pas pour moi. "
Hamid : - " Pourquoi es-tu si timide et si farouche ? "
Aïcha rougit et baisse les yeux.
Hamid : - " Bon, au revoir, Aïcha. "
Aïcha : - " Au revoir, monsieur. "
Plan 32 : - Plan d'ensemble : Le chien rassemble le troupeau qui de lui-même se met en route.
Plan 33 : - Autre plan d'ensemble : au premier plan, l'eau d'une séguia. Les bêtes, impatientes, s'approchent de l'eau et boivent. Aïcha met un peu d'ordre dans le troupeau.
Plan 34 : - Plan rapproché des moutons qui trempent leur museau dans l'eau et aspirent.
Plan 35 : - Plan de demi-ensemble : Aïcha fait quelques pas dans leur direction, s'arrête un instant, fixe son regard sur l'eau qui joue.
Plan 36 :- Plan de l'eau ( caméra subjective ) :  Aïcha aperçoit la silhouette déformée d'Hamid, qui se reflète dans l'eau...
Pendant ce temps, on entend les aboiements du chien.
Plan 37 :- Plan d'ensemble : le chien s'agite; Aïcha s'éloigne avec son troupeau, le long de la séguia ( bêlements ).  L'ombre des palmiers s'allonge, la lumière est maintenant oblique.
Plan 38 : - Autre plan d'ensemble accompagné d'un travelling arrière, le dos d'Hamid apparaît sur l'écran : Aïcha, et les moutons, disparaissent à l'horizon.
Plan 39 : - Plan de demi-ensemble : arrivée du troupeau près d'un groupe d'arganiers; les chèvres noires, debout sur leurs pattes arrière, s'apprêtent à grimper sur les arbres. Aïcha agite son bâton pour les faire avancer.
Plan 40 : - Gros plan d'Aïcha, songeuse.
- superpositions ( pour évoquer le souvenir et le songe ) de quelques images déjà vues d'Hamid
- Plan 2 : " Pas de sidi, appelle-moi Hamid... appelle-moi Hamid " ( voix off )
- Plan 16 : " ce sera un secret entre nous... entre nous. " ( voix off )
- Plan 30 : " Je suis content... je suis content... " ( voix off )
Plan 41 : - Gros plan du visage d'Aïcha sans surimpression cette fois : elle se met à chanter le poème du début ( plan 1 ).
Plan 42 : - Fondu enchaîné avec le plan précédent : visage d'Hamid en gros plan ( on entend toujours la voix d'Aïcha qui chante ).
Plan 43 : - Fondu enchaîné avec le plan précédent : plan d'ensemble d'Aïcha et du troupeau. Le soleil est prêt à disparaître à l'horizon. Tout le paysage environnant prend une teinte rouge.
                 - Fondu à la fermeture très lent ( leitmotiv, rappel du titre )

Plan 44 : - Plan rapproché d'une barrière de bois : une main l'ouvre. Le bélier se précipite, suivi par le reste du troupeau.
Plan 45 : - Panoramique vertical qui commence sur le ciel ( il est à peu près 15 h ), glisse le long des palmiers et s'arrête sur la séguia, que longe le chemin. Celui-ci est écrasé par le soleil. On entend des aboiements : brusquement, Anbar, joyeux, surgit ( aboiements ). Aïcha entre dans le champ et l'appelle en vain : que se passe-t-il ? Tout à coup, elle s'arrête, surprise.
Plan 46 : - Gros plan du visage d'Aïcha qui s'épanouit.
Plan 47 : - Caméra subjective : Hamid est là. Il s'est déjà avancé pour l'accueillir.
Plan 48 : - Plan moyen des deux personnages
- Salut Aïcha, je t'attendais. "
- Bonjour Hamid. "
Hamid et Aïcha échangent une poignée de mains.
Plan 49 : - Gros plan des mains : Hamid serre chaleureusement la main d'Aïcha.
Plan 50 : - Plan américain : ils sont en face l'un de l'autre.
Aïcha : - Vous êtes venu pour terminer votre tableau ?
Hamid : - Non, Aïcha, tu vois, je suis venu un peu plus tôt. J'aimerais causer avec toi.
Aïcha : - Que désirez-vous ?
Plan 51 : - Plan moyen des personnages; Hamid tient la main d'Aïcha et l'invite gentiment à s'asseoir au pied d'un palmier. La caméra accompagne les personnages. dialogue en champ/contre-champ. (Plans 52 à 55 ).
Plan 52 : - Hamid : " A la maison, tu sembles me fuir et je n'ai jamais l'occasion de te parler. "
Plan 53 : - Aïcha : " Je ne pensais pas vous offenser. J'ai toujours été de nature solitaire. "
Plan 54 : - Hamid : " moi aussi, vois-tu, c'est pour cela que je désire te parler ".
Plan 55 : Plan plus rapproché du visage d'Hamid : " Tu vas peut-être me trouver osé, mais je me suis toujours demandé pourquoi une fille comme toi était bergère... "
Plan 56 : Très gros plan du visage d'Aïcha : J'ai déjà fait un autre métier, mais je préfère la solitude et la vie au milieu de la nature. ( un silence ). J'aime le calme. La vie en société ne m'a jamais souri. "
Plan 57 : - Plan moyen des deux personnages; Aïcha tourne la tête vers Hamid qui répond : " J'ai toujours pensé que tu avais un secret qui te poussait à fuir les gens. "
Aïcha : " Je ne cherche pas à fuir les gens, j'ai seulement été incomprise ".
Plan 58 : - Gros plan d'Hamid, sincère: " Mais moi, je te comprends déjà... Tu peux avoir confiance... "
 


Premier retour en arrière


Plan 59 : - Très gros plan du visage d'Aïcha, le regard perdu dans le lointain. Long silence, puis en surimpression apparaît une vue d'ensemble d'un atelier de tapis. Le visage d'Aïcha s'estompe et un brouhaha s'élève, entremêlé de voix enfantines et de bruits d'instruments. On distingue, dans une grande salle, un grand nombre de trames; derrière les fibres, des rangées de filles agitent leurs doigts. De l'autre côté, des femmes plus âgées, vêtues de modestes caftans, un foulard sur la tête, travaillent. On les voit de dos. Au milieu de l'allée une grande femme élégante circule.
Plan 60 : - Plan moyen : une rangée de fillettes en blouses : elles ont de 7 à 12 ans. Les fillettes, très affairées, chuchotent. on entend : " Aïcha!"
Plan 61 : - Gros plan d'Aïcha. Elle a, à ce moment-là, onze ou douze ans; elle semble absorbée par son travail et sérieuse. On entend des rires. Elle ne semble pas prêter attention à ses camarades. On entend toujours : " Aïcha ! Aïcha ! "
Plan 62 : - Gros plan des mains d'Aïcha. Elle vient de faire un nœud et s'apprête à couper avec un couteau l'extrémité du fil. Une petite main surgit et la pousse. Sous le choc, Aïcha coupe involontairement la trame. Rires.
Plan 63 : - Plan moyen des fillettes en train de rire; Aïcha, furieuse, au milieu d'elles. Ses mains nerveuses essaient de récupérer les extrémités des fils coupés. 
Plan 64 : - Plan rapproché de la surveillante d'atelier qui arrête sa promenade, fronce les sourcils et change de direction :
- " Vous ne pouvez pas travailler et faire moins de bruit... Je parie que c'est encore elle. "

Plan 65 : Plan moyenla surveillante se penche et vérifie le travail d'Aïcha. Celle-ci est maintenant silencieuse. Son visage se colore.
Plan 66 : Gros plan de la femme : son visage se durcit.
Plan 67 : Gros plan ( caméra subjective ) : On distingue nettement le trou dans la trame et les mains d'Aïcha immobilisées par la crainte. Brusquement, un bâton vient sèchement s'abattre sur ses doigts et y laisse une trace rouge.
Plan 68 : Gros plan d'Aïcha crispée : des larmes de douleur lui montent  aux yeux. Voix off de la surveillante : " Petite vaurienne "., regarde encore ce que tu as fait. "
Plan 69 : - Plan de demi-ensemble la femme s'éloigne et sort du champ. Les fillettes sérieuses, semblent absorbées par leur travail.
Plan 70 : - Plan moyen : dès que la surveillante a tourné le dos, les voisines d'Aïcha se poussent du coude et ricanent : " On t'a bien eue !";  " Regardez la tête quelle fait ! "
En surimpression, apparaît le visage d'Aïcha qui se découpe sur le ciel ; l'image de l'atelier s'efface peu à peu. Le brouhaha s'estompe, mais on entend encore en voix off : " On t'a bien eue ! On t'a bien eue ! "

 
Retour au présent :

Plan 71 : - Plan de demi-ensemble : Long silence; reprise du leitmotiv musical; Hamid et Aïcha longent la séguia.
Plan 72 : dialogue en champ/contre-champ - Aïcha se tourne vers Hamid  " Et c'était chaque jour la même histoire... J'ai fini par me révolter et un jour j'ai appris par hasard que votre père avait besoin d'une bergère. Alors j'ai fui l'atelier. "
- Hamid après un moment de silence
:  " Il y a deux choses que je ne comprends pas très bien, pourquoi tes camarades se moquaient de toi  et comment tu as fait la connaissance de mon père. "
Aïcha hésite : " Votre père est venu un jour... "
Aïcha rougissante, s'arrête là : " Non, je ne peux pas vous dire. "
- Hamid : " Tu n'as toujours pas confiance ? "
- Aïcha
: " Si, mais je crains votre déception. "
- Hamid :  " Non, Aïcha, je suis capable de comprendre et tu le sais bien. "
- Aïcha :  " Eh bien, c'est à l'orphelinat que votre père est venu. "
- Hamid : " Tu vois bien que je ne suis pas déçu, d'ailleurs je l'avais deviné. "
- Aïcha : " Oui, peut-être, mais vous ne savez pas encore tout. C'est grâce à une vieille dame que j'ai appris mes origines et pourquoi on se moquait de moi. "


 
Deuxième retour en arrière

Musique insolite

 

Plan 73 : - Plan d'ensemble d'une chambre toute simple, aux murs blancs. Par la fenêtre on ne voit qu'un grand mur; le soleil pénètre à plein dans la chambre.  Dans un coin plus sombre, un lit : une vieille dame est allongée et, près d'elle, une fillette attentive écoute la voix cassée : - Au moment où je t'ai trouvée, tu portais cette gourmette... "
Plan 74 : - Plan rapproché : le visage de la vieille dame est pâle, ridé. Elle respire difficilement. De sa main tremblante et usée, elle tend la gourmette à la fillette : - " Il y a bien ton nom gravé : Aïcha, et il y avait, dans la corbeille, un petit mot de ta mère, sans signature. Tiens... Maintenant que je suis sur le point de mourir, je te les confie. "
Plan 75 : - Gros plan des mains d'Aïcha qui déplient la lettre jaunie. Sa voix enfantine syllabe : - Je vous confie mon enfant. Elle est innocente et je compte sur vous pour qu'elle ne supporte jamais les conséquences de ma faute. " ( Voix off : seule la lettre reste dans le champ. )
Plan 76 : - Très gros plan  du visage  d'Aïcha, grave.
- En surimpression sur son visage apparaissent les visages malins et moqueurs de fillettes qui rient ( ce rire moqueur va servir de fond sonore jusqu'au plan 84 ) : Aïcha comprend maintenant
les réactions de ses camarades et revit deux scènes récentes qui l'ont marquée.


Première scène revécue :

Plan 77 : - Plan d'ensemble : sortie de classe. Les élèves, portant toutes le même tablier, se précipitent.
Plan 78 : - Plan moyen : devant la porte : Aïcha bousculée, s'étale avec ses cahiers.
Plan 79 : - Gros plan : des pieds piétinent méchamment les cahiers. (Fondu enchaîné avec le plan suivant )


Deuxième scène revécue :

Plan 80 :: - Plan d'ensemble : dans une cour. Aïcha, seule, adossée à un arbre regarde un livre d'images. A quelques pas d'elle, des fillettes jouent à la marelle.
Plan 81 : - Plan moyen : du groupe de fillettes : l'une d'elles pousse sa camarade du coude :
- " Regarde, la bâtarde nous espionne
; chassons-la d'ici. "
- " Attends, tu vas voir ! "
Plan 82 : - Très gros plan : d'un galet, une main entre dans le champ et le saisit.
Plan 84 : - Plan américain d' Aïcha : elle reçoit brusquement le galet sur le front. Elle y porte la main et pousse un cri. On entend en voix off : "Oh, excuse-nous, on ne t'avait pas vue ! "
Plan 85 : - Plan américain de 4 ou 5  fillettes en train de rire.
                -  Fondu enchaîné : les rires s'estompent peu à peu et on retrouve Aïcha en plan moyen dans la chambre. Elle se dirige vers la porte et sort sur la pointe des pieds.
Plan 88 : - Plan américain : triste et songeuse, elle avance dans le couloir et sort ( la caméra la précède et l'accompagne dans sa marche):  légère plongée sur le personnage.
( Silence )
  Aïcha est perdue dans un rêve.
Plan 89-  Plan d'ensemble : ( caméra subjective ) et panoramique de gauche à droite. Aïcha observe la cour écrasée par le soleil. Elle regarde avec des yeux neufs les grands murs gris, délabrés et tristes. La caméra se fixe sur la plaque de la porte d'entrée : "ORPHELINAT NAT DAR ES SALAM ".
- Panoramique vertical : son regard descend le long du mur, puis se porte sur la cour où elle remarque les enfants attroupés qui chuchotent en la regardant ( jusque là, elle ne les avait pas remarqués ).
Plan 90 : - Plan moyen des enfants : " Venez, nous allons la consoler!!!" Le groupe s'éloigne en direction d'Aïcha.
Plan 91 : - Autre plan moyen des fillettes qui assaillent Aïcha. Elle essaie de se dégager ; on entend :
- " Tu perds celle qui te protège !
- Il te faudra en trouver une autre pour rapporter et moucharder.
- Aïcha ! Aïcha ! "
- Brouhaha de rires et de moqueries. L'image devient floue, le brouhaha s'atténue.


 
Retour au présent
 

Plan 92 : - Aïcha et Hamid restent silencieux au bord de la séguia. Le chien, quelques chèvres et quelques moutons sont tout près. Aïcha joue avec l'eau. A l'horizon le soleil est déjà bas.
- On entend de nouveau la musique qui sert de leitmotiv.

Plan 93 : - Plan moyen : On distingue la séguia et Hamid regarde Aïcha, toujours pensive. Dialogue en champ/contre champ :
Hamid : " - Écoute, tu vas oublier tout cela. Le passé n'a aucune importance.
Aïcha : " - Comment pourrais-je oublier ? D'ailleurs, l'avenir ne présage rien de bon.
Hamid : " - Si tu voulais bien, nous pourrions ensemble bâtir une nouvelle vie. ( Hamid lui prend la main).
Aïcha : - Mais, Hamid...
Hamid : - Ne dis rien, je t'en prie, et surtout pas " non ". ( Un silence )... Je t'aime et je veux t'épouser. Je vais en parler à mon père. "
:
Plan 94 : -  Plan d'ensemble très longLa ferme au coucher du soleil; on distingue le bâtiment central peint en blanc et les petites dépendances. Sur la droite, quelques bananiers. On entend un bruit confus d'animaux. brusquement, ce bruit semble dominé par le bêlement d'un troupeau de chèvres et de moutons. Au bout de quelques secondes, les bêtes surgissent ( les bêlements sont de plus en plus forts ). Aïcha entre dans le champ.
Plan 95 : - Plan moyen combiné à un panoramique horizontal de droite à gauche; nous suivons Aïcha jusqu'à l'enclos réservé au troupeau. Elle entrouvre la barrière de bois et le troupeau s'engouffre à l'intérieur.
Plan 96 : - Autre plan moyenAïcha ferme la barrière et s'occupe dans la cour. On la voit prête à puiser de l'eau. Au moment où elle pose son seau, on entend des éclats de voix. ( Silence et ambiance de nuit ).
Plan 97 : - Plan américain d'Aïcha; on entend en voix off : " Si tu insistes, je te chasse... "
Plan 98 : - Très gros plan du visage d'Aïcha qui fronce les sourcils et écoute ( off ) : " Déshonorer la famille pour une vulgaire bâtarde ! Sors d'ici et que je ne t'entende plus parler de cette histoire. On entend une porte claquer violemment. Les yeux d'Aïcha se gonflent de larmes.
Plan 99 : - Plan de demi-ensemble : Aïcha abandonne son seau et se précipite vers la barrière.
Plan 100 : - Plan moyen : Aïcha ouvre nerveusement la barrière et l'abandonne sans la refermer.
Plan 101 : - Plan moyen d'Aïcha ( avec déplacement  de la caméra qui accompagne Aïcha dans sa course ). Elle  s'engage, toujours courant, sur le chemin tant de fois parcouru. Elle ralentit son allure près de la séguia où elle se trouvait en compagnie d'Hamid. Puis elle accélère de nouveau l'allure. Dans sa course rapide, ses nattes se sont dénouées, mais elle n'y prête aucune attention.
Plan 102 : -  Plan d'ensemble très vaste du paysage déjà sombre. Tout l'horizon est teinté de rouge. Le sol est dénudé, caillouteux; on ne distingue plus aucun arbre, seulement le silhouette d'Aïcha, toute petite, perdue dans un vaste paysage. Élargissement optique du champ ( rétro-zoom ) et légère plongée, de façon à " écraser " le personnage.
- En surimpression, apparaît le mot " FIN ", fondu très lent à la fermeture, jusqu'à ce que l'image devienne complètement noire.
 
Notes sur le dénouement : Il a été très difficile d'arriver à un accord complet sur le dénouement. Les avis étaient partagés :
- Les unes auraient préféré qu'Hamid, malgré son père, parte à la recherche d'Aïcha, la retrouve et l'épouse...
- D'autres voyaient en eux un nouveau Roméo et une nouvelle Juliette...
- D'autres enfin auraient préféré une fin plus nette : le suicide d'Aïcha, Hamid l'aurait découverte alors qu'elle venait d'avaler du poison...
- D'où cette fin ambigüe qui laisse le spectateur libre d'imaginer le sort d'Aïcha...
 
Une de mes élèves-institutrices de cette année-là s'est suicidée parce que ses parents l'obligeaient à épouser un homme que, sans doute, elle n'aimait pas ou ne connaissait pas...

 


Date de création : 07/02/2010 • 17:56
Dernière modification : 23/01/2013 • 06:16
Catégorie : Ecrire des scénarios
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