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A partir d'un extrait de Maupassant

Texte de Mamoun et Lola à partir d'un extrait de Maupassant

« Tel est pris qui croyait prendre » (Jean de La Fontaine )

Ecrivez une nouvelle réaliste, de deux pages environ, dont l’extrait constituera l’incipit (le début de la nouvelle ).

Violet : discours direct

Orange : discours narrativisé

Bleu : discours indirect

vert clair : discours indirect libre

en gras : pause

soulignage: indices

rose : la chute

Jaune : ellipse

Vert sombre : prolepse

Jaune 8 : analepse

italiques : scène

« Pareille à toutes les hôtelleries de bois plantées dans les hautes Alpes, au pied des glaciers, dans ces couloirs rocheux et nus qui coupent les sommets blancs des montagnes, l’auberge de Schwarenbach sert de refuge aux voyageurs qui suivent le passage de la Gemmi.

Pendant six mois elle reste ouverte, habitée par la famille de Jean Hauser; puis, dès que les neiges s’amoncellent, emplissant le wallon et rendant impraticable la descente sur Loëche, les femmes, le père et les trois fils s’en vont et laissent pour garder la maison le vieux guide Gaspard Hari avec le jeune guide Ulrich Kunsi, et Sam, le gros chien de campagne. »

Depuis le départ de la famille Hauser, tout n'était plus que silence et tranquillité. Seuls quelques animaux sauvages passaient furtivement dans les environs. Le vieux Gaspard en profitait pour se reposer.

Dans sa chambre du premier étage de l’auberge, simplement meublée d’une table, de deux chaises, d’un lit au matelas fin muni d’une simple couverture et d’un oreiller, Gaspard dormait encore ; c'était à peine l'aube blanche des hauteurs, assombrie par quelques gros rochers, lorsqu’on frappa timidement à la porte.
Ulrich murmura :

- «  Tu vas sûrement me dire qu'il ne fallait pas te déranger. Je le sais mais j'ai bien réfléchi et ce serait trop long à t'expliquer. Il y a un événement surprenant ! Je ne peux agir autrement. C'est tellement curieux qu'il faut qu'on soit tous les deux ! »

Gaspard se leva lourdement et ouvrit la porte. C'était un homme lent, mais aux gestes précis, habitué aux escalades dans les montagnes. Ulrich, plus jeune, plus alerte, l'air un peu sournois, se tenait debout, le bras encore levé. Le jeune guide, l'air malicieux annonce l'arrivée d'une jeune femme qui se serait perdue.

Etonné, troublé et un peu agacé Gaspard quitta la pièce, suivi d'Ulrich et de leur bon vieux chien Sam partout sur les traces du jeune maître, puis ils se dirigèrent vers le hall encore sombre de l'hôtellerie pour accueillir la nouvelle arrivée. Elle était affalée sur une chaise.
- « Bonjour,

Ils prirent son gros manteau tout en fourrure, sa lourde écharpe en laine et son bonnet qu'ils posèrent sur le porte manteau de l'entrée. Ils poussèrent son énorme baluchon contre le mur ! Bizarre, il n'était pas très lourd pour son volume ! Et elle était si richement habillée ! D'après Gaspard.

Ensuite, ils l'entraînèrent vers le salon où crépitait déjà le feu rougeoyant de la cheminée. Sam alla rejoindre sa place habituelle, la queue basse, l'air inquiet, ce qui étonna ses maîtres. Il était pourtant très sociable.

Pendant que Ulrich préparaît un petit déjeuner réconfortant, elle s'assit, de nouveau d'un air las sur un vieux fauteuil. Elle était mince, plutôt grande et avait de longs cheveux bruns. Comme elle avait l'air exténuée ! Avait fait remarquer Ulrich à son compagnon.

ll y eut un silence, la jeune femme, mine de rien, regardait autour d'elle, la pendule, le buffet de bois sculpté, puis elle prit la parole ; « Je m'appelle Catherine. Mon fiancé Jacques et moi avions prévu de passer des vacances seuls, à l'écart de la société pendant cet hiver. Depuis plusieurs jours, nous étions dans un autre refuge, il ne faisait pas encore trop mauvais temps. Mais nous avons tous deux été surpris par l'abondance de neige qui est tombée cette nuit et nous avions envisagé de repartir. »

Décidant de redescendre, Catherine avait raconté qu'ils s'étaient aventurés ; ils ne pouvaient rien voir dans cette blancheur uniforme et glissaient tout le temps sur le sol verglacé. Ils avaient marché longtemps, puis épuisés, ils s'étaient arrêtés un moment.

- « Le temps de nous reposer. Je me suis assise sur un rocher, et Jacques est parti explorer les alentours. Soudain, j'ai entendu un hurlement. Je me suis levée d'un bond et je l'ai appelé, terrifiée à l'idée de ce qui pouvait lui être arrivé. J'écoutais, mais personne ne me répondit. Le silence pesait et m'angoissait. Je pris mes bagages, et me mis à sa recherche. Je l'appelais de temps en temps, je courrais quand j'entendais un bruit, mais je finis par me rendre compte que je m'étais trop éloignée du premier refuge. La nuit était déjà en train de tomber.

Les journées sont courtes sur ces montagnes avait-elle précisé. Elle avait sorti son duvet et ses couvertures, et s'était endormie.

Plus tard dans la nuit, elle se réveilla en sursaut. Un bruit l'avait affolée. Elle écouta un moment, puis, n'entendant rien, elle se pelotonna de nouveau dans son duvet, mais cette fois, c'est le hurlement d'un loup qui se fit entendre.
- « Je n'avais pas rêvé ! Je savais, grâce à Jacques que les loups ne risquaient pas de m'attaquer à moins d'être vraiment affamés ! Cependant, cela ne m'empêchait pas de les craindre. »

Le jour commençait à se lever dit-elle poursuivant son discours. Elle se remit donc en route, puis, au bout de quelques temps, elle aperçut un obstacle, ou plutôt une énorme forme imprécise.

- «  J'étais encore trop loin pour pouvoir discerner cette ombre immense avec certitude, mais il me semblait voir de la fumée s'élever au-dessus. Remplie d'espoir, je me suis mise à courir, oubliant ma fatigue, ma faim et ma soif.
C'était une hôtellerie !

C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée à l’auberge de Schwarenbach acheva-t-elle dans un souffle. »

Les deux guides sont restés stupéfaits un moment. Il se demandèrent une fois encore comment une femme à l'aspect si frêle et si fragile avait pu surmonter tant d'épreuves, et comment elle avait traversé la zone quasi impraticable qui menait jusqu'à leur auberge.

Devant l'air épuisé de cette courageuse jeune femme, Gaspard décida de lui préparer un bon repas et une chambre afin qu'elle mange, puis se repose.

Il pouvait bien l'interroger plus tard pour éclaircir certains mystères. Des mystères il y en avait tant...
Mais des surprises les attendaient tous durant la nuit.

Gaspard avait compris les pensées complexes et peu honnêtes d'Ulrich. Gaspard connaissait le gars, ce n'était pas la première fois qu'il se comportait en malfaiteur. Il s'était fâché.

La nuit venait de tomber, la maison était une fois de plus plongée dans le calme. Le feu s'était éteint, seules quelques braises rougeoyaient. Sam était en boule près du foyer mais il ne suivait plus son maître. Il semblait même bouder !

 Cependant Ulrich veillait, toujours dans ses projets. Il observa plus attentivement les vêtements raffinés qu'elle avait portés, et l'épaisseur apparente de ses bagages . Comment ? Elle arriverait habillée de fourrure et il ne pourrait profiter un peu de sa fortune ? Non, il refusait de l'admettre. Et puis comment avait-t-elle pu monter seule depuis la Loëche ? Tout cela était bien louche...

Il commença à élaborer un plan pour la dépouiller de ses affaires. Sûrement qu'il pourrait trouver aussi un peu d'argent dans ses affaires avait-il vaguement avoué sous mots couverts et sous le regard furibond de Gaspard.

Mais Il se répétait : fille riche, fatiguée, pas dangereuse, rien à craindre...

Plus tard, quand il fut sûr que Catherine était profondément endormie, Ulrich monta furtivement les marches jusqu'au deuxième étage, là ou devait se reposer sa jeune cliente.
Il ouvre doucement la porte, les yeux fermés pour se concentrer afin d'être parfaitement silencieux.

Tout à coup, il entendit un déclic et ouvrit brusquement les yeux. Un jeune homme, probablement Jacques, qui, loin d'être mort, avait dû escalader la fenêtre et se tenait face à lui, un doigt sur la détente de son révolver.


Date de création : 23/10/2019 • 07:27
Dernière modification : 23/10/2019 • 07:27
Catégorie : Contes et nouvelles
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