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La chute des grands empires

Le déclin des grands empires

Que reste-t-il de ces vastes dominations, parfois un simple souvenir obscur et vain ! Gloire, travaux des hommes s'évanouissent ! Combien sont faillibles ces entreprises humaines qui semblaient inébranlables ! 
D’Hérodote à Montesquieu et au-delà, les poètes, historiens et philosophes se sont adonnés sans relâche à cet objet de réflexion: le déclin des empires.

L'évolution des civilisations passe par trois stades, l’avènement, l’apogée et le déclin.

Rien qu’en Europe, les grands empires furent légion.

Le déclin de l'Empire soviétique

Effondrement politique et économique

Virage économique vers le capitalisme.
À la fin des années 1970, l’URSS rencontre de très grosses difficultés économiques. Théoriquement fermé dans ses relations au monde, le pays est en réalité profondément intégré dans le système du commerce international et très dépendant de la conjoncture des marchés mondiaux.
Les institutions de l’URSS sont rigides, l’industrie non compétitive, les dépenses militaires excessives et l’agriculture en crise. Dans ces conditions, la chute considérable du prix du pétrole en 1985-1986 déstabilise l’URSS, qui reste sans réaction pour équilibrer son budget. Considérée jusqu’ici comme un « emprunteur fiable », l’URSS commence à susciter la méfiance des créanciers à partir de 1988.
En 1990, le déficit de l’URSS s’élève à plus de 17 milliards de dollars. La crise céréalière et les problèmes d’approvisionnement s’ajoutent aux difficultés économiques du pays. Les files d’attentes s’allongent devant les commerces aux rayons clairsemés.
Dans un contexte de libéralisation du pouvoir ( entamée dès 1985 par Gorbatchev ), les élections démocratiques de 1990 dans les parlements des républiques de l’URSS sont marquées par le nationalisme, « trop efficace politiquement pour qu’on l’ignore lorsqu’on cherche à tout prix la faveur des électeurs ». Conflits ethniques et velléités d’indépendance renaissent. Les dirigeants soviétiques qui ont besoin de l’Occident pour combler les déficits savent qu’ils ne peuvent utiliser la force et les chars.
Lituanie, Estonie et Lettonie proclament leur souveraineté, première étape vers le statut d’États indépendants, suivis par la Moldavie, l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie.
Dès le printemps 1991, Gorbatchev sait qu’il ne pourra sauver l’intégrité de l’URSS. Quelques hauts dirigeants soviétiques tentent alors un coup d’État pour reprendre les commandes du pouvoir central. Mais, en ce mois d’août 1991, l’armée refuse de tirer sur le peuple. Le putsch avorte, ajoutant encore un peu plus au chaos socio-économique et politique.
Le 8 décembre 1991, les Républiques de Russie, de Biélorussie et d'Ukraine signent à Minsk le traité qui donne naissance à la Communauté des États Indépendants (CEI) et met fin à l’URSS. Le 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev, devenu de fait dirigeant d’un État qui n’existe plus, démissionne de son poste de président de l’URSS.

Vingt ans après la désintégration de l’URSS en 1991, du conflit tchétchène non réglé à la flambée de violence opposant Kirghizes et Ouzbeks en juin 2010, les conséquences de cette période ne sont pas encore toutes connues, ni maîtrisées.

A la rigueur, nous pourrions généraliser en insistant sur l’épuisement de sa force et de sa crédibilité militaires durant la guerre d’Afghanistan, sur les répercussions politiques de la non-intervention gorbatchévienne dans les États du Pacte de Varsovie, sur le champ d’attraction établi par le monde capitaliste via les pays baltes. Mais si l’objectif était d’analyser systématiquement ce que l’expérience soviétique partage avec celle d’autres empires, nous n’aurions guère avancé dans cette voie. Loin de moi l’idée de bouder le plaisir qu’il y aurait à comparer l’effondrement soviétique et la dissolution de l’empire des Habsbourg. Mais soyons avertis : la recherche de ressemblances trait pour trait restera, fondamentalement, de peu d’utilité. Nous gagnerons davantage à resituer les empires et leurs fins dans un champ de signification à géométrie variable.
« L’émergence effective d’un empire, à un moment donné du temps, n’est jamais acquise, tant est grande la part du hasard dans le processus. Un modèle de prédiction ne peut donc être que stochastique, non déterministe ».


Au demeurant, Alex Motyl a amorcé cette démarche essentielle de différenciation, en proposant de distinguer les empires suivant que leurs territoires sont contigus ou au contraire disséminés. Pour autant, cette distinction n’offre pas de solution évidente à nos problèmes. Ainsi, devrait-on considérer le réseau maritime disséminé de l’empire vénitien comme moins solide que celui, contigu mais essentiellement terrestre, de l’empire russe ? ou encore supposer que la suffocation de Venise par l’expansion ottomane diffère fondamentalement de la débâcle byzantine, précipitée par l’entente vénéto-ottomane peu auparavant ? Il n’y a rien d’évident à cela, tant, jusqu’au siècle dernier, le voyage par mer l’emportait sur tout autre mode de transport. Plus probablement, cette dimension de la variation requiert une analyse en termes de coûts de transaction. Grosso modo, les hypothèses seraient les suivantes :  plus le maintien du contrôle central sur un segment impérial a un coût élevé, plus il devient probable que ce segment se détache de l’empire ; et  plus les coûts de transaction totaux supportés par l’empire augmentent relativement aux revenus escomptés de l’ensemble des segments, plus les risques de désintégration sont aigus.
« Personne ne résiste aux raz de marée ni aux volcans. Il y a lieu de craindre, dans l’incertitude des années qui viennent, la surrection de raz de marée humains, d’éruptions populaires de types volcaniques, de tornades, d’incendies et de désastres. Peut-être en naîtront des empires, pour le bonheur et surtout pour le malheur des peuples. Nés dans la tourmente, eux aussi ils périront un jour ».

Faute de disposer d’étalons de mesure bien établis pour estimer les coûts de transactions et les revenus de l’empire, il est à prévoir que cette formulation en termes de coût-avantage instille à notre raisonnement une forme de circularité. Elle n’en permet pas moins d’évaluer les effets produits par des changements significatifs, comme lorsque le flux de métaux précieux d’Amérique du Sud vers l’Espagne s’interrompt, ou lorsque les pirates pullulent le long des routes marchandes d’un empire maritime14. Que des sources essentielles de revenus se tarissent, ou que les coûts induits par le contrôle s’accroissent, et aussitôt l’empire perd en espérance de vie. Si ses lignes de transmission et d’approvisionnement s’allongent à l’excès, nul doute que sa vulnérabilité à ces deux formes de perturbation augmente. Reposée ainsi, la distinction qu’a introduite Motyl permet d’identifier une dimension essentielle de la variation impériale.
« Toute existence a son apogée, une époque pendant laquelle les causes agissent et sont en rapport exact avec les résultats. Ce midi de la vie, où les forces vives s’équilibrent et se produisent dans tout leur éclat, est non seulement commun aux êtres organisés, mais encore aux cités, aux nations, aux idées, aux institutions, aux commerces, aux entreprises qui, semblables aux races nobles et aux dynasties, naissent, s’élèvent et tombent. D’où vient la rigueur avec laquelle ce thème de croissance et de décroissance s’applique à tout ce qui s’organise ici-bas ? [...] L’Histoire, en redisant les causes de la grandeur et de la décadence de tout ce qui fut ici-bas, pourrait avertir l’homme du moment où il doit arrêter le jeu de toutes ses facultés ; mais ni les conquérants, ni les acteurs, ni les femmes, ni les auteurs n’en écoutent la voix salutaire. [...] Pourquoi de nouvelles pyramides ne rappelleraient-elles pas incessamment ce principe qui doit dominer la politique des nations aussi bien que celle des particuliers : Quand l’effet produit n’est plus en rapport direct ni en proportion égale avec sa cause, la désorganisation commence ? »
Honoré de Balzac, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, Paris, Pocket, 1994 [1837], p. 69-70.
19De quels autres aspects devrions-nous souligner l’importance ? Plusieurs candidats peuvent être pressentis. On l’a dit, les empires ont pour caractéristique d’être des entités politiques vastes, composites, et liées à des autorités centrales par un système de gouvernement indirect : la taille ne saurait donc être quantité négligeable, pas plus que la structure militaire et technologique, les relations entre centre impérial et puissances extérieures, l’organisation des relations internationales, le degré d’hétérogénéité entre les régions gouvernées, l’ampleur des inégalités entre centre et périphérie, les mécanismes de gouvernement direct, et, surtout, la structure économique, politique et sociale du centre lui-même. L’ensemble de ces caractéristiques, tout ou partie, forme un champ de variation systématique au sein duquel, en principe, s’inscrivent la survie, la mutation ou l’effondrement d’un empire, processus de transformation et retombées de dislocation compris. Cela n’aide guère, certes ; mais au moins, nous disposons d’un pense-bête.
« Pour ce qui est de l’Histoire... [...] Aujourd’hui les choses vont mal. La Russie est en train de s’emparer de la planète ; l’Amérique, empêtrée par la superstition de la démocratie, ne se résout pas à être un empire. De jour en jour notre pays devient plus provincial. Plus provincial et plus suffisant, comme s’il refusait de voir. Je ne serais guère surpris que l’enseignement du latin soit remplacé par celui du guarani ».

 

Chine impériale

Effondrement de l'empire chinois. L’empire chinois, sous différentes variantes, a perduré deux millénaires ou plus;

La chute de l’empire – (De 1912 à 1949);  Première République de Chine (1912-1948)
    Sun Yat-sen, né a Canton en 1866, a étudié la médecine en Occident. A la tête d’un groupe révolutionnaire contre l’ordre impérial mandchou, il parvient à soulever la Chine du Sud et tente d’unifier le pays. Le programme comporte les trois principes du peuple : indépendance, souveraineté et bien-être. Durant l’été 1911, le gouvernement mandchou avait tenté de s’approprier les chemins de fer dans le centre, ce qui avait soulevé une violente opposition. La révolution d’Octobre en 1911 remporte donc un succès spectaculaire. L’armée et les autorités provinciales passent du côté des révolutionnaires. La première république est établie en 1912, et le dernier empereur doit abdiquer. Sun Yat-sen est élu président, et il est depuis considéré comme le « petit père » de la nation moderne.

    Mouvement du 4 Mai (1919)
    Durant la première guerre mondiale, la Chine participe aux efforts de guerre aux cotés des alliés contre l’Allemagne. Pourtant, le traité de Versailles attribue au Japon les ex-territoires allemands en Chine (Shandong). Cette décision choque le sentiment national et provoque des manifestations d’étudiants dans les grandes villes, surtout à Shanghai ou un mouvement de Boycott des marchandises Japonaises est lancé par les marchands. Ce mouvement marque un tournant dans l’histoire chinoise. C’est une véritable lame de fond qui entraine directement les masses, phénomène qui se répètera souvent dans le pays.

    Fondation du parti Communiste (1921)
    C’est les années 1920 que Shanghai devient la grande ville cosmopolite de l’extrême orient. Sur le Bund, l’avenue orgueilleuse qui borde le Huangpu, s’alignent de nouveaux immeubles néoclassiques où travaillent des fonctionnaires étrangers et avec eux les managers chinois, les « Taipans » au col blanc.
    En 1925, après la mort de Sun Yat-Sen le parti nationaliste passe aux mains d’un groupe de militaires conduit par Tchang Kai-shek qui instaure un régime autoritaire Sun Yat-sen avait formé une coalition avec le Guomindang, mais en 1927 intervient la rupture entre les communistes et les nationalistes. L’insurrection ouvrière de Shanghai, soutenue par les communistes, est écrasée par Tchang qui liquide par les armes les milices ouvrières. Cette très grave défaite prend le parti communiste par surprise et l’oblige à réviser sa stratégie de coopération avec les nationalistes. C’est donc vers la paysannerie et non plus le prolétariat industriel qu’il se tourne.
    Le Guomindang a unifié presque toute la Chine ce qui lui assure la reconnaissance des puissances occidentales. De nouveaux accords sont signés, et les puissances occidentales conservent une partie de leurs privilèges, dont les concessions. Durant la décennie de Nankin 1927-1937, le gouvernement nationaliste est présidé par Chang Kai-shek.
    En 1931, le Japon intervient militairement en Mandchourie chinoise. A partir de 1932, le pays est érigé en état indépendant , le Mandchouko, avec Pouyi comme empereur pantin (le dernier empereur termine sa vie comme jardinier à Pékin en 1949 après avoir passé de longues année dans des prisons soviétiques et chinoises).

    La longue Marche (1934-1935)
    Après les massacres des rouges à Shanghai (le Guomindang bénéficiait de conseillers militaires allemands, des crédits Anglo-saxons et du matériel de guerre français), le territoire des communistes est progressivement encerclé par les armées de Tchang. L’été 1943 se termine par une débâcle des communistes, et en octobre les rescapés doivent entreprendre la périlleuse Longue marche qui les conduit à l’autre bout de la Chine, en passant vers l’ouest, puis vers le nord par le Sichuan jusque dans la lointaine province du Shaanxi. C’est seulement alors que Mao Zedong, l’un des fondateurs du parti, réussit à écarter ses adversaires et à devenir le chef du parti. Plus de 100 000 hommes ont pris part à cette marche de 12 000 km qui dura un an. Les communistes perdront 90 % de leurs effectif, et seulement 8 000 d’entre eux survivront.

    Seconde guerre mondiale (1937-1945)
    En 1937, les japonais passent à l’offensive et attaquent l’ensemble du territoire chinois. C ‘est le début de huit années de guerre qui vont durer jusqu’en 1945. Le gouvernement nationaliste de Tchang Kai-sek se replie à Chongqing dans le sud ouest (Il y restera jusqu’en 1945). Les Japonais s’emparent de Pékin, de Pékin, et de Shanghai (où il commettront des atrocités qui gâchent encore aujourd’hui les relations entre les deux pays).
    Un gouvernement de « collaboration Panasiatique » avec les japonais est constitué à Nanking.
    Un accord d’alliance contre l’envahisseur est alors signé entre les communistes et le Guomindang. Les Etats-Unis fournissent des armes aux troupes de Tchang kai-shek, mais celui ci pratique une stratégie attentiste.
    Les guérillas communistes constituées en arrière  des lignes japonaises s’étendent progressivement. Elles ont le soutien actifs de la population. Aux yeux de l’opinion politique, le communisme s’est identifié à la cause de la nation chinoise. A la reddition des japonais en 1945, une mission américaine tente, sans succès, de former, un gouvernement de coalition entre les nationalistes et les communistes.

    Guerre Civile (1946-1949)
    En 1946 éclate la guerre civile entre le Guomindang et les communistes. Elle durera jusqu’en 1949. Le Guomindang, malgré ses succès militaires initiaux facilités par l’aviation américaine, est discrédité par l’inflation, la corruption administrative, et l’ouverture de la Chine aux marchandises américaines sans barrière douanière. Le dynamisme du Parti communistes s’exprime dans la réforme agraire 1947 qui partage, sans indemnité, les terres des propriétaires riches dans les zones libérées. Dans les villes, l’opposition gagne les intellectuelles et les capitalistes nationaux incapables de faire face à la concurrence américaine.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'Empire Qing connut un long déclin,

L’Empire ottoman moins étudié par les historiens occidentaux, dura plus de six siècles mais s’effilocha sous les coups de boutoir de deux puissances de l’époque; l’Angleterre et la France qui ne cessèrent d’attiser les tensions religieuses dans la région qui correspond à l’actuelle Syrie, c’était il y a cent cinquante ans! A croire que l’histoire hoquette. Graduellement «l’homme malade de l’Europe» perdit les provinces orthodoxes, la Bulgarie, la Grèce, et l’Algérie. Pris à la gorge par ses créanciers, l’empire mena une fin sans gloire. On arrive au début du XXe siècle et avant même que la guerre ne se termine Sykes et Picot les biens nommés ministres anglais et français procédèrent au dépeçage de ce qui restait de l’empire. Le califat fut aboli. Mustapha Kémal proclame le 29 octobre 1923 la République turque sur les décombres de l’Empire ottoman

La tentation d’empire: toujours d’actualité en Angleterre

Une analyse magistrale de Mikhael Tyurkin de la situation actuelle du Royaume-Uni nous montre un semblant d’«empire» en déliquescence qui vit sur une rente qui disparaît peu a peu. Il écrit: «Au cours des dernières décennies, le Royaume-Uni s’est pensé comme le cerveau d’un empire global dont les États-Unis seraient les muscles. Mais le temps passe et «l’Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais» est en pleine déconfiture. Avec un total cynisme, la gentry britannique se prépare à brader les richesses nationales pour sauver son mode de vie au détriment de son peuple.» (1)

     «Le 10 mai dernier écrit l’auteur, le Premier ministre britannique David Cameron a rendu une visite inattendue à Sotchi pour chercher une entente avec Vladimir Poutine. (…) Cependant, quoi que Cameron fasse, il ne pourra probablement pas éviter le krach d’un empire qui est resté l’un des pays les plus puissants du marché mondial pendant des siècles, même après sa désagrégation officielle. Sans doute, aucun pays du monde n’a plus incarné les temps modernes que la Grande-Bretagne. La passion d’un joueur géopolitique expérimenté, une autodiscipline étonnante, le machiavélisme de la famille royale et de l’aristocratie, le tout multiplié par l’esprit anglais typique a transformé aux XVIIIe-XIXe siècles un petit royaume insulaire en «Empire, sur lequel le soleil ne se couche jamais». La Grande-Bretagne conduisait toujours une politique cruelle et cynique, mais le faisait avec une élégance de gentlemen Il faut y ajouter la situation insulaire qui permettait à l’Angleterre de s’abstenir de participer réellement aux conflits européens, et de dresser l’une contre l’autre les puissances continentales selon le principe romain classique «Diviser pour régner». Installé confortablement sur les îles britanniques, l’establishment anglais s’est rempli du sentiment de son caractère exceptionnel. (…) Remarquez que c’est justement la Grande-Bretagne qui a aidé les Empires russe, austro-hongrois, allemand et ottoman à s’effondrer pendant la Première Guerre mondiale».(1)

Mikhaël remarque le début du déclin: «Cependant, au XXe siècle, la puissance de la Grande-Bretagne a dépassé son zénith et a commencé à décliner. À ce moment, sa fille caractérielle, les États-Unis, est devenu grande; (…) Le principal symbole du déclin du Royaume-Uni est devenu sans doute la mort de Margaret Thatcher. La «Dame de fer» était connue comme l’une des créatrices du modèle économique néolibéral, qui s’est installé dans sa forme classique sur les côtes d’Albion.(…) Ainsi, l’ex-usine mondiale devint définitivement un casino global, les spéculations boursières et les services bancaires de la City devenant le seul moteur du pays. Au passage, la perfide Albion doit beaucoup de sa fête de la vie spéculative à l’effondrement de l’Urss: depuis le camp socialiste ruiné, des cascades d’actifs matériels se sont dirigées vers l’Occident. (…)»

     «L’économie britannique poursuit l’auteur, n’est plus compétitive et est condamnée à terme: «Beaucoup d’experts affirment que ce modèle ne survivra pas longtemps à sa créatrice. Aujourd’hui déjà, la dette de la Grande-Bretagne (9800 milliards de $) est la deuxième du monde par son importance après celle des USA et le montant de ses intérêts est dix-huit fois plus important que celui des Grecs. C’est-à-dire que l’on fait entrer l’Angleterre dans la liste des géants économiques par inertie seulement; il serait bien plus honnête de lui octroyer une autre lettre dans l’acronyme Pigs (Portugal, Italie, Grèce, Espagne). (…)Le Guardian ironise à ce sujet: «Le gouvernement de Cameron est déjà très content que le pays échappe à la récession au premier trimestre 2013.»

    «(..) Dans ces conditions, le gouvernement cherche fiévreusement de nouvelles sources d’économie. On est arrivés au point que les parlementaires ont commencé à sérieusement discuter de la vente, pour un milliard et demi de livres, du palais de Westminster et de Big Ben. (…) Ces jours bénis où les Britanniques faisaient moissonner le profit par d’autres, tout en restant propres sur eux, sont passés. Maintenant, ils doivent aller de plus en plus souvent au combat ouvertement, subissant d’importantes pertes dans leur image durant les croisades occidentales modernes, et montrant au monde leurs talons d’Achille. Un exemple clair à cette évolution: l’opération en Lybie de 2011, lorsque le Premier Ministre anglais David Cameron (avec le coq gaulois Nicolas Sarkozy) a pris l’initiative d’aller au charbon pour éliminer Mouamar el-Kadhafi.»

On comprend mieux maintenant que la Grande-Bretagne sera de plus en plus agressive à l’extérieur, surtout avec les faibles.
Gordon Brown: la nostalgie de l’Empire par la domination de la langue

Le déclin de l'empire ottoman, qui attise les convoitises des puissances ...

Le déclin de l'empire ottoman, qui attise les convoitises des puissances européennes, est à l'origine d'un conflit entre la Russie et les autres puissances européennes ...

L'empire Ottoman a longtemps été l'un des plus puissants États de la planète. Fondée au tout début du XIVe siècle, par les Osmanlis (descendants d'Osman ou Othman), une dynastie d'origine turkmène, sur les ruines de l'empire Seldjoukide, la puissance ottomane responsable de la chute de ce qu'il restait de l'empire byzantin, avec la prise de Constantinople en 1453, puis est parvenu à son apogée au XVIe siècle, à l'époque de Soliman. L'empire turc à son maximum d'extension se composait de possessions immédiates, subdivisées en Turquie d'Europe (Roum' ili), et Turquie d'Asie (Anadoli), et en territoires vassaux

L'empire mongol - Voyage en Mongolie

 L'empire mongol, suite à la mort de Gengis Khan (après 1227). À la mort du grand Khan, l'empire est divisé entre ses cinq fils.

 stagnation des forces productrice puis  déclin de l'économie.

Effondrement de l'empire romain

l’empire romain a duré six siècles ;

Le thème du déclin de l'Empire romain d'Occident, ou de la chute de l'Empire romain se rapporte aux causes profondes et aux événements qui aboutirent à l'effondrement de l'Empire romain d'Occident. La date du 4 septembre 476, date de l'abdication de Romulus Augustule, dernier empereur de l'Empire romain d'Occident, est en général retenue comme marquant la fin de cette période.

Cette thématique a connu une large diffusion au XVIIIe siècle à la suite de la parution du fameux ouvrage d'Edward Gibbon intitulée Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain. Mais Gibbon n'a été ni le premier, ni le dernier à étudier les raisons qui ont conduit à la disparition de l'Empire romain, Montesquieu lui ayant consacré par exemple dès 1734 un ouvrage où il dénombrait 19 facteurs de sa décadence. Ce thème est resté présent depuis lors dans l'inconscient collectif et le discours politique, et a donné lieu à une recherche historique qui est toujours active : en 1984, par exemple, le professeur allemand Alexander Demandt a recensé plus de 200 théories sur les causes de la chute de l'Empire romain.
Europe en 476, de l’Atlas historique de Muir (1911).
Carte des Empires romains d'Orient et d'Occident en 476, à comparer à la précédente : la chute de l'Occident est perceptible, les Grandes invasions ont ravagé l'Ouest de l'Empire plus que Constantinople. La portion de Gaule romaine, séparée de l'ensemble, est devenu le domaine gallo-romain dirigé par une autorité sur laquelle Rome n'influe plus. Sur cette carte apparaissent la Maurétanie et de la Numidie qui restent non conquises par le royaume vandale ; des soulèvements maures s'y dérouleront plus tard.

Les raisons du déclin de l'Empire romain font donc l'objet d'un certain nombre de théories controversées, la plupart des historiens remettant même aujourd'hui en question la notion de « chute », de « déclin », ou la date de 476, qui a d'ailleurs bien moins marqué les contemporains que celle du sac de Rome par Alaric en 4101. Le caractère succinct des témoignages sur cette époque troublée explique en partie le grand nombre de théories développées, qui découle aussi de la variété des points de vue adoptés par les auteurs qui en ont traité.

l’empire byzantin s’est poursuivi plus de mille ans;
l’empire ottoman a survécu près d’un demi-millénaire ;

divers empires mongols ont occupé durant cinq cents ans une surface de territoires contigus plus vaste qu’aucune autre organisation politique ne le fit jamais ;

et quant aux plus brefs, mais essentiels, empires britannique, français, allemand, italien, espagnol, portugais, belge, hollandais, américain, russe, soviétique et austro-hongrois, leur dénouement demeure présent à la mémoire de nos contemporains. La dispersion des empires d’autrefois, y compris par la décolonisation de grande ampleur survenue à partir des années 1960, préfigure-t-elle le sort que connaîtront les débris des dislocations plus récentes ?

 Autour de la Méditerranée, la structure des États musulmans les plus importants fut impériale. Et pendant ce temps, en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie du Sud-Est, d’autres empires encore connaissaient grandeur et décadence. à disserter sur la fin des empires en termes généraux et définitifs, nous risquons de confondre le déclin d’un régime particulier avec l’arrivée à son terme ultime d’une forme politique auparavant dominante.

De même qu’il serait inconsidéré d’exulter sur la « démocratisation » du monde où la guérilla, le génocide ... tendent à devenir choses communes.
  l’État moderne : centralisation, unification, rationalisation est peut-être tout aussi impossible
 Après seulement deux siècles d’hégémonie, les États consolidés d’Occident laissent déjà voir des signes de leur impuissance à assurer l’ordre ou à fournir des biens publics, défiés qu’ils sont par les réseaux du capital et du travail, du trafic de drogue ou d’armes, de la terreur, qui tous franchissent avec aisance leurs frontières péniblement érigées. D’ici un siècle, il se pourrait que ces États ne soient plus considérés par les analystes que comme éphémères, tandis que les empires demeureraient à leurs yeux les formes historiquement dominantes d’organisation politique !


Dans l’empire de la camorra :
Le Système, royaume de l’élégance italienne. Système: un mot, une référence inaccessible à ceux qui ignorent quelles sont les dynamiques du pouvoir de l’économie criminelle. Le mot camorra n’existe pas, c’est un mot de flics, utilisé par les magistrats, les journalistes et les scénaristes. Un mot qui fait sourire les affiliés, une indication vague, un terme bon pour les universitaires et appartenant à l’histoire .


Nul doute que l’extraction impériale des ressources s’effectue généralement au prix de considérables déperditions, fraudes, connivences personnelles et inégalités — et pour cette raison, lorsqu’un empereur exige soudain des revenus supplémentaires, des sujets auparavant soumis en viennent fréquemment à se rebeller.
L’expansion d’un empire peut être d’une rapidité saisissante : c’est que la conquête militaire s’y combine avec une politique de cooptation, absorbant les systèmes de pouvoir en place dans ses réseaux de tributaires et d’alliés militaires. Ainsi eut lieu la prompte montée en puissance des prédateurs impériaux perse, mongol et ottoman — tous ayant pour cheville ouvrière, à l’origine, une cavalerie armée — aux portes de leurs voisins agraires. Mais pour les mêmes raisons, la chute d’un empire peut être tout aussi spectaculaire. Plusieurs causes peuvent expliquer cette ruine précipitée : les entités politiques placées sous tutelle impériale peuvent aisément s’en détacher, eu égard à leur faible intégration au sein d’un quelconque réseau administratif; le pouvoir autonome dont jouissent les vice-rois inclut celui de faire défection; les populations sujettes demeurent attachées à leur caractère distinct en matière d’identité, de mémoire ou de rancune; et lorsque le centre devient vulnérable, la nouvelle se répand vite parmi les sujets de l’empire et ses voisins hostiles. Si l’empire chinois s’est révélé plus durable que les autres, c’est qu’il sut parer à ces quatre périls simultanément : il déployait une structure administrative relativement uniforme jusqu’au niveau le plus local, intégrant les hobereaux à un système de compétition pour l’obtention de faveurs impériales; il mutait fréquemment les agents de sa bureaucratie, en interdisant leur affectation dans leur province d’origine; il stimulait la mobilité interne et minimisait l’importance des distinctions ethniques; il n’hésitait pas à faire montre de sa force partout sur son vaste territoire; et ce faisant, l’État impérial fut reconduit, dynastie après dynastie, siècle après siècle, de conquête en revers et de revers en conquête.

C’est pourquoi le scepticisme s’impose face aux analyses qui expliquent la faillite du communisme en affligeant sa structure impériale d’un talon d’Achille unique. Il en va ainsi, entre autres, de la notion d’« absolutisme » invoquée par Alex Motyl. Semblable interprétation ne quitte guère les sentiers battus d’une approche internaliste et universelle. Internaliste, car elle situe les origines de l’effondrement au sein même du système. Universelle, en ce qu’elle prétend expliquer pareillement la chute de tout système analogue. Également internaliste et universelle est, à cet égard, l’analyse de Joseph Tainter, qui impute l’« écroulement » à la décroissance des rendements marginaux perçus par l’unité centrale de contrôle7.
 L’approche la plus courante est encore celle qui, tout en invoquant à la fois des causes uniques et générales pour comprendre un déclin donné, les associe à une analyse équilibrée des facteurs internes et externes8. Le propos internaliste-universaliste de Motyl, quant à lui, postule l’existence d’un processus récurrent : il suppose en tout empire à territoires contigus une caractéristique nécessaire, l’absolutisme, qui sape les conditions de sa propre survie. Convient-il vraiment de parler d’« absolutisme » pour décrire un mode opératoire de l’État quel qu’il soit, plutôt que de réserver le terme à la revendication par un souverain d’une primauté bénie des cieux censée le distinguer des magnats régionaux9 ? Point n’est besoin d’insister sur le caractère douteux d’un tel usage. Passons aussi sur le choix par Motyl du mot « préfet », quintessence du volontarisme centralisateur, pour désigner les intermédiaires à demi autonomes qui se mettent au service des régimes impériax10.
« Je ne crois pas à “l’admirable construction de l’ordre romain”. Rome est un empire dont l’administration est aussi sommaire qu’archaïque : de science du gouvernement, elle n’en a pas ; elle a une science de la puissance et un culte de sa puissance. [...] Ce n’est pas un ordre, c’est une conjonction de chances et de facteurs négatifs. Tout cela est plat comme la main ».
Paul Veyne, Le Quotidien et l’intéressant. Entretien avec C. Darbo-Peschanski, Paris, Les Belles Lettres, 1995, p. 96-97.
15L’idée essentielle, en l’espèce, fait écho à la caractérisation classique des empires — sorte de théorie du problème du principal-agent avant la lettre11 — qu’avait proposée Shmuel Eisenstadt12. Le problème auquel tout empire fait face, en effet, est de s’assurer un assentiment soutenu, ainsi que des sources d’information dignes de confiance, parmi les agents régionaux. La chose est d’autant moins aisément acquise que ces derniers sont prompts à développer des liens, des intérêts et des aptitudes qui les incitent à subvertir l’entreprise impériale, à faire alliance avec ses ennemis, ou même à entrer en rébellion de leur propre chef. Supposer, cependant, que tout empire succombe des suites de ce dilemme, c’est tirer un trait sur l’immense variabilité des durées et des fins d’empire, et oublier le rôle crucial que, de manière récurrente, jouent les conquérants venus d’ailleurs.
« Le plus grand fleuve du monde, le Mississippi, Père des Eaux, fut le digne théâtre de cette incomparable canaille. (Ce fut Alvarez de Pineda qui découvrit le Mississippi et le premier qui l’explora fut le capitaine Hernando de Soto, ancien conquérant du Pérou, qui adoucit les mois de captivité de l’Inca Atahualpa en lui apprenant à jouer aux échecs ; quand il mourut, on lui donna pour sépulture les eaux du fleuve.)
Le Mississippi est un fleuve aux larges épaules. C’est le frère sombre et infini du Parana, de l’Uruguay, de l’Amazone et de l’Orénoque. C’est un fleuve aux eaux mulâtres. Plus de quatre cents millions de tonnes de boue insultent annuellement le golfe du Mexique où il les déverse. Une telle masse de résidus anciens et vénérables a formé un delta où les gigantesques cyprès des marais vivent des dépouilles d’un continent en perpétuelle dissolution, où les labyrinthes de boue, de poissons morts et de joncs reculent les frontières et assurent la paix de ce fétide empire ».

Comment les empires touchent-ils à leur fin ? Autant se demander comment les fleuves changent de lit, comment les barrières de corail périssent... L’histoire des empires, quatre millénaires de prévalence et de variété, ne se laisse pas réduire à des constantes : dans toute chute, il entre une part de conquête depuis l’extérieur, et une part de défection à l’intérieur.

 On pourrait encore parler des grands empires africains, ou des empires de la drogue, de la Camorra, des Casdlesi, de la triche économique, des abus de biens, de l'empire Endersen, de l'économie même... Et nos colonies ???

Colonisation-indépendances

L’histoire des civilisations humaines est aussi l’histoire de la fondation de communautés humaines qui sont appelées à augmenter leur espace vital et de ce fait, à provoquer des guerres pour fonder des Etats qui deviendront pour certains des empires. Il est dans la nature humaine de dominer son prochain. L’histoire est jalonnée de pays qui ont atteint des sommets en termes de puissance avant de disparaître.
Bref rappel des grands empires dans l’histoire

Qui ne se souvient de la civilisation pharaonique qui a vécu plus de trente siècles et qui a disparu donnant lieu à une Egypte en pleine déroute? Qui ne se souvient des civilisations perses? Les civilisations aztèques et mayas furent broyées par les conquistadors, en petit nombre, mais qui disposaient d’une technologie terrifiante: les canons et les armes à feu. Une place particulière est donnée par les historiens occidentaux à l’Empire romain qui dura plus de dix siècles après la fondation de Rome par Romus et Romulus. On sait que les empires déclinent de différentes façons. C’est le plus souvent une lente agonie et une perte de puissance de l’Etat central qui ne contrôle plus sa périphérie qui, de ce fait, a des tendances émancipatrices. C’est le cas des Empires espagnols et portugais – bâtis par le sabre et le goupillon- qui perdirent graduellement leurs colonies du fait de l’éloignement et d’une prise de conscience autochtone qui prône l’indépendance. L’histoire récente des empires montre que ces derniers sont mortels et que les causes de leur disparition peuvent être des longs délitements, l’empire s’effrite à partir des marches. Pour rappel, le coût humain de l’expansion est très lourd. La population amérindienne s’effondre, passant d’environ 80 millions d’habitants au début du XVIe siècle à environ 12 millions cent ans plus tard. Les massacres, le travail forcé, les déportations, la déstructuration des sociétés indigènes, et surtout les maladies amenées par les Européens sont responsables de ce désastre. Les exactions des conquistadors espagnols ont été dénoncées par le moine dominicain Bartolomé de Las Casas. En 1550, lors de la Controverse de Valladolid, il parvient à convaincre le roi et l’Eglise que les Amérindiens ont une âme…

Que reste-t-il à l’Empire britannique sinon la langue ? Gordon Brown, ancien Premier ministre de sa Gracieuse Majesté, dans un de ses discours n’a pas caché l’ambition de perpétuer la domination. Il déclare: «L’anglais est bien plus qu’une langue: c’est un pont au-dessus des frontières et entre les cultures, une source d’unité dans un monde en changement rapide [.,.], c’est une force pour l’économie, les affaires et le commerce, mais aussi pour le respect et le progrès mutuels. [...]. Au total, 2 milliards de personnes dans le monde apprendront ou enseigneront l’anglais d’ici 2020. il y a plus d’enfants qui apprennent l’anglais dans les écoles chinoises que dans les écoles britanniques. Je veux que la Grande-Bretagne fasse un nouveau cadeau au monde par l’aide et le soutien à tous ceux qui veulent apprendre l’anglais, en donnant accès dans toutes circonstances aux outils pour son apprentissage ou son enseignement. [...] Nous ferons de notre langue le langage commun du monde. La langue qui aide le monde à parler, rire et communiquer»

Pierre Bourdieu parlait de « vulgate planétaire » à propos de la langue anglaise, elle fait partie du package de la mondialisation qui consiste à ne « consommer » sous toutes les formes   que dans  cette langue. Nous l’avons vu avec le « monument » des Annales de l’Institut Pasteur qui ont décidé de publier en anglais donnant de ce fait le La  à la perdition inexorable de la langue française qui, curieusement est plus « défendue » de l’extérieur que  de l’intérieur.
La nostalgie «mélancolique» de l’Empire français

On dit que maintes fois, par orgueil Napoléon s’est posé en successeur de Charlemagne, dépositaire du Saint Empire romain germanique qui a été restauré trois ans après «l’effondrement» de l’Empire romain d’Occident au V° siècle Cette nostalgie de l’empire qui permet de comprendre l’aventure napoléonienne qui prit fin avec Waterloo et surtout après le désastre de la Bérésina en Russie. On comprend de ce fait que Vladimir Poutine le nouveau «Tsar» russe ait célébré en septembre 2012 à Borodino, les deux cents ans de la «guerre patriotique» contre Napoléon, prélude à la retraite de Russie et à la chute de Napoléon, il déclare: «C’est ici que du 26 au 28 novembre 1812 l’armée russe, sous le commandement du maréchal Koutouzov, a fini d’écraser les troupes napoléoniennes…»

Il n’est pas dans notre propos de rapporter les heurs et les malheurs de la France dans sa chevauchée du temps. La tentation d’empire et de domination a toujours été la ligne directrice de ce pays. Souvenons nous du roi soleil qui allait guerroyer et s’est bien impliqué dans la rapine de nouveaux territoire, confiant à Colbert le soin de mettre en place la « traite » et publiant le Code Noir qui est un concentré de tout ce qu’un peuple peut faire à un autre pour l’avilir, l’envahir, l’obliger à abjurer et à le maintenir dans la condition d’esclave… Ce ne fut pas une singularité, bien plus tard dans les années 1880, il s’est trouvé des hommes politiques pour codifier la vie des indigènes algériens ; Ce fut l’exécrable  Code de l’indigénat. Voilà comment se sont  construits les empires de l’AOF (Afrique Occidentale Française) et l’AEF (Afrique Equatoriale Française). Il y eut naturellement des frictions entre la France et l’Angleterre. Chacun commémorant ses victoires ( Iéna, Austerlitz, Wagram) pour le coq français et Waterloo, Trafalgar ..pour la perfide Albion. Il  y eut cependant des ententes pour dépecer les états vulnérables comme ce fut du sac du Palais d’Hiver à Pékin, …et plus tard du Moyen Orient

Pour Eric Zemmour, la France est l’héritière du Saint Empire romain. Rien que ça! Il est vrai qu’à l’école, on nous apprenait que Charlemagne était un empereur français sacré à Aix-la-Chapelle, nous avons mis du temps à comprendre que c’était Aachen! Pour lui, l’Europe actuelle qui ne fait pas la place qui convient à la France est une faillite. Eric Zemmour nous décrit «sa France» dans un essai «Une mélancolie française». Malakine en parle: «(…) la construction politique française avait vocation à embrasser toute la rive gauche du Rhin jusqu’aux Pays-Bas et tout le nord de l’Italie. Ce projet a pris fin à Waterloo avec le démantèlement de l’Empire napoléonien et le retour aux «frontières naturelles. C’est à partir de là que Zemmour date le début de la crise de l’identité nationale et le déclin français. (…) Le début des années 1990 avec l’effondrement du bloc de l’Est et la réunification allemande ont marqué un point de rupture définitif avec le modèle «gallo-romain» L’Europe a pris alors la forme impériale traditionnelle allemande, celle du Saint Empire romain germanique, un ensemble hétérogène et peu intégré, aux frontières floues et aux décisions lentes, ce que Zemmour appelle avec une ironie grinçante «le saint empire américain des nations germaniques»

La chute de Rome avait été provoquée par les invasions barbares. La chute de l’Empire français ne prend-elle pas le même chemin, même s'il ne s'agit pas de "barbares " ?. L’immigration de peuplement va changer définitivement le visage ethnique de la France à partir des années 1970 et l’autorisation du regroupement familial.



Un autre cas d’étude à retenir est celui du nationalisme. Ses éruptions sont-elles corrélées aux fins d’empire de manière étroite et générique ? La question importe, pour une part, en raison de l’accélération nationaliste provoquée par la désintégration de la Yougoslavie, de l’Union soviétique et du Pacte de Varsovie ; pour une part aussi, du fait des curieuses analogies apparues entre ces épisodes récents et le déclin des empires ottoman et austro-hongrois ; mais, surtout, cette question importe parce qu’elle signale une zone de désaccords potentiellement fructueux au sein des études sur le nationalisme. Une large gamme de travaux, sans être tous congruents entre eux, semblent d’accord pour conclure que le nationalisme devrait coïncider avec le déclin des empires. Ils arguent que toutes les nations développent, dans la mesure du possible, une résistance à la subordination ; que les empires sont, en fait, créateurs de nationalités ; et/ou que, dans un contexte de désintégration impériale, les puissances voisines poussent les sujets de l’empire au séparatisme.

À quoi répliquent des analyses historicistes dont la logique causale paraît non moins contradictoire : le nationalisme, soulignent-elles, est apparu à une période relativement récente, suite à un processus historique spécifique19, et demeure qui plus est susceptible de disparaître eu égard à la modification des conditions historiques. Eric Hobsbawm et moi-même ne sommes d’ailleurs pas les derniers à avoir fait valoir cette veine d’interprétation du nationalisme : y prédominent les définitions de la nation promues par l’État, imposées à l’ordinaire des populations ; réciproquement, la reconnaissance ultérieure de l’auto-détermination nationale y fait office de pierre de touche pour la reconnaissance des États nouvellement fondés20. D’où une confrontation prometteuse entre tenants d’une analyse générique et partisans de positions historicistes — en quelque sorte un match entre Anthony Smith et Rogers Brubaker21 ! — confrontation qui pourrait permettre de démêler, outre l’intrigue embrouillée du nationalisme, l’écheveau des fins d’empire.


L’inéluctabilité du déclin de l’Occident

Assiste-t-on à la chute de la civilisation occidentale ? La civilisation occidentale est-elle supérieure aux autres civilisations?

Le déclin de la civilisation musulmane : comme un lent et long délitement, le centre ayant de moins en moins de prise sur le périphérique.

Comment s’est construite la suprématie occidentale? Au nom de la Règle des trois C – Christianisation, Commerce, Colonisation, l’Occident mit des peuples en esclavage.

L’Occident procéda à un dépeçage des territoires au gré de ses humeurs sans tenir compte des équilibres sociologiques que les sociétés subjuguées ont mis des siècles à sédimenter. L’histoire du pays colonisé est niée et rasée au profit d’une nouvelle histoire, une nouvelle identité, voire une nouvelle religion. Pendant cinq siècles, au nom du devoir de civilisation, l’Occident dicte la norme, punit, récompense, met au ban des territoires ceux qui ne rentrent pas dans la norme.

Cela ne fut pas suffisant! Il faut, aussi montrer que l’Occident est dépositaire de la race supérieure. Cette tendance européenne à regarder de haut, à mépriser les cultures et les sociétés non européennes, a des racines profondes dans le psychisme européen. La plupart du temps, les colonialistes étaient des gens médiocres mais en raison de leur position et, surtout, de leur couleur de peau, ils étaient en mesure de se comporter comme les maîtres de la création. En fait, l'attitude colonialiste reste très vive en ce début de XXIe siècle. Souvent, on est étonné quand un représentant européen entonne, plein de superbe, à peu près le refrain suivant: «Ce que les Chinois, ou qui que ce soit] doivent comprendre est que…» Suit l’énonciation hypocrite de principes que les Européens eux-mêmes n’appliquent jamais.»

L’avenir sera de plus en plus sombre. Entre les anciens empires qui vivent sur l’illusion de la grandeur et ne veulent rien lâcher. Les petits pays notamment ceux qui ont des ressources seront de plus en plus des variables d’ajustement. La guerre de tous contre tous continuera et il n’est pas dit que les « nouveaux empires »    soient plus cléments…

Effondrement de notre propre empire

Les empires n’ont-ils pas été la forme étatique dominante et la plus étendue, depuis que le monde a vu se constituer des États solidement établis ?
Un empire est une entité politique vaste et composite, liée à une autorité centrale. L’autorité centrale exerce une certaine faculté de contrôle militaire et fiscal dans chaque région essentielle de son domaine impérial mais tolère l’exercice du pouvoir par des intermédiaires jouissant d’une autonomie régionale considérable, en contrepartie de laquelle ils doivent allégeance, versement d’un tribut et acquittement d’un service militaire au centre. La dissolution du contrôle central s’accompagne-t-elle d’explosions de nationalisme, au nom des fragments de l’ancien empire ?
 

Cette logique a pour réciproque que, lorsque ces empires se désintègrent, cela résulte ordinairement d’une combinaison de conquêtes exogènes et de résistances périphériques dont les principaux protagonistes sont souvent des agents anciennement au service du centre.

  Que l’histoire impériale ait atteint son terme ou non, les cycles de déclin antérieurs nous livrent de quoi nous interroger et comparer.

L’absolutisme engendre des pathologies qui aboutissent à sa propre dégénérescence, ce qui, au sein d’un empire à territoires contigus, provoque la détérioration du contrôle exercé par le centre sur la périphérie.
 

Nous y voyons de multiples signaux d’alarme. Lorsque, les conditions d’habitat se détériorent, tandis que le prix des loyers monte en flèche, lorsque le souci d’exploiter de lointains territoires vient pallier les carences de l’harmonie interne, nous songeons inévitablement au précédent de ce que Rome avait construit. Ainsi retrouvons-nous aujourd’hui les arènes, les immeubles de rapport, les exhibitions, les grands spectacles, avec nos matchs de football, nos concours de beauté, le continuel strip-tease que répètent les motifs des panneaux réclames, cette constante titillation des sens par l’érotisme, la boisson, la violence, dans un climat digne en tout point de la Rome antique. Sans compter la multiplication des salles d’eaux, la sur-dépense des moteurs sur le bitume des larges autostrades, et couronnant le tout, l’accumulation collective effrénée de fugacités enjôleuses de toutes sortes, merveilles d’audace technique. Lorsqu’ enfle ainsi un pouvoir moralement abattu tandis que la vie s’étiole, ce sont là les symptômes de la fin. L’édifice est encore solide et pas une pierre n’a bougé, mais ces signes ne trompent pas : les Barbares se sont infiltrés dans les défenses, ils sont installés dans nos murs. Ces signes sont ceux de la prochaine nécropole. Le bourreau attend. Paraîtront bientôt les vautours1.
   Si la croissance passe les bornes de la sobriété, la vie s’en trouve déshumanisée, et leur propre anéantissement précipité.
 

nous semblons laisser derrière nous l’ère des immenses empires eurasiens, entamée quelque quatre mille ans auparavant dans l’immense région s’étendant de la Méditerranée à l’Asie orientale. Il n’est pas exclu que des accords internationaux comme l’Union européenne, puissent être considérés comme des projets impériaux.


Date de création : 23/01/2016 • 13:33
Dernière modification : 23/01/2016 • 13:33
Catégorie : Culture historique
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