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Alpha Blondy

Alpha Blondy



La star du reggae africain a été la tête d'affiche du festival 4 août, dans notre village. Chanteur engagé, icône dans son pays, il a évoqué avant le concert sa carrière, le reggae et la crise traversée par son pays, la Côte d’Ivoire.

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Alpha Blondy : "Je veux être tisserand de rêves et d’espoir ".

- Côté instrumental, vous aurez la cornemuse, l’accordéon, la cora, le tam-tam marocain, une sorte de mosaïque musicale, de très belles chansons. Il y a des textes en français, en anglais.
 " Je fais une reprise en reggae de « Wish you were here » de Pink Floyd en souvenir de cette époque, il y aura " Ne tirez pas sur l’ambulance " et " Je vous l’avais dit ", une chanson que j’ai dédiée aux responsables de la guerre civile qui s’appelle " Salauds " : " Les salauds ont mis le feu à mon paradis, Les salauds ont mis le feu au paradis ". " Avec les prêtres corrompus et des imams vendus. Ils sont bêtes et méchants, ils ont mis le pays à feu et à sang, Ils s’en foutent de toi et moi, ils s’en foutent de toi et moi. Ils s’en foutent de nos enfants, ils s’en foutent de nos parents ".

- Qu’est-ce que vous pensez des autres formes de musiques actuelles ?

Alpha Blondy : Plus on est de fous, plus on s’amuse. Tant qu’on est vivant, il faut faire la fête, prendre la vie du bon côté, s’éclater. Ces musiques sont complémentaires. Nous sommes des vendeurs de rêves, nous sommes des vendeurs d’espoir. Quand on voit toute la violence qu’il y a aujourd’hui, s’il y a 2800 reggae différents, c’est tant mieux.

- Comment voyez-vous l’avenir du reggae africain ?

Alpha Blondy : Le reggae africain n’a pas encore dit son dernier mot parce que nous avons 7 dialectes en Côte d’Ivoire, et je ne parle pas des autres pays, du Mali par exemple. J’étais à Casa il y a quelques jours pour un concert, j’ai écouté un reggaeman marocain. Il fait intervenir les instruments traditionnels marocains. Et ça, ce n’est pas encore connu. On parle tous de nos galères. Nous faisons un reggae à part, nous ne parlons pas d’une Afrique mythique, d’une Afrique où le lait et le miel coulent, mais d’une Afrique où les larmes, la sueur et le sang coulent. Nous parlons d’une Afrique déchirée. Voilà pourquoi c’est un reggae qui est craint. Il y a une poignée de lettrés intellos qui ont raflé les richesses avec leurs complices occidentaux, ils ont pillé le continent. Nous parlons de ça.

- On vous sait très engagé pour l’Afrique, vous êtes Messager pour la Paix depuis 2 ans. Qu’est-ce qui vous révolte le plus aujourd’hui ?

Alpha Blondy : Ce que je déplore le plus en Afrique, ce sont les présidents qui sont venus au pouvoir par des coups d’état, c’est pas de la démocratie. La démocratie africaine a du mal à démarrer. Pourquoi des pays qui sont pour nous des modèles comme la France admettent des actes antidémocratiques ? Il faut que la France, comme l’a dit Mitterand à son époque, à La Baule, ne cautionne plus de régimes putschistes.

- En Côte d’Ivoire, il vient d’y avoir une avancée. Le président est allé à Bouaké pendant votre tournée. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Alpha Blondy : C’est une très bonne chose qu’on soit allé à Bouaké. La Côte d’Ivoire est en convalescence, elle est en train de faire des petits pas vers une paix véritable et durable. Il ne peut pas y avoir d’élections véritables, transparentes, quand deux armées sont face à face. Mais il y a des Africains, des Français et des Africains des pays d’à côté qui veulent une économie de guerre qui leur rapporte énormément. Ceux-là ne veulent pas que la guerre finisse.

- Quelle action menez-vous en tant que Messager pour la Paix ?

Alpha Blondy : J’ai rencontré tous les belligérants, ceux de la rébellion, le Président Laurent Gbagbo, les politiques, les militaires français, l’ambassadeur de France. J’avais fait un plan de sortie de crise que j’avais appelé la Pyramide. Une partie de ma Pyramide a été appliquée avec le désarmement et le service civique. Tous les responsables m’ont fait l’honneur de m’écouter.

- Vous êtes actuellement en tournée. Quel pays est le plus réceptif à vos paroles ?

Alpha Blondy : Dans aucun pays on ne comprend le dioula, et la foule a repris mes chansons en dioula. J’ai joué dans des pays où on ne parle pas français, et ils ont repris les paroles de " Mon père avait raison ". Donc quelque part j’ai cette chance que mon public est très réceptif, partout où je vais. Ce soir, à Gignac, je vais jouer devant des jeunes, je vais les voir danser, c’est une mission que le destin m’a confiée.

- Le FestaRRR  est-il annulé ?

Alpha Blondy :  L’Afrique est bizarre. Moi j’ai fait une chanson qui s’appelle " Ne tirez pas sur l’ambulance ". On a tiré sur l’avion du premier ministre au moment où je préparais mon festival qui devait avoir lieu le 7 août. Le président devait venir chanter avec moi l’hymne national, avec le premier ministre, avec le gouvernement d’union nationale. En une journée on attendait entre 300 000 et 400 000 personnes. Je me suis dit : je reprends mon festival. S’il y a un imbécile qui décide le jour du concert de tirer un coup de feu, je suis pas prêt à endosser une telle responsabilité. Voilà pourquoi j’ai reporté le FestaRRR avec 3 R, R comme réconciliation, R comme réunification, et R comme reconstruction. C’est pourquoi je ferai quelque chose pour le lancement du CD à Abidjan, au café de Versailles en octobre. C’est mon restaurant, il y a une salle de spectacle qui peut recevoir 1000 personnes. On veut faire  durer 8 jours, et là je pourrai assurer la sécurité avec un portique.

- Votre souhait ?

Alpha Blondy : Je veux être de tous ceux qui rapprochent les humains, c’est une des missions que Dieu m’a confiées. Je veux être ce tisserand de rêves et d’espoir.


Date de création : 04/01/2008 • 09:09
Dernière modification : 27/01/2014 • 18:02
Catégorie : Culture artistique
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