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Comprendre oeuvres, textes

Œuvres importantes : les comprendre

Structure de Bel Ami

Le contexte historique et social :

La troisième République, instaurée en 1871, se caractérise, dans ses premières années, par une progressive emprise du parti républicain, et de son idéologie, et par l'avènement à la vie politique de classes sociales plus nombreuses et plus diversifiées.

Les élections et campagnes électorales sont passionnées, et la presse joue là un grand rôle. Elle est à la fois écho des opinions et occasion de débats, de polémiques. Elle les répercute d'autant plus facilement que depuis 1881 les libertés publiques, notamment celles de la presse, ont été étendues.

L'histoire de l'art

Dans cette première partie du XX e siècle, les écrivains qui s'imposent sont, à la suite de Flaubert, mort en 1880, Zola, les frères Goncourt dont les œuvres sont traversées par un parti pris de réalisme et de et de naturalisme : dire la société et en exhiber les tares à travers l'évocation du peuple des humbles, des existences misérables.
Ce parti pris de représentation s'accompagne d'un parti pris stylistique : l'œuvre doit montrer à travers ses descriptions, ses personnages, le déroulement de son action cette réalité sociale que l'on veut à la fois " vraie " et édifiante. Le rapport au réel induit un langage qui par exemple impose le corps, ses dérèglements et ses outrances.

Maupassant a été plus marqué par l'apport des peintres impressionnistes, le souci qu'ils ont de dire le monde dans sa réalité à travers les impressions de lumière et de mouvement. Il s'éloigne ainsi avec " Bel-Ami " du projet didactique et privilégie une écriture qui insiste sur les sensations, quelles qu'elles soient.

Analyse du titre

Les fonctions d'un titre sont multiples. Toutes établissent entre l'auteur et son lecteur un réseau complexe de liens. Mais, le titre vise d'abord à enclencher un processus de lecture, de sorte que le lecteur ne se méprenne ni sur le contenu, ni sur la tonalité de l'œuvre.

Un titre aux effets de sens multiples

Le titre, un surnom : à la différence des titres qui inscrivent un personnage dans l'unité de son nom comme La Duchesse de Langeais, Madame Bovary, Eugénie Grandet, le titre du roman de Maupassant s'identifie à un surnom. On retrouve ce même phénomène avec des nouvelles comme Boule de Suif, Melle Fifi,ou Madame Baptiste. A travers le recours au surnom, on constate que le personnage est appréhendé à partir du regard que les autres portent sur lui, et ainsi, s'inscrit d'emblée un décalage entre ce qu'il est et ce que les autres voient en lui. Le surnom vaut ici comme la reconnaissance d'une singularité, une identité conquise, un titre de gloire, au même titre que par ailleurs il peut valoir comme l'écho outrageant, celui du charme et de la séduction, de ce à quoi on ne peut échapper, la bassesse morale.

Un surnom très connoté : l'association de l'adjectif et du nom souligne la dimension séduisante du personnage, l'inscrit dans dans la famille des séducteurs, et désigne son pouvoir de séduction comme étant celui d'un courtisan familier et socialement acceptable, ouvert à tous et à toutes, habile en relations faciles à construire autant qu'à défaire. Les deux termes bel et ami jouent l'un par rapport à l'autre, l'adjectif tendant à rendre futile tout ce que le substantif pourrait signifier de constance et de fidélité. Bel-ami évoque aussi par ses connotations, à la fois affectueuses et familières, un personnage populaire, archétype de l'arrivisme facile auquel autorise le fonctionnement social de la troisième République.

Un titre  de rupture par rapport au roman traditionnel

Avec ce titre le roman rompt avec les modèles sur lesquels il travaille : le roman d'éducation et de personnage. le titre isole le masque, le rôle, la fonction publique et privée du personnage Georges Duroy : le " tombeur " qui accède au succès par les femmes. le roman semble ainsi dire qu'il n'a plus de caractère à étudier, qu'il a en revanche des attributions et des postures sociales à rendre visibles.

Les personnages du roman

On peut répertorier les personnages du roman selon leur place dans le texte. On en distingue ainsi trois sortes.

1 ) La figure Héroïque

George Duroy, dont le nom est donné dans la première phrase du texte, dont l'évolution patronymique reflète la succession des réussites et sur qui se fonde toute l'intrigue.

2 ) Les personnages importants

On peut dissocier les figures continues et les figures temporaires :

* Les figures continues : Madeleine Forestier, Clotilde de Marelle - elles sont les doubles féminins de Georges Duroy avec qui elles partagent le désir de réussir et de jouir du monde; M. Walter, porteur par sa fortune et son milieu de l'évolution sociale de la troisième République dont le roman veut rendre compte;

* Les figures temporaires : Forestier, le premier éducateur, Norbert de Varenne, le " mentor ", Mme Walter, l'épisode passionel. leur fonction n'existe que par rapport à Georges Duroy.

3 ) Les personnages secondaires

Les parents de Georges Duroy, Rival, le marquis de Cazolles, La Roche-Mathieu, Rachel. Ils servent à accentuer la diversité sociale dont le roman se veut le miroir.

Lorenzaccio

Juste avant le meurtre, tandis que la mère et la tante de Lorenzo se désolent de son cynisme, la marquise Cibo essaie vainement d'user de son influence sur Alexandre pour faire changer la situation de Florence.

Sc 3, chez le marquis Cibo.
Le marquis embrasse son fils :
Je voudrais pouvoir t'emmener petit, toi et la grande épée qui te traîne entre les jambes. prends patience... "

La marquise : " Je ne suis pas comme vous; cela m'a révoltée. Il est vrai que je ne sais pas bien ce qui se peut et ce qui ne se peut pas, selon vos règles mystérieuses. Dieu sait où elle mènent ! Ceux qui mettent les mots sur leur enclume, et qui les tordent avec un marteau et une lime, ne réfléchissent pas toujours que ces mots représentent des pensées, et ces pensées des actions.... "

La marquise : " Le duc de Florence... préfet de Charles Quint, le commissaire civil du pape, comme Baccio est son commissaire religieux ...Ah ! le clergé sonnerait au besoin toutes ses cloches pour en étouffer le bruit et pour réveiller l'aigle impérial, s'il s'endormait sur nos propres toits...."

Agnolo : " Hélas ! Éminence, c'est un péché. "

Sc 4

Le duc : " Allons donc, vous me mettriez en colère ! Renzo, un homme à craindre ! le plus fieffé (  qui a atteint le dernier degré d'un défaut, d'un vice ) poltron ! une femmelette, l'ombre d'un ruffian ( un débauché ) énervé !

Marivaux : l'île aux esclaves

Déroulement :

La première tirade sc 3, révèle la joie de  Cléanthis de débonder son cœur. Phrases courtes, rapides énumérations se succèdent  dans un flot ininterrompu. Cléanthis est d'abord comme étourdie par ce bonheur inattendu : " Je m'y perds " puis elle se reprend, regroupe ses souvenirs et trouve la définition brillante : " C'est madame, toujours  vaine ou coquette, l'un après l'autre, ou toutes les deux à la fois... "
Cette accusation reste cependant trop vague et trop abstraite; elle dessine ensuite un portrait animé en deux tableaux symétriques, qui représentent l'antithèse; contente ou fâchée. L'allure primesautière n'est donc pas un effet du désordre, mais une grâce qui masque l'habileté de la composition. Tout naturellement, la journée glorieuse est plus vite expédiée : la maîtresse étant heureuse de vivre et de se savoir en beauté, la soubrette a moins à souffrir de son despotisme; elle supporte mal cependant l'ordre impérieux : " qu'on m'habille ", qui résonne comme un coup de clairon. Pour nous il évoque la toilette compliquée et raffinée des élégantes, dont les atours exigeaient les soins d'une femme de chambre, et dont la chevelure réclamait souvent l'adresse d'un serrurier, pour dresser la charpente métallique nécessaire au fragile échafaudage. Visiblement, Cléanthis enrage de ne pas avoir, elle aussi, une camériste; elle se sait jolie et raffole de toilette tout autant que sa maîtresse. Comme la Lisette de la " Double inconstance ", elle doit rendre son minois plus aguichant par une mouche galante, artistement posée. Dorine, au siècle précédent goûtait fort les réceptions, les visites et les bals, mais elle se contentait de ceux qui avaient lieu dans la maison de ses maîtres. Cléanthis envie sa jeune maîtresse d'occuper agréablement ses après-midi hors de la maison, détail qui indique combien les jeune filles ont conquis de liberté au XVIII
e siècle : on ne voit pas Henriette ou Marianne aller " aux spectacles, aux promenades, aux assemblées... ". L'émancipation de la maîtresse stimule les désirs de sa soubrette.

Le second tableau évoque la coquette après une mauvaise nuit; toute la journée est organisée en fonction de son visage, tous ses gestes ne visent qu'à faire de sa fatigue un attrait de plus. Pour la dépeindre, Marivaux n'hésite pas à employer des termesq réalistes, tels que " yeux battus, teint fatigué ", qu'il reprendra avec plus de précision dans " le jeu de l'amour et du hasard ", lorsque Silvia décrit la femme de Tersandre : "  Je la trouvai tout abattue, le teint plombé, avec des yeux qui venaient de pleurer. " Il excelle surtout à reproduire le dialogue, les minauderies et même les silences des personnages; ce que dans sa haine, Cléanthis pressant les moindres réactions de sa maîtresse, peut-être en songeant à celles qu'elle aurait elle-même; aussi déclare-t-elle : " nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres d'une pénétration !... oh ! ce sont de pauvres gens pour nous... ", aveu qui fit sourire la société de 1725, mais qui devait faire frémir celle de 1793. Peut-être Marivaux se contentait-il de développer le vieil adage latin " tot hostes quot servi ", mais il est plus naturel de penser que ses propres observations lui avaient permis de deviner non seulement les ressorts du cœur humain, mais ses révoltes. Les soubrettes sont les égales en beauté et en intelligence de leurs maîtresses; elles souffrent de leur condition subalterne. Même une Lisette, si fidèle, et si loyale, osera dire à Silvia : " Si j'étais votre égale, nous verrions ! " Cléanthis, dans " L'île des esclaves " est maintenant la supérieure. Pourquoi se gênerait-elle ? Dans le domaine du cœur, valets et servantes ne se reconnaissent pas la moindre infériorité. Le naïf Arlequin de " La double Inconstance " n'est  nullement impressionné par le prince. Qu'il aime ailleurs, dit-il, à Trivelin, qui lui annonce l'amour du prince pour Silvia, sa fiancée " car il n'aurait que la femme, moi j'aurais le cœur... "

Marivaux : l'heureux stratagème

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« Les Fausses Confidences »
est la vingt-septième pièce de Marivaux, et sa dernière comédie en trois actes. Lors de sa création, le succès n'est pas au rendez-vous : il faut attendre sa reprise au Théâtre-Français après la Révolution française pour qu'elle devienne une œuvre appréciée car loin de se réduire à un simple « marivaudage », cette comédie se fait le reflet de l'évolution de la société française, annonçant les bouleversements sociaux et politiques de la fin du siècle.

Les comédies de Marivaux mettent habituellement en scène les quiproquos de l’amour qui, dans une société hiérarchisée, viennent créer le désordre.

Elles montrent aussi une société, sous l'Ancien Régime, où l'ordre social établi alors, la divise en trois classes. Cette société hiérarchisée est progressivement menacée par l’importance croissante accordée au mérite personnel, par le dédain des avantages de la noblesse qui tombent en désuétude.
Les pièces et le comique de Marivaux reposent sur les procédés de l’interversiondes personnages et sur le quiproquo, tout en conférant aux personnages une profonde finesse psychologique.

C'est le cas dans Les Fausses Confidences, comédie en prose et en trois actes jouée pour la première fois en 1737, où l'amour entre un petit bourgeois, Dorante, et la grande bourgeoise qui l'emploie, Araminte, triomphe grâce à une série de fausses confidences, de manipulations, initiées par le valet Dubois.

Il sera pertinent de se demander en quoi les ruses et autres manipulations de quelques personnages, dans cette pièce, jouent avec le mensonge, habilement préparé, habilement noyé dans de la réalité, pour mieux permettre l’accès à une forme de vérité.

Pour commencer, nous verrons que certes, le stratagème implique nécessairement une forme de mensonge, qu'il est «  ruse «  et «  manipulation ». Ensuite, nous verrons qu’il permet aussi de faire se révéler les vraies pensées des intervenants. Enfin, nous montrerons qu’un stratagème habilement élaboré est non seulement une illustration parfaite du théâtre de Marivaux, l'essence de son comique, mais encore qu'il conduit dans cette œuvre : «  Les fausses confidences «  à un triomphe de la manœuvre comme à un triomphe de l'amour, et à un triomphe de la nouvelle société en marche.


Plan détaillé

I- Certes, le stratagème implique nécessairement une forme de mensonge. Il est ruse et manipulation : manipulation des personnages, des spectateurs par Dubois et par le metteur en scène


le metteur en scène lui, trompe
1Par le rire,  détourne le public de ses préjugés et le divertit  : comique de mots, de situations, bévues d'Arlequin
2 En rendant encore plus complexes les quiproquos : ex Monsieur Rémy qui veut que Dorante aime...

Mais Dubois fait progresser l'intrigue
1 par les fausses confidences
2 Les paroles séductrices, les moyens de conquérir, d'attendrir
3 Par ses conseils à Dorante
4 Le poids du pouvoir des mots qu'il sait utiliser

Pour immerger le spectateur  dans l’histoire , outre le décor l'auteur et le metteur en scène   nous plonge dans une époque où l'amour entre deux classes sociales distinctes était pratiquement prohibé.

II- Le stratagème permet aussi de découvrir des vérités, les vraies pensées des intervenants, la vraie nature de ceux-ci

 Ils jouent avec le mensonge sur scène pour mieux permettre l’accès à une forme de vérité

1 Amarinte perturbée et attendrie
2 Amarinte jalouse donc peu à peu amoureuse. Il lui a en quelque sorte ouvert les yeux
3 Découverte des vraies personnalités de chacun
4 Les artifices mis en œuvre soulignent la dureté de l’ordre social qui empêche les personnes de fortune différente de s'exprimer leur amour.
5 Manipulation des préjugés qu'il malmène

III  Manipulation certes mais pour finalement une bonne cause, une bonne fin = Le tableau d'une société en pleine mutation

Triomphe de l'amour malgré tout
1  l'amour est le grand inspirateur de ruses et de stratagèmes ingénieux. Les  personnages n'hésitant pas à changer d'identité pour s'assurer de l'amour de l'élue de leur cœur (L'Épreuve)  (Le Jeu de l'amour et du hasard). L'amour est l'enjeu d'une véritable bataille pour réunir les deux jeunes amoureux . Elle s’affranchit de l’autorité de sa mère qui méprise Dorante avec arrogance.

2 Triomphe de Dubois. Mais triomphe non égoïste ; grâce à une manipulation certes mais pour le bien de Dorante

3 Triomphe de la vie sociale qui évolue. La veuve émancipée et signes avant coureur de la révolution qui sortira peu à peu femme de ses difficultés sociales

 La vérité apparaît grâce au mensonge.du stratagème


Conclusion


     Tous les mensonges auront permis de faire triompher l'amour vrai donc la vérité. La ruse initiale de Dubois conduit à une vie de bonheur pour Araminte et Dorante comblés dans la révélation de leur amour réciproque. Grâce à Dubois Araminte a été mise à l’épreuve, confrontée à un dilemme entre les préjugés sociaux.  « Il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner, lorsqu’il a réussi. »
Mais la fin justifie-t-elle toujours les moyens ? Certes, les stratagèmes aboutissent à une fin heureuse, mais ne laissent-ils pas aussi un arrière-goût amer dans la mesure où ils reposent sur une manipulation permanente des esprits et des personnes? …
     Pas vraiment puisque la ruse est chez Marivaux, «  en grande partie altruiste et presque toujours bienveillante ».  
 La ruse, chez les Grecs, incarnée en la personne d’Ulysse  est synonyme d’intelligence, mais elle est aussi associée à l’art oratoire, à la capacité de séduire par un discours. Cependant la ruse à l’œuvre chez Dubois n'est pas seulement un  adjuvant à l’amour de son maître ? Elle prend finalement dans la pièce de Marivaux une dimension métaphorique, permettant d’éduquer le spectateur , de faire évoluer les esprits


Plan détaillé

I- Certes, le stratagème implique nécessairement une forme de mensonge. Il est ruse et manipulation : manipulation des personnages, des spectateurs

    Dans les Fausses Confidences, tout repose sur le stratagème de Dubois qu’il met en place afin d’aider Dorante, afin comme il le dit de faire « sa fortune ». Le jeune homme, manquant d’expérience, se laisse guider par son valet  qui multiplie les fausses confidences, use de mensonges et de paroles séductrices pour attendrir et conquérir Araminte.

     

    Dubois passe donc par le stratagème pour réussir l’entreprise amoureuse de son maître. Il n’hésite pas à lui conseiller de séduire Manon afin de rendre Araminte jalouse ; à faire le récit haut en couleurs du coup de foudre de Dorante pour Araminte au sortir de l’Opéra ; à manipuler tout son monde autour du portrait d’Araminte ou de la lettre.

    Les procédés mis en œuvre pour créer le stratagème

But : tromper les personnages et les spectateurs pour leur faire vivre une histoire élaborée tout en les faisant rire.

Persistance des formes traditionnelles du comique

• On retrouve dans Les Fausses Confidences les formes traditionnelles du comique qui provoquent chez le spectateur un rire franc, comme le comique de mots (sur le verbe « donner », mal compris par Arlequin, I, 8) ou le comique de situation (Dorante se retrouve en un instant fiancé à Marton à cause de Monsieur Remy alors même qu'il projette de séduire Araminte, I, 4).

• De même, Marivaux ayant toujours travaillé avec les comédiens du Théâtre-Italien, on trouve encore trace de l'influence de la commedia dell'arte dans cette pièce, notamment par le biais du personnage d'Arlequin, stéréotype du valet balourd et rustaud, uniquement intéressé par les victuailles et la boisson et dont les bévues donnent lieu à de véritables saynètes comiques.

Par le rire les spectateurs oublient leur vie, plongent dans un univers où ils sont guidés et dans lequel ils évoluent, participent grâce à leur imagination stimulée. absorbés par l’histoire ils seront avides de connaître la suite des péripéties et le dénouement.

Le stratagème est donc basé sur la manipulation, l’illusion de la mise en scène pour un but précis Dans la scène 14 de l’acte I, Dubois fait cette fausse confidence à Araminte en lui révélant que Dorante est amoureux d'elle depuis plusieurs mois. C'est effectivement le cas, mais il ne le dit pas dans l'intérêt de la jeune femme, mais dans celui de son ami Dorante.

    Le personnage qui met en oeuvre ce stratagème joue aussi un rôle qui ne devrait pas être le sien et qui ne correspond pas, à sa personnalité. Il est intermédiaire plus ou moins  malgré lui , t suit la demande du metteur en scène, il obéit à sa fidélité envers son ami.

Les valets ont des rôles importants chez Marivaux

    D'un valet à l'autre : du comique à l'inquiétude dramatique

    Marivaux donne une place plus importante à Dubois qu’à Arlequin dans la pièce, ce qui montre la volonté de l'auteur d’introduire une dimension plus dramatique. Certes c’est Arlequin qui ouvre et ferme la pièce, mais c’est bien Dubois qui mène le jeu.

    • C'est sous un tout autre jour que se présente le deuxième personnage de valet de cette comédie, Arlequin s'oppose en tous points à Dubois par sa balourdise qui ralentit l'action mais dont l'utilité est de divertir, de faire oublier.. Dubois au contraire rappelle les personnages de serviteurs rusés que l'on trouve dans d'anciennes comédies. A la différence d'Arlequin Dubois, fait progresser l'intrigue.

    • Plus encore, c'est lui qui, de bout en bout, en dirige le cours comme il le décrète dès le début de la pièce, en jurant à Dorante qu'il épousera Araminte : « vous réussirez, vous dis-je. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là » (I, 2). Là où Arlequin fait rire, Dubois aurait tendance à troubler : sa détermination, son habileté à feindre et à manipuler, si elles prêtent à sourire, ne font pas moins de lui un personnage inquiétant.

    C'est donc bien Dubois, qui manipule les personnages à sa guise et les transforme en marionnettes. A travers le personnage de Dubois se lit donc la préférence de Marivaux pour un valet d’intrigue capable de ruser .D’autre part, Dubois et Arlequin ne sont pas les seuls personnages de la pièce à user de la ruse. Monsieur Rémy par exemple est très soucieux de l’avenir de son neveu. Il essaie lui aussi d’aider ce dernier en faisant croire à Marton que Dorante s’est épris d’elle : il espère ainsi que Marton acceptera d’épouser Dorante et de lui assurer une somme coquette de mille écus.

Acte III, scène 12, Araminte L566 répond à son tour, preuve qu'elle vacille : « Je ne sais plus où je suis. » Elle utilise des phrases courtes et hachées qui témoignent de son trouble.

Pour immerger le spectateur dans l’histoire , outre le décor l'auteur et le metteur en scène nous plonge dans une époque où l'amour entre deux classes sociales distinctes était pratiquement prohibé.


II- Mais, le stratagème permet aussi de découvrir des vérités, les vraies pensées des intervenants, la vraie nature de ceux-ci

    Si dès le début de la pièce, règne un univers de dissimulation car Dubois demande à Dorante de ne pas révéler qu’ils se connaissent. Dubois met sa ruse au service de son maître. Il annonce à l’acte I, scène 2, ce qui va se dérouler « je sais mes talents, je vous conduis et on vous aimera, toute raisonnable qu’on est… ». Il est sûr de lui. Il pousuit un but

Comment les stratagèmes mettent en lumière les caractéristiques des personnages qui les ont imaginés ou subis ?

Parfois, les personnages, en se confrontant au mensonge, sont amenés à se révéler intimement ? C'est le cas d'Araminte que Dubois pousse à se découvrir et le cas de Dubois qui se révèle lui-même tout en rusant pour son ami.

L’intensité des sentiments réels annule les masques sociaux. et souligne l’amour identique des deux personnages ( Amarinte et Dorante ), indépendamment de leur appartenance sociale. Mais encore dans l’acte I, scène 13, Dubois cherche à susciter la curiosité d’Araminte à l’égard de Dorante. Dubois connaît bien le cœur des hommes et des femmes, il a beaucoup d’assurance et est maître de la situation. La mise en place de ce stratagème par Dubois nous permet de mieux connaître ce personnage
Dans l’acte I, scène 14, alors qu’Araminte vient de confier à Dorante qu'elle ne veut pas épouser le comte Dorimont, Dubois les interrompt pour s’entretenir avec Araminte. Dubois lui fait une fausse confidence en lui révélant que Dorante est amoureux d'elle depuis plusieurs mois. C'est effectivement le cas, mais il ne le dit pas dans son intérêt, mais dans celui de son ami Dorante. En effet, sa confidence a pour but de tromper et manipuler la jeune femme. Dans un premier temps, elle va décider de se séparer de Dorante quand elle apprend qu’il est amoureux, mais sans savoir encore qu’elle est concernée, puis elle se ravise lorsque Dubois l’informe qu’elle est l’objet de cet amour. Le stratagème a donc fonctionné et souligne bien qu’elle commence à s’intéresser à Dorante. Donc, elle se dévoile grâce au stratagème de Dubois.

Le caractère d'Araminte s'affirme en effet au fil des scènes, en même temps que croît son amour pour Dorante. De son refus de le renvoyer (II, 11) à l'annonce de leur mariage (III, 13), c'est à une véritable fronde d'Araminte que l'on assiste, elle qui dénonce à haute voix les manœuvres dont elle fait l'objet : « il y a dans tout ceci des façons si désagréables, des moyens si offensants, que tout m'en choque » (III, 8).
Dans l’acte I, scène 14, alors qu’Araminte vient de confier à Dorante qu'elle ne veut pas épouser le comte Dorimont, Dubois les interrompt pour s’entretenir avec Araminte. Une idée surgit, introduire dans la pensée de la jeune femme l'idée qu'elle aime inconsciemment Dorante

En fin connaisseur de la puissance du langage, Dubois s'ingénie à distiller ses paroles à l'oreille d'Araminte afin d'éveiller en elle un tendre intérêt pour Dorante. Relatant les circonstances dans lesquelles Dorante se serait épris d'elle, Il prend soin de rendre son récit vraisemblable en insistant sur un jour de la semaine (« c'était un vendredi, je m'en ressouviens ; oui un vendredi », I, 14) tout en passant sous silence la date exacte de cette rencontre : à la fois vraisemblable et romanesque, ce récit dont la véracité est invérifiable ne peut que flatter Araminte qui s'y laisse prendre. De même, Dubois use de tous les artifices possibles pour exalter ses sentiments, comme la jalousie en lui inventant une rivale (I, 14) ou la connivence en lui faisant croire qu'elle détient le secret de la passion de Dorante à son insu (I, 14).

• Outre Araminte, un autre personnage affermit peu à peu sa liberté d'action : Dubois. Valet de son état,  s'impose pourtant comme le personnage maître de cette pièce, dépassant de loin sa condition et surpassant, bien que le servant, son propre maître, Dorante.

La vraie nature de chacun se dévoile donc peu à peu : La relation qui les lie ne manque pas d'ambiguïté. L'écart entre eux tend à se réduire puisque Dorante, personnage de plus haute condition, se fait engager au service d'Araminte, ce qui le place (bien qu'en tant qu'intendant il conserve un statut plus élevé que Dubois) au rang des serviteurs. La situation semble parfois bel et bien inversée entre Dubois et Dorante, Dubois n'hésitant pas à donner des ordres directs à son maître comme dans la scène 17 de l'acte II où il multiplie les recours aux formes impératives et oppose de sèches fins de non-recevoir à ses demandes.

• Dubois évalue si bien le poids de sa parole qu'il n'hésite pas à en faire miroiter la valeur, par exemple dans la scène 10 de l'acte II où il se fait prier pour dire « un mot ». Araminte, de plus en plus consciente du pouvoir que les paroles de Dubois ont sur elle, tente de s'en prémunir : « tais-toi donc, tais-toi » lui enjoint-elle (II, 12) avant de réitérer plus tard cette demande (II, 16 et III, 9). En dépit de ces dénégations, Araminte a déjà bu tout le poison de ses discours et s'est éprise de Dorante.

En élève modèle, elle a cependant appris en observant son valet à manier le langage à son avantage, au point de « tendre un piège » (II, 12) à Dorante en lui dictant une fausse déclaration au Comte afin de le forcer à lui avouer son amour. Mais Dorante, bien qu'en apparence réduit au silence sur sa passion, se révèle lui-même très adroit avec les mots.

D'habitude, chez Marivaux, la manipulation, la ruse, le stratagème sont   en grande partie altruistes et bienveillantes ».
Rappelons en effet que dans Les Fausses confidences le valet astucieux, Dubois, met en place un stratagème efficace mais c'est pour aider son maître Dorante à obtenir la main d’Araminte, la riche veuve dont il est tombé amoureux

    Son but est bien altruiste si seul compte le bonheur de son maître. Dubois est en ce sens le digne héritier du valet moliéresque ou du valet insolent et intrigant : tous favorisent l’amour de jeunes gens contre des parents acariâtres ou trop obnubilés par les codes sociaux de l'époque

     

    Nous verrons que si le but du stratagème est d’aider autrui à parvenir à ses fins, il pourrait en partie s’avérer cynique et soit cruel soit pour un but précis. Aider l'ami mais déclasser socialement une noble. Mais cette ruse ne prend-elle pas finalement dans la pièce de Marivaux une dimension métaphorique, permettant d’éduquer le spectateur , de faire évoluer la société en pleine mutation ?

L'étranger de Camus

Introduction

Les jeunes existentialistes ont pu se sentir concerné par l'œuvre de Camus.

Un monde informe

" L'étranger " est-il une démonstration que le monde est absurde ?
" L'étranger " veut nous donner le sentiment de l'absurde.

Ce monde qui répondait aux exigences de la raison de Roquentin et de sa sensibilité, perd toute consistance : les mots se détachent de leur sens et prennent  un aspect étrange, les êtres et les choses cessent de s'intégrer à une vision cohérente pour surgir dans une complète gratuité. Son regard s'attarde sur les vis brillantes qui se détachent des planches du cercueil, sur les visages des amis de sa mère, chargés de peu de signification à ses yeux. A partir du procès l'univers sentimental de Meursault s'organise étrangement : ainsi sa mère à qui il ne pensait que par association d'idées avec le chien de Salamano lui fournira-t-elle à la fin du roman une image de tendresse et d'espoir.
Camus a toujours dit qu'il ne considérait pas la découverte de l'absurde comme une fin en soi, mais comme un point de départ.
La vérité est que Meursault ne saurait être considéré sans ambiguïté comme un " exemple " à suivre, non plus que comme un symbole négatif de la nature humaine..
Meursault nous parle. L'étranger nous prouve qu'entrer dans l'intimité de quelqu'un, c'est presque à coup sûr le comprendre et l'excuser.
Nous ne pouvons que reconnaître une prise de conscience chez Meursault, découvrir en même temps que lui son attachement aux êtres et aux choses. Disons en totu cas de Meursault qu'il est une victime, victime d'une société qui a besoin de tout savoir, de tout expliquer, et qui préfère à l'homme l'idée qu'elle s'en fait. Pour avoir été lui-même, Meursault ne peut attendre aucune indulgence.

Le déroulement du procès ressemble si bien  à une comédie que l'avocat de Meursault et le procureur apparaissent comme des complices plutôt que comme des adversaires. Les personnages sont vus au travers d'une vitre.... Mais au fur et à mesure que progresse le procès, la vitre disparaît. Tant qu'il était en deçà de la vitre Meursault n'était qu'un spectateur neutre; mais à partir du moment où le monde va prendre un sens pour lui, il trouvera intolérable que la pantomime continue, qu'on prétende l'y inclure, et il se révoltera.

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Date de création : 05/10/2015 • 20:51
Dernière modification : 05/10/2015 • 20:51
Catégorie : Enseign./Concours
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