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Différentes façons de voyager

Différentes façons de voyager



 

Les petites pointes assassines entre voyageurs différents. Est-ce une mode lancée par la politique ?
Est-ce une façon de se rassurer de partir dans des pays où l'on vit moins bien ? Est-ce le changement de nos habitudes qui fait que nous nous sentons envahis d'une sensation de bien-être ?? Est-ce une raison pour considérer le touriste comme un pollueur de civilisations retirées ?
- Bien sûr que le Causse est beau, que les montagnes du Ladhak sont belles. Mais cessons de critiquer les autres. On en vient même à critiquer les façons de voyager, les destinations, maintenant !!! Je pourrais répondre que les grottes du Causse sont belles mais ne valent pas " Brice Canyon " en Amérique et bien d'autres lieux encore !


Quel voyageur êtes-vous ?


Le Zanskar : un royaume perdu au cœur du Ladakh ( suite à une conférence )

Le Ladakh est la région de l'Inde à l'altitude moyenne la plus élevée, une grande partie de son territoire dépassant les 3 000 m. Il comprend une partie de l'Himalaya.
L'Himalaya,  le “ Séjour des Neiges ” ( telle est la signification ), était considéré comme la demeure des Dieux,  inaccessible.
Ancien royaume perdu de l’état indien vers le Kashmir, le Zanskar est constitué d’une large vallée située à plus de 3500 m d’altitude, au creux de laquelle se faufile la rivière Zanskar, que surplombent des cimes dépassant souvent les 6000 m. Dominant les montagnes désertiques, étincelant dans toute leur blancheur, les éperons enneigés des plus hauts sommets  scintillent et resplendissent dans un ciel souvent sans nuage. C'est l'une des régions les moins peuplées du pays. Totalement isolée du monde par le froid et la neige durant 8 mois de l’année, la population ( env. 15 000 personnes ) y vit depuis toujours en autarcie, cultivant l’orge qui constitue l’aliment de base mais aussi une monnaie d’échange.
La première caractéristique du Zanskar, c'est son isolement. L'accès au Ladakh est quant à lui plus facile avec une infrastructure touristique assez importante compte tenu de l'endroit. Pour pénétrer au Zanskar il faudra soit franchir à pied un ou plusieurs cols dont la hauteur varie entre 4500 et 5000 m, soit rejoindre la vallée à Padum par une très mauvaise piste qui  d'ailleurs ne va pas très loin.
Cet isolement a préservé cette région des influences du reste de l'Inde et du monde en général. La vie est rude dans ces hautes montagnes et ni l'altitude ni le climat ne font de cadeaux aux habitants. La culture bouddhiste et tibétaine omniprésentes, la vie traditionnelle dépaysent et font une très forte impression sur le voyageur

Vers 4500m, apparaissent les campements de bergers, transhumant pour l'été, avec leurs troupeaux de yaks.
Avec un climat si rigoureux et une terre si aride, l'homme ne peut survivre que grâce au yak, le seul animal à pouvoir vivre aussi haut et passer l'hiver sans eau et presque sans nourriture.

Les maisons du Zanskar sont de grosses bâtisses compactes faites de pavés de terre brute, séchés au soleil, que chacun prépare lui-même.
Le panier dans le dos, le tsépo, sert à ramasser les bouses des yaks qui permettront de  chauffer l'eau du thé, dans un pays où il n'y a pas de bois.
Les deux choses les plus belles pour celui qui découvre le Ladakh et surtout le Zanskar sont d'une part les villages et les monastères éparpillés le long du chemin et d'autre part la multitude surprenante des murs couverts de pierres gravées, de sculptures ou de prières bouddhiques; la plus fréquente étant  le fameux mantra :" OM MANI PEDME HOM "

 Les voyageurs solitaires pourront mesurer l'extrême hospitalité des habitants de la vallée. La culture bouddhiste tibétaine, et l’isolement engendrent cette ouverture envers autrui, mais aussi il faut savoir que les enfants des villageois parlent souvent un anglais élémentaire qui permet de favoriser, sans heurter personne, les rencontres avec les villageois.
    
A plusieurs reprises, le conférencier a critiqué  les touristes qui font appel à des voyagistes. Lui, vantait les sensations inédites, celles que procurent des rencontres authentiques. Authentiques dans quel sens ? Pauvres, proches de la nature ? Je suis un peu sceptique à ce genre de quête, je dirais presque de pèlerinage ! Partir avec un sac à dos, revenir heureux, avoir peut-être trouvé une réponse à sa quête ? Soit, mais ces personnes n'y restent pas ! Elles parlent d'authenticité, mais elles laissent les autres dans leur pays pauvre ! On revient cependant dans son petit confort, dans son pays développé... Surtout restez authentiques ! Est-ce de l'égoïsme ? Ou un sentiment profond...?


Je n'ai pas fait ce voyage et il est certainement  difficile de transmettre cette expérience qui reste individuelle. Cependant, si j'ai vu de belles photos, d'excellents portraits, des paysages immenses et désertiques, au cours de cet exposé..., je n'ai pas appris grand chose sur l'organisation sociale, sur les habitudes de ces peuples, en dehors du fait que l'école leur paraît la grande solution pour les enfants. Ils dépensent une fortune, sans doute, pour les envoyer étudier très loin. Ils se séparent tôt de leurs enfants...
La raison essentielle ? 
J'ai appris par internet que chaque propriété, chaque champ d'orge est une unité familiale indivisible. Seul, l'aîné de la famille se marie et hérite de la maison, des terres, des animaux. La survie est à ce prix, et tout partage est impossible. Les autres ne trouvent sans doute leur avenir qu'à l'école.
Dans un voyage organisé, le guide aurait répondu à toutes mes attentes. J'aurais su l'histoire de ces monastères rencontrés sur le chemin, le sens des écrits sur les pierres...

Je comprends le voyageur pour qui c'était une  nécessité impérieuse de préserver du tourisme sauvage l’extraordinaire richesse humaine des populations qui vivent là et si différentes de nous. Alors que l’homme occidental est en conflit perpétuel avec les éléments tout comme avec lui-même, l'Indien, l'indigène de ces pays, vit encore en harmonie avec la nature dont la puissance s'impose à lui. Il a une nature intuitive qui s’oppose à notre esprit cartésien.

On peut considérer la diversité des peuples, des cultures, des communautés comme une richesse qu'il faut préserver face à une uniformisation grandissante.

Mais de là à considérer le touriste comme un pollueur de civilisation, c'est osé, car quelle que soit la façon de voyager, même en voyageant seul, avec un sac à dos, on perturbe. On attise les jalousies, on donne une somme dérisoire pour un plaisir recherché, on risque sa vie ( cf les disparitions dans la région... ), on torture son corps... L'aventure est toujours un risque. Une logique masochiste fascinante domine cette façon de voyager. On s’abandonne volontiers au hasard, on s’adapte aux circonstances, aux rencontres...
  Et quelle est la partie positive d'un tel voyage ? Le marcheur solitaire est comme le barreur sur son bateau en pleine mer. Il se lance un défi, voit défiler des paysages grandioses. Rencontre des gens qui ont leurs secrets, leur intimité, leurs pudeurs. Il se retrouve seul avec lui-même.

En fait, il y a autant de voyages " que de feuilles sur l'arbre du voyageur " !
Il y a aussi autant de voyageurs que d'humains
Un paysage est subjectif : si nous étions tous face au même spectacle, chacun de nous aurait sa façon de le vivre, de le ressentir en fonction de sa personnalité.


Ne pas confondre : voyager, se déplacer, s'aventurer...
Ne pas confondre non plus voyageur et touriste....


Ce qui manque aux touristes, c'est la lenteur pour approfondir, mais ils peuvent approfondir au retour. Le rythme qu'on leur impose n'est pas le leur et ils survolent paysages et cultures. Ils ne vivent pas chez l'habitant, mangent une alimentation choisie, restaurant, pique nique. Souvent cependant le touriste a le choix d'un repas local. Le seul grand reproche que je ferais, c'est de donner trop d'importance aux repas. Mais les voyagistes sont des commerçants et ils vendent ce que la plupart attendent. La contrepartie est, moins de risques d'intoxication alimentaire, par manque d'habitudes.

On peut :
Partir que pour prendre des photos et réaliser chez soi qu'on n'a rien vu ou tout vu à travers le viseur.
Partir pour la chaleur, la piscine. C'est la recherche du bien-être avec un peu de mépris et d'indifférence pour les autres.
C'est aussi des vacances en club avec des animateurs envahissants chargés de vous occuper, comme si l'ennui était une catastrophe.
Partir par curiosité, pour découvrir autre chose : des êtres, des paysages, pour comprendre un pays, une civilisation ... voyager dans le temps, dans l'histoire et pas seulement dans l'espace. Disposer d’un autre regard sur les êtres et les choses.
Partir à la recherche de solitude, d'émotions, s'insérer dans un monde nouveau... solliciter tous les sens : l’odorat, l’ouïe et le toucher.

Partir pour se lancer un défi.
Partir pour fuir et défaire les liens que l’on a avec son quotidien, pour se
perdre dans un lieu nouveau. Voyager, c’est justement faire l’expérience de sa propre liberté;  les contraintes en voyage se sont momentanément volatilisées. Le voyageur est, quant à lui, confronté à une multitude de perceptions inédites qui absorbent son attention et le détournent de lui-même. Baudelaire : « Il me semble que je serais toujours bien là ou je ne suis pas »

Partir pour se mieux connaître soi-même.
Partir pour apporter quelque chose à ces personnes, dans ces pays lointains, personnes qui en général n'ont rien demandé. N'est-ce pas se faire plaisir à soi-même ?

J'ai assez longtemps vécu et travaillé dans un pays étranger ( Maroc ) et j'ai l'impression que c'est ce qui m'a forgé une façon différente de penser.
Dans tous les cas, c'est la quête d'un ailleurs : cette quête d'un ailleurs différent, suppose, de la part du voyageur, un état d'esprit bien spécifique . Il s'agit essentiellement de laisser de côté ses préjugés, ses habitudes, ses convictions, d'ouvrir son esprit et ses sens à la radicale nouveauté de ce qui se présente, bref d'être curieux, bien disposé, ou encore disponible pour toutes sortes de rencontres. Se dépouiller de ses certitudes, accepter la remise en question d'une vie antérieure et enfin savoir s'étonner, faire un effort d'ouverture, approfondir... C'est une confrontation avec une autre civilisation.

L'état d'esprit de celui qui part est donc déterminant et fera le tri entre voyage, déplacement et aventure. Regarder, ça s’apprend, ça s'apprécie.



Conclusion :

On croit qu'on va faire un voyage, mais c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait. " Les voyages forment la jeunesse " !!!
Nous revenons vers notre lieu d'origine qui fait partie de nous-mêmes. Nous sommes fiers, enrichis, plus ouverts, parfois déstabilisés dans nos certitudes.
 

Date de création : 05/02/2012 • 21:17
Dernière modification : 04/03/2013 • 13:06
Catégorie : Evasion/Vivre ailleurs
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