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Croyance et morale

La croyance


Sans condamner la morale traditionnelle fondée sur l’existence d’un être supérieur et d’une âme immortelle, il serait bon  selon moi, d’enseigner certains de ses méfaits, comme celui d'écraser les femmes sous le joug. De même la nouvelle proclamation de liberté tourne à l’anarchie. La morale doit être avant tout sociale et universelle. Les traditions ne doivent ni conduire à la ségrégation, ni à l’intégrisme.
Il n'y a pas de société sans croyance, mais la croyance engendre une réaction, celle de l'athéisme.


Son origine ?


L'homme n'admet pas ce qui n'a pas de sens. La croyance au surnaturel apparaît dès les débuts des cultes des morts. " L'homme est le seul animal qui ensevelisse ses morts et qui les vénère " dit Alain. Ce culte des morts est une réaction face à la mort, car la mort fait peur, elle est incompréhensible, comme la vie d'ailleurs.
La croyance en des forces transcendantales a conduit à la magie. Valeur religieuse de certains masques africains...
Les premières peintures rupestres seraient la représentation d'un culte. On mime la chasse pour qu'elle soit bonne.
De la magie, l'homme passe au culte de la mère nature et au culte de la femme : Vénus.
Le culte de la femme est détruit par le culte de l'homme. La femme n'est plus la perfection de Vénus, mais celle qui donne la vie.
On passe ensuite du culte de l'homme au culte du chef : totem. On vénère le chef mort. On oublie l'homme. Les dieux chez les Égyptiens deviennent des animaux. L'éléphant-dieu des Indous (Ganesh). Dans la mythologie les apparences sont mi-humaines mi-animales et de là vont naître les héros.
Les notions de bien et de mal apparaissent dès la Grèce Antique. Mais elles vont évoluer vers une séparation entre corps, (matière) et esprit, (âme). La matière et le corps symbolisant le plus souvent le mal.
L'âme a donné naissance à la foi. Dieu n'est plus représenté, l'anthropomorphisme meurt.
Toutes ces croyances se sont plus ou moins synthétisées. Le concept de destin a fait son chemin. Ce qui a lieu, est devenu ce qui doit être.


Les critiques de la croyance :


Marx a critiqué le rôle politique joué par la religion. Religion devenue l'opium du peuple.
Pour Nietzsche : " la religion est l'anémie de la volonté", une invention des faibles. Pour lui, il faut tuer Dieu
Pour Freud : " Dieu est une invention de l'homme."
Pour Sartre : " La croyance impose à l'homme des valeurs morales qui entravent sa liberté. "
Pour Bergson : " C'est une réaction défensive de l'individu contre ce qu'il peut y avoir de déprimant."
pour Voltaire : " Dieu a fait l'homme à son image, il le lui a bien rendu. "
Rostand : " Croire tout, est une pauvreté d'esprit, douter de tout aussi. "
Pourtant, pour certains et surtout pour Voltaire qui l'avoue : " l'univers m'embarrasse et je ne puis songer que cette horloge existe et n'ait point d'horloger... "
Dans la science les convictions ne doivent pas intervenir. Mais dans la vie, nous sommes déterminés par notre culture et notre civilisation. Nous croyons et donc nous pensons à travers elles. Alors que penser vraiment, devrait être : donner un sens à ses paroles, mais le sens d'un esprit libre qui aurait fait table rase de la croyance et qui ne réagirait qu'à l'accumulation des expériences.
La visite du pape! Certains semblent vivre dans l'adoration béate du pape !!!


La conscience morale


Comme notre corps est pour nous une contrainte physique, notre esprit est une contrainte morale; face à l'action nous obéissons, en principe, à des règles.
Il ne faut pas confondre notre manière d'être spontanée et celle que notre morale nous dicte. La conscience sert en quelque sorte de lien, elle est témoin et juge de notre manière d'être. " Elle nous propose une image de ce que nous devrions être. " On ne se connaît point si on ne se condamne " dit Alain. La conscience morale serait donc une connaissance du devoir. Inconscient serait celui qui ne se rend pas compte de la portée de ses actes.
On parle de bonne et de mauvaise conscience. L'une conduit à la paix, à la joie, l'autre aux remords et à la tristesse.. Les actes de la conscience sont à la limite entre les jugements et les sentiments. Pour Rousseau d'ailleurs ce sont " des sentiments... "
La conscience est aussi liée à la volonté dans la mesure où être consciencieux, c'est s'efforcer de bien faire ou même de faire. C'est le cas de la conscience professionnelle. Pour Kant elle est " bonne volonté ".
Comment s'y retrouver dans tous ces points de vue ? Selon Rousseau encore : " il est au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu " . C'est pour lui comme un instinct divin; un juge infaillible du bien et du mal. Il suffit alors de savoir le reconnaître et de le suivre. La conscience serait la voix de l'âme, les passions celle du corps.
Mais comme l'ont souligné Pascal et Montaigne : " Plaisante justice qu'une rivière borne ! " ( Pascal ). " Les lois naissent des coutumes " dit Montaigne. " Quand notre conscience parle dit Durkheim, c'est la société qui parle en nous. De même pour les empiristes, la conscience morale n'est qu'un ensemble de préjugés, pour Montaigne qu'une conséquence des coutumes. Dans ce cas la morale se confond avec les mœurs.
Pourtant n'y a-t-il dans ce domaine rien d'universel ? Comme une sorte d'accord commun de tous les esprits dits " libres ". Finalement la conscience morale serait à éduquer. Il faudrait pour cela cultiver la lucidité de chacun, faire " entendre raison " en quelque sorte et avoir affaire à des personnes raisonnables et assez courageuses pour écouter " la raison ".


Conscience et volonté


Il semble que Selon le sens commun, il faille ajouter d'autres éléments à la conscience. Être consciencieux, en effet, ce n'est pas seulement connaître le bien et l'aimer, mais encore s'efforcer de le faire. En ce sens la conscience se confondrait avec ce que Kant appelle " la bonne volonté ", en entendant par là " non un simple vœu mais l'appel à tous les moyens dont nous pouvons disposer ". La conscience c'est la résolution de faire de son mieux ( CF. notamment la conscience professionnelle ). Du point de vue strictement moral, un homme animé de cette résolution mais n'aimant pas le bien ou se trompant sur lui, serait supérieur à un homme qui connaîtrait et aimerait le bien mais n'aimerait pas le faire. Toutefois la bonne volonté ne suffit pas à elle seule à définir la conscience, qui implique donc : d'une part la connaissance et l'amour du bien, d'autre part la volonté de le faire.


Morale et société


Le sens commun voit dans la morale un ensemble de règles qui rendent possible la vie en société : " La coutume du plus grand nombre, dit Anatole France, c'est proprement la morale ".


La thèse sociologique


a ) Les faits moraux sont des faits sociaux


Le point de vue des sociologues est un point de vue positif. La morale n'est pas à construire par des spéculations théoriques, elle est un fait, une réalité donnée : " Une société vivante ne s'accommode pas d'une morale... On ne pourrait lui donner que la morale qu'elle a déjà. " ( Lévy-Bruhl ). Aux anciennes morales théoriques, il faut substituer " l'étude positive des faits moraux considérés comme faits sociaux. " Et comme ces faits sont les mœurs, qui incarnent les idéaux de la conscience collective, il s'agit donc de constituer d'abord une " physique des mœurs " ou éthologie sur laquelle se fondera un art moral rationnel comme la Médecine se fonde sur la physiologie.


a ) La morale a pour origine la société


C'est qu'en effet " la morale commence là où commence l'attachement à un groupe. " ( Durkheim ). La société seule peut imposer à l'individu des obligations contraires aux exigences de sa nature égoïste : " Quand notre conscience parle c'est la société qui parle en nous ".  On reconnaît le caractère social d'un phénomène à ce qu'il est extérieur et supérieur à l'individu, et tel est le cas précisément de l'obligation morale. Car la morale consiste essentiellement dans le respect de certaines valeurs et c'est la société qui est créatrice des valeurs, de l'idéal : " Si l'homme conçoit des idéaux, si même il ne peut se passer d'en concevoir et de s'y attacher, c''est qu'il est un être social. C'est la société qui le pousse ou l'oblige à se hausser ainsi au-dessus de lui-même, et celle aussi qui lui en fournit les moyens. Elle ne peut pas se constituer sans créer de l'idéal ".


C ) La morale a pour fin la société


Il en résulte que le sens commun a raison : la morale a pour fin de permettre la vie sociale, l'existence même de la société. Tous les devoirs que la morale impose à l'individu sont des devoirs envers la société, et l'individu en tant que tel n'a aucun droit: " Chacun a des devoirs et envers tous, disait déjà A. Comte, mais personne n'a aucun droit proprement dit ". Être moral, c'est faire passer les intérêts du groupe avant ses propres intérêts, faire prévaloir, selon la formule de Comte, " la sociabilité sur la personnalité ". Ainsi le moral se confond avec le normal : c'est ce qui répond aux exigences actuelles d'une société donnée; l'immoral se confond avec la pathologique, c'est-à-dire avec les survivances des mœurs passées. Enfin il faut noter l'existence " d'anticipations " qui préfigurent les mœurs de la société future. Et puisque les devoirs répondent à des exigences du groupe, ils seront variables avec les groupes et leurs exigences.


Examen critique


A ) La société est moyen et non fin


La morale des Sociologues correspond à ce que Bergson appelle " la morale close ", faite essentiellement de conformisme. Mais " la morale ouverte " qui est exigence de perfection, révolte contre l'ordre établi toujours injuste, n'a pas pour fin les sociétés particulières. la valeur suprême ce n'est peut-être pas l'individu, mais ce n'est pas non plus le groupe social, c'est l'homme. " Traiter l'humanité en soi-même et en autrui toujours comme une fin, jamais comme un moyen ", selon la formule de Kant, c'est sans doute l'exigence morale la plus fondamentale, celle qui réalise l'accord de tous les esprits libres. Être moral, c'est reconnaître son semblable en tout homme et non en ses seuls concitoyens. L'homme n'est pas fait pour la société, mais la sociétépour l'homme.
 

A ) La société n'engendre pas la moralité


C'est dire que les impératifs moraux ne se confondent pas avec les impératifs sociaux. Durkheim soutient que la société peut seule s'opposer aux exigences égoïstes de notre nature individuelle, mais c'est parce qu'il considère l'esprit comme un produit social : " L'âme, dit-il, c'est la conscience collective incarnée dans l'individu et qui, par là, s'oppose au corps, base de notre individualité ". Or cette conception est très douteuse : la société est sans doute la condition de la pensée mais celle-ci n'en demeure pas moins l'œuvre d'un Esprit extérieur et supérieur à toute société. Il suffit d'ailleurs de remarquer que, au lieu de créer la moralité, les passions collectives sont sources, le plus souvent, d'immoralité : C'est toujours dans la société que la barbarie se retrouve, toujours dans l'individu que l'humanité se retrouve ". ( Alain ). La société forme moins la conscience qu'elle ne la déforme.
 

B ) La morale et les mœurs


Sans doute les Sociologues ont-ils raison de dire que la morale est liée à l'existence même des sociétés. L'homme ne peut vivre humainement qu'en société et la vie sociale suppose le respect d'un certain ordre. En ce sens les mœurs ont une valeur morale et l'on voit que la première règle de Descartes, en sa morale provisoire, est d'obéir aux lois et aux coutumes de son pays. mais " les grandeurs d'établissement", selon la formule de Pascal, ne méritent qu'un " respect d'établissement ". On  peut obéir sans estimer et le conformisme de  Descartes est tout extérieur. C'est que chacun sent bien qu'il ne suffit pas de faire comme tout le monde pour être vraiment moral. les mœurs sont toujours jugées par rapport à un idéal moral et cet idéal n'est pas l'œuvre de la société mais de l'esprit.


Conclusion :


La société est une condition nécessaire mais non suffisante de la moralité. la vraie valeur n'est pas plus le groupe social que l'être individuel : c'est l'homme parce que l'homme est esprit et que l'esprit,  étant source de toutes les valeurs, est la plus haute valeur.


 
Regret, remords et repentir


Ils symbolisent la mauvaise conscience. Ils rappellent l'idée du non retour. Le remord est signe de péché, le regret est plus psychologique et le repentir religieux. Le radical commun est " re " mis pour " retro " et exprime le rétrospection. Mais ce qui est fait est fait !! On ne peut plus rien faire. Les trois mots s'appuient sur l'irrémédiable.
Tous trois sont des sentiments du passé fondés sur la mémoire. Ce sont parfois trois aspects successifs de la conscience tourmentée. Ce sont parfois des sentiments foncièrement distincts. Il y a de la marge entre chacun. Le regret est accidentel, involontaire. Il ne rend pas malade, il est réparable. On peut regretter un plaisir passé. Notre imagination crée parfois une image illusoire de ce passé vécu, elle l'embellit dans un moment de tristesse. Elle souhaite prolonger le moment...

" Quand reverrai-je hélas de mon petit village
Fumer la cheminée "... Du Bellay
Il y a des fautes légères, des bévues, des sottises qui entraînent de la rancoeur, de l'amertume, du ressentiment, du regret...Le regret est superficiel. C'est gênant, ce n'est pas douloureux, du moins pour la plupart des gens. tout dépend aussi des personnes.
Quelle différence profonde existe-t-il entre ce regret du bon vieux temps et le regret exprimé par le délinquant au tribunal ? Dans le second cas, on devrait plutôt exprimer du " remords ". Le regret est un simple vide. Le temps qui s'écoule en est la cause. Le spleen romantique est rempli de ces regrets sans cause...
Dans le second cas, on devrait regretter un acte, exprimer du remords donc. La faute revient au délinquant, il est lui-même l'instrument de sa punition et par conséquent de son chagrin. Entre le remords et le délinquant, s'il est sincère il y a une faute personnelle. Cette faute peut empêcher le sincère de dormir, voire de vivre tranquille...Il souhaite qu'elle n'ait jamais existé. Il souhaite l'anéantir. Là aussi il y a des délinquants insensibles...

Qu'est-ce donc exactement que le remords ? C'est la conscience douloureuse d'une action jugée mauvaise par nous-même. L'aveu d'une faute qui tâche notre vie, avec l'idée d'irréparable, de dégoût. C'est la conscience, en son fort intérieur qui se donne tort, qui se juge. Le remords peut conduire au suicide par le chemin du désespoir. Malheureusement il touche plus les fragiles que les vrais coupables. Il touche plus aussi les croyants, les exaltés. Le remords est plus important que le regret du point de vue moral. C'est la mauvaise conscience, il engendre l'autocritique.

Le repentir ? Il dépasse le remords comme le regret, il conduit à se dépasser pour ne pas sombrer dans la déprime. Il fait en sorte que la personne se transcende pour se purifier en quelque sorte, repartir sur de nouvelles bases.

Nul ne refera jamais ce qui a été fait. Pour oublier le regret il faut se créer un nouvel horizon. Le coupable qui accepte le repentir voile sa faute, mais ne l'efface pas, même si la religion lui ouvre la porte du rachat, de la réparation. Le remords est parfois sincère. Le sage accepte ses limites et garde au fond de lui la honte de l'acte qu'il évitera de commettre à nouveau.


La pitié est-elle une vertu ou une faiblesse ?


La pitié occupe une place centrale entre la charité et l'amour.. Elle est contagion d'une souffrance sentie ou supposée en autrui.
Avoir pitié, c'est beaucoup plus qu'un simple devoir de charité ou qu'une obligation de générosité. C'est retrouver son enfance, retrouver l'attitude candide, innocente et presque pure de nos premiers gestes, de nos premiers élans du cœur.
Par sa spontanéité même, ce sentiment rejette toute espèce de conduite socialisée. On pourrait rapprocher la pitié du sacrifice qui est le comble, l'ultime... Avoir vraiment pitié, c'est ne pas hésiter à sacrifier sa vie pour celle d'autrui. " On ne ruse pas avec la sacrifice, il montre l'âme. ". ( M René Le Senne ).

Rôle de l'orgueil dans la vie morale


L'orgueil fait partie de ces termes que l'on peut prendre à double sens. Il est le meilleur ( quand Il se confond avec la fierté ) et le pire des aiguillons. Il incarne l'ambiguïté essentielle de la nature humaine. Il faut savoir canaliser cette force pour la rendre efficace et dynamique.
Le prétentieux simule son rôle social, l'orgueilleux est plus franc. Le prétentieux est dans la société, il se mêle aux autres mais se met en avant; l'orgueilleux est solitaire.
" Que chacun en toute humilité regarde les autres comme au-dessus de lui " évangile selon st Paul = devise contraire à celle de l'orgueilleux.
Pourtant si l'humble a peur d'agir, l'orgueilleux n'hésite pas. Il cherche à se perfectionner, à se dépasser. C'est le côté positif, la recherche active d'un mieux.
Le côté négatif ? : le manque de conscience morale parfois, le manque d'humilité toujours. Horace était héros et bourreau, vainqueur et assassin !!

Il faut donc un peu d'orgueil, de la fierté disons, avec un esprit qui serve de bon jugement.


Charité et justice


L'idéal rationnel de toute philosophie devrait être la paix; or Jeanne d'Arc a pris les armes et certaines religions tuent au nom de Dieu, sous le prétexte de faire la guerre " aux méchants ". Est-ce juste ?
La justice s'est souvent armée aussi contre ceux qui violentaient les lois...
L'idée d'une justice souple, sympathisante, morale serait-elle équitable ?
Saint Paul écrivait : " La charité excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. L'idée de ne jamais payer pour ses fautes pourtant, n'encouragerait-elle pas le mal ?
La paix ne peut donc jamais se constituer sur les sentiments d'amour, d'amitié...
Mais l'équité peut-elle se faire au moyen de la charité ? Lorsque Créon interdisait à Antigone de recouvrir de terre le corps de son frère maudit par la loi, c'est par charité qu'Antigone désobéit, parce que sa morale l'exigeait.
Si l'on définit la charité comme l'acte par lequel on accorde l'aumône, comme la bienfaisance ou comme un simple don matériel, superficiel, ce n'est pas de l'équité. Si l'on donne à la charité un sens quasi religieux d'amour du genre humain, c'est différent. Cela conduit à l'entraide permanente. Si la justice est trop arbitraire, trop cassante, la charité serait compréhensive, affectueuse.
La justice rigide et close commet autant d'erreurs que la charité ouverte sympathisante.


 
L'homme peut-il reconnaître en lui " quelque chose de divin " comme dit Aristote ?


Quand l'homme veut penser à lui-même, il éprouve toujours un sentiment d'étrangeté. Il a du mal à se convertir en objet d'étude. Cette résistance de l'homme à se laisser observer et connaître, l'avertit qu'il n'est pas identique aux objets extérieurs.
Durkheim divinisa la société. Aristote, lui, dit qu'un homme avait en lui quelque chose de divin.
Qu'est-ce que le divin ? D'après Durkheim, il est aisé de résoudre ce problème : l'homme est formé par deux structures: l'une inférieure est biologique; l'autre supérieure, est sociale. La société transcende donc l'individu, et ce qu'il y a de meilleur en l'homme lui vient d'elle. Le divin pour lui n'est pas la qualité spécifique d'un Etre parfait et éternel. Ce n'est que l'aspect sous lequel se présente à l'homme, la société. Pour lui, si l'homme reconnaît en lui quelque chose de divin, c'est donc qu'il prend conscience de sa participation à une société.
Cette conception du divin et de l'humain ne correspond pas à l'expérience de l'homme qui se retrouve seul avec lui-même et qui ne veut se penser qu'en tant qu'homme.
Pour Kierkegaard, c'est au fond de l'individu que se trouve le divin ou l'absolu vers lequel certains souhaitent tendre.
Essayons d'explorer l'individu ...car le divin et l'humain ne se réduisent pas au social.. ou essayons de nous demander s'il ne faut pas partir d'un autre point de vue. Celui de l'existence d'un être supérieur : Dieu.
L'exigence d'infini, Descartes en a fait une expérience dans son " cogito ". Il s'est rendu compte que sa volonté n'avait pas de limites, il en a conclu qu'il pouvait douter de tout, mais pas de lui-même. Il avait en lui un infini et cette idée d'infini l'a conduit à l'appeler Dieu. Un Dieu parfait conscience de l'infini. Descartes se basait sur le raisonnement pur.
Seulement nous ne sommes pas que raison et si, comme dit Bergson, " nous portons en nous de quoi nous dépasser nous-mêmes, " nous sommes aussi des êtres d'action, des êtres de responsabilité. La pensée requiert une transcendance. L'action? Avant de spéculer à l'infini, nous sommes jetés dans l'action. Il y a des actions pour la recherche du bien...Alors la faute devient dans le raisonnement, biologique ! L'échec ? L'échec invite l'homme à le surmonter. Et la liberté ? Nous en puisons l'idée dans notre volonté intérieure qui tend vers l'infini. Donc nous sommes aussi obligés de penser qu' autrui est aussi doté du pouvoir d'agir librement. Nous sommes capables de remords. Le remords contrairement à ce que dit Descartes, loin de nous conduire vers l'infini, montre l'homme bloqué dans un passé qui l'écrase. Tout cela nous ramène à l'humain et non au divin.
Nous avons conscience de la faute et cette conscience est un premier pas vers la perfection. Le repentir nous fait assister à des conversions. L'homme se détourne du passé pour s'ouvrir vers l'espoir. C'est une forme de liberté qui peut aussi être infinie. On rejoint la thèse cartésienne, l'idée d'infini, l'intuition d'infini, l'invitation au dépassement de soi que certains disent d'origine divine. Alors ils aspirent à l'éternité, à l'immortalité par amour de l'infini. L'homme ne peut penser au divin sans penser à la mort.
Personne ne peut avoir l'expérience de l'immortalité car nous n'avons jamais que l'expérience de la mort d'autrui. La peur nait de l'appropriation de cette mort, qui nait elle-même de la constatation que nous sommes semblables à autrui..
Mais il n'en demeure pas moins que nous aspirons à supprimer cet obstacle qui entrave notre liberté. Notre existence dans le temps se présente à nous comme une impossibilité de devenir parfait. Les anciens opposaient à cette existence imparfaite, l''existence éternelle du ciel cette sorte de patrie vers laquelle ils aspiraient à retourner. Platon, Bergson nous proposent l'éternité comme un retour vers notre domaine originel et comme un moyen de développer notre conscience qu'ils ne peuvent imaginer figée dans le temps. Selon leurs points de vue, ce qu'il y a de divin en nous ne serait qu'une aspiration de notre besoin de liberté. La mort est absurde pour un être qui aspire à la liberté. La liberté est donc le pouvoir de préférer l'infini au fini, l'éternel au temporel. L'expérience de la liberté, l'aspiration vers la liberté, l'immortalité, privent donc la mort de toute signification.
Par l'ambiguïté de sa nature, l'homme oscille sans cesse entre le fini et l'infini, entre l'imparfait et le parfait. Le divin ne serait qu' exigence ou aspiration ?
Mais n'est-ce que cela ? disent certains...
Dans l'expérience humaine, le mal ne fait que mettre en évidence la découverte de la notion de bien et c'est de cette notion que naitrait notre besoin d'infini. Si Dieu existe nous ne pouvons l'isoler du bien. Or le mal existe aussi...L'homme c'est certain, a conscience de quelque chose qui nait de ce conflit entre le mal et le bien, entre l'humain et le divin.
Le croyant a besoin de quelque chose de transcendant pour s'en sortir.


Méthode de la morale


La Morale est-elle une science normative, relevant d'une méthode a priori et par suite liée à la Métaphysique, ou bien doit-elle utiliser la méthode inductive a posteriori des sciences positives et reposer sur l'expérience ?


I ) Morale et métaphysique
A) de la Métaphysique à la morale


Si la morale est la science du bien et du mal, il semble que l'on doive déduire le devoir en général puis les devoirs particuliers de la connaissance du souverain Bien ou Valeur suprême. Or cette connaissance elle-même est métaphysique, car le Bien, la Valeur ne sauraient être donnés dans l'expérience. La pratique morale est alors déduite d'une théorie morale elle-même déduite d'une métaphysique. C'est ainsi que la morale chrétienne repose sur la connaissance de Dieu : le devoir consiste à faire le Bien et le Bien est ce qui plaît à Dieu. De même dans le platonisme c'est sur la connaissance de l'ordre universel et du monde intelligible que se fonde la morale humaine. De même pour Descartes " la plus haute et plus parfaite morale " est la branche d'un arbre dont les racines sont la métaphysique. Il paraît assez naturel, en effet, de fonder les règles de la conduite humaine sur une conception de la condition et de la destinée de l'homme.

B) de la morale  à la Métaphysique


Cependant il semble que chez Platon la Métaphysique apparaisse comme le couronnement de la Morale plutôt que comme sa base. Si elle la fonde, c'est en quelque sorte après coup. c'est que " l'homme est un parti pris " comme dit Alain et que ses constructions métaphysiques tendent ordinairement à justifier l'attitude qu'il a adoptée spontanément en face des problèmes que pose la vie. ce mouvement est particulièrement net chez Kant : c'est en réfléchissant sur le de voir lui-même, posé comme " un fai de la raison pratique ", que Kant parvient à justifier les propositions métaphysiques que la raison spéculative était incapable de démontrer; la liberté, l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu apparaissent, en effet, comme " des postulats de la raison pratique ", c'est-à-dire des croyances sans lesquelles la morale perdrait son sens. On va ainsi, psychologiquement, de la Morale à la Métaphysique, mais il reste que, logiquement, la Morale dépend de la Métaphysique.

C) Séparation de la morale  et de la Métaphysique


Or cette séparation compromet la Morale car les propositions métaphysiques, étant indémontrables, ne parviennent pas à réaliser l'accord des esprits. Aussi certains auteurs ont-ils cherché à séparer radicalement la Morale de la Métaphysique. Le succès des sciences positives, a conduit à la notion d'une morale scientifique, c'est-à-dire inspirée soit de l'esprit, soit des méthodes, soit des résultats de la science. Un autre courant, d'ailleurs, dans la philosophie contemporaine, tend à couper la Morale de la Métaphysique; c'est l'existentialisme. Si l'on admet, en effet, avec M. Sartre, que " l'existence précède l'essence " et " qu'il n'y a pas de nature humaine ", il ne faut plus chercher à fonder les règles de l'existence sur une conception a priori de l'homme et de la destinée; si l'homme crée librement ses valeurs et invente sa morale en vivant, l'étude de la morale doit être d'abord l'étude positive de l'homme-en-situation, de l'homme-dans-le-monde. Avec l'existentialisme comme avec le scientisme, c'est donc sur l'expérience et non plus sur la foi que doit se fonder la morale.

II ) Morale et expérience
A) L'expérience morale


C'est de l'esprit scientifique essentiellement que s'inspire Frédéric Rauh. Pour lui les théories nous masquent la réalité. la réalité morale, en effet, c'est la croyance de l'honnête homme qui la définit et cette croyance morale ne se prouve pas, elle s'éprouve. Dans l'action concrète, en présence d'un  problème précis, l'honnête homme a une " préférence invincible " pour telle solution et c'est cette préférence qui constitue la croyance morale. mais qu'est-ce qu'un honnête homme ?C'est celui dont la volonté est authen tique, c'est-à-dire raisonnable, libre de tout préjugé et de toute passion. S'il veut définir la morale, le moraliste doit pratiquer " l'expérience morale " .

B) La morale expérimentale des sociologues


Lévy-Bruhl, comme Rauh, rejette toute morale théorique car la morale n'est pas à construire, selon lui, elle est un fait donné : " Une société vivante ne s'accommode pas d'une morale ad libitum... on ne pourrait lui donner que la morale qu'elle a déjà ". Or les faits moraux sont des faits sociaux, à savoir les mœurs, et le moraliste doit donc d'abord se livrer à l'étude positive de ces faits; il constituera ainsi la " physique des mœurs " ou éthologie qui n'est, au fond, qu'une branche de la sociologie. mais cette science positive des mœurs permettra de distinguer, selon les termes de Durkheim, le normal et le pathologique, c'est-à-dire les moeurs qui sont en accord avec les exigences présentes d'une société donnée et celles qui représentent des survivances ou des anticipations. On pourra donc d'une part dénoncer les incohérences et les survivances qui constituent " de véritables impedimenta pour la vie sociale " ( Lévy-Bruhl ) et d'autre part dégager " le sens dans lequel nous devons orienter notre conduite ( Durkheim ) en déterminant l'idéal vers lequel nous tendons confusément. La morale est ainsi une technique rationnelle fondée sur l'éthologie, comme la médecine est fondée sur la physiologie...

Morale personnelle


L'homme a-t-il des devoirs envers lui-même
Introduction
: L'idée de devoir implique l'idée de dette envers quelqu'un ou quelque chose; peut-on avoir des devoirs envers soi-même ?


- L'individu n'a de devoirs qu'envers la société
- Individu et société


La société : on ne saurait concevoir l'homme sans elle.


Morale internationale
Patrie et humanité


Opposition bergsonienne entre " morale close "  ( patrimoine ) et " morale ouverte " ( sentiment de l'humanité ).

Définitions
Patrie et nation


La patrie est la nation considérée dans son existence géographique, historique et morale.


La patrie âme de la nation


L'essentiel de la patrie, c'est une communauté de sentiments et d'idées, de traditions et d'espérances, qui fait l'unité de la nation.


Le patriotisme


Il est naturel d'aimer son pays, mais l'attachement à la patrie peut n'être que chauvinisme ou nationalisme s'il s'accompagne de haine ou de mépris pour les autres nations.

Les relations internationales

Guerre et paix

Des conflits d'intérêts ou de passions poussent les nations à se faire la guerre alors que tous les peuples aspirent à la paix.
 

Les organisations internationales

Depuis la société des nations jusqu'à l'O.N.U., un effort a été fait pour organiser les relations entre Etats. Droit international public et privé.

Nation et humanité

Il semble cependant que seule une organisation supra-nationale pourrait mettre le monde à l'abri des guerres. Mais cela suppose que chaque nation abandonne une part de sa souveraineté.

Conclusion :

La notion de " citoyen du monde ".

L'idée, le problème de Dieu

" Toute morale, dit Alain suppose des faux dieux démasqués et un vrai dieu " ( non encore démasqué ). Descartes enseigne que " la vérité de toute science dépend de la vraie connaissance du vrai Dieu ". Et enfin selon Sartre, " être homme, c'est tendre à être Dieu ".

L'idée de Dieu

Définitions

Dieu peut être conçu comme un principe d'explication de l'inconnu ou comme un être personnel et actif :

Pour certains anciens savants et certains philosophes, Dieu explique l'origine, la destination ou l'ordre du monde. Il serait la cause ( panthéisme, théisme, providentialisme ) du monde. d'autre part, il garantit l'accord de la raison devant les réalités de la nature.

Pour le sens commun, il est essentiellement un être Tout-puissant de qui dépendent notre bonheur et de notre malheur, c'est le dieu que ces personnes prient. Il serait aussi le juste à qui rien n'échappe et qui récompenserait les bons, punirait les méchants.

En résumé, Dieu pour ces personnes est le créateur, l'Architecte, le tout-puissant et le Juste....

Origine de l'idée

Pour Descartes, l'idée de Dieu est une idée innée: " j'ai premièrement en moi la notion de l'infini... c'est à dire de Dieu; " Pour Kant Dieu est " l'idéal de la raison pure ". Il est conçu comme l'allié ou le protecteur d'un groupe social. Les sociologues en concluent  que " la divinité, c'est la société transfigurée et pensée symboliquement. " ( Durkheim ). Alain voit plutôt dans les religions la transposition de l'expérience enfantine : les dieux sont pour les hommes des volontés supérieures comme sont les adultes pour les enfants. Cf l'expression " dieu le père ".
Quoi qu'il en soit l'idée de divinité semble venir naturellement à l'homme avant tout raisonnement scientifique. Maurice Blondel pensait : " Il y a beaucoup d'idolâtres, mais il n'y a point d'athées. "

Problèmes :

Certains attributs que des croyants ont coutume de reconnaître à Dieu soulèvent des difficultés :

c'est ainsi que la toute puissance et l'omniscience de Dieu semblent difficilement compatibles avec la liberté et la responsabilité de l'homme. Bossuet ne voyait d'autre solution que de " tenir fortement les deux bouts de la chaine" en se résignant à ne pas voir les maillons intermédiaires qui les relient. Dans le même sens M. Thibon affirme " il faut prier comme si tout dépendait de Dieu et agir comme si tout dépendait de l'homme...
D'un autre côté si Dieu est à la fois tout-puissant et bon, comment expliquer l'existence du mal dans le monde ? Sans doute le providentialisme conduit-il à l'optimisme, mais il reste difficile d'accepter ce que dit le R.P. Paneloux dans " La Peste " de Camus " que si le  prêtre va consulter un médecin, il y a contradiction ".
Dans l'un et l'autre problème, la position la plus solide  est peut-être celle de Descartes qui remarque " qu'il est de la nature de l'infini que moi qui suis fini et borné ne le puisse comprendre ".

L'existence de Dieu

Les preuves à fortiori

Certains ont essayé de démontrer l'existence de Dieu en partant soit de l'existence du monde, soit de l'ordre qui est dans le monde.

 La preuve cosmologique : tout être vivant semble dépendant d'un autre être nécessaire. Le monde lui-même est dépendant donc il est l'œuvre d'un être supérieur et nécessaire. Cela ressemble presque à un faux syllogisme ! En effet, à cela on peut objecter qu'on n'a aucune preuve  de la dépendance des êtres et du monde. Dans la souffrance chacun est capable de réagir librement à moins d'être physiquement entravé ! Le passage à la nécessité d'un être supérieur est une exigence subjective, seulement subjective que rien ne garantit.
Le monde est ordonné donc pour certains, il est l'œuvre d'une intelligence. Mais on peut objecter d'une part qu'il y a tout de même su désordre dans le monde, d'autre part que cet ordre peut-être le fruit du hasard.
D'ailleurs ces deux arguments prouveraient seulement que nous sommes nécessairement conduits à l'idée de Dieu. Mais il faut encore montrer que l'on peut conclure de l'idée de Dieu nous puisse mener nécessairement à son existence. Ce seraient des preuves à priori.

Les preuves à priori

La preuve  qui tire l'existence de Dieu du raisonnement suivant ( lui-même imparfait ) : j'ai l'idée d'un être parfait, or cet être serait imparfait s'il n'existait pas, donc l'être parfait existe ( cf St Augustin : " si Deus est Deus, Deus est ". Or selon Kant, l'existence est une donnée intuitive qui s'éprouve et ne se prouve pas.
La preuve cartésienne : j'ai l'idée d'un être parfait. Il croit au réalisme des idées. mais si l'on tient les idées pour de simples opérations de l'esprit, il n'y a aucune difficulté à admettre que l'esprit humain soit soit capable de former l'idée de parfait.


Les preuves morales

A défaut d'une démonstration rigoureuse certains auteurs ont voulu donner des raisons morales de croire en l'existence de Dieu.

C'est ainsi que selon Pascal, nous avons tout intérêt à " parier " que Dieu existe : " Si vous gagnez vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. ". On voit ici que c'est une sorte de pragmatisme qui conduirait à la foi;  mais nous savons qu'il ne suffit pas qu'une croyance soit utile pour qu'elle soit vraie.
De même chez Kant, il faut croire en Dieu si nous voulons pouvoir espérer un accord entre les exigences de notre nature rationnelle ( la vertu ) et celles de notre nature sensible ( le bonheur ). Mais on peut admettre qu'il y a contradiction dans les aspirations de l'homme.
D'une façon générales, ces raisons de croire en Dieu sont significatives de la faiblesse humaine que rend plus tragique notre besoin de perfection.

Conclusion :

" Il est contradictoire que Dieu puisse exister " disait Jules Lagneau. " Dieu est la plus haute valeur "  ( Alain ) elles n'existent que dans et par l'esprit qui les pense. " C'est la foi même qui est Dieu ( Alain ).

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Date de création : 10/09/2017 • 11:23
Dernière modification : 10/09/2017 • 11:23
Catégorie : Culture philosophique
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