Voyages-evasion vie - Une vie de geai

Proche parent des corbeaux et des pies, le geai des chênes est un oiseau remuant et criard. Son beau plumage et sa voix éraillée égaient les forêts de chênes d'Europe et d'Asie, qu'il peuple depuis sans doute plusieurs millions d'années.
Il est doté d'un véritable talent d'imitateur. Certains chez nous le font parler.
Mon beau-frère et ma belle sœur ont mis un geai dans une grande cage, placée dans la cour de la ferme. Ce geai a parlé au bout de quelques années. Il étudiait le comportement de la famille et s'adaptait. Par exemple il s'appelait lui-même : " Coco ", appelait le fermier par son prénom qu'il connaissait à force d'entendre la fermière le crier vers les terres. Il parlait aux gens qui arrivaient : " Ah, c'est toi ! ". J'ai oublié certaines de ses expressions, mais la plus amusante est lorsqu'il refaisait son maître parlant aux chiens : " Tu as pissé ? ". Le pire c'est que souvent, c'est ainsi qu'il accueillait les visiteurs... !

Le Geai a une durée de vie allant de 10 à 15 ans
Son régime alimentaire est constitué de graines, de baies et de fruits, de noisettes, nous lui donnions tout de même des sauterelles et quelques restes, comme du fromage blanc fait maison....
Je précise à propos des geais " en cage " qu'ils supportent mal les pluies violentes et les plumes mouillées. Ils peuvent aussi manger tous les insectes qui grimpent sur les chênes, des bouts de noix, des fruits coupés ( tels les raisins, raisins de Corinthe, demi oranges, tranches de pommes, de poires, de bananes, des cerises ), de la viande, des graines de tournesol ou de citrouille et des bleuets...

Les travaux de Bossema, ceux des chercheurs de l’INRA de Bordeaux sur la génétique des chênes des milieux tempérés, nous ont appris que le geai sélectionne les glands, il est " le premier reboiseur européen " car il a été l'acteur de la recolonisation de l’Europe par les chênes après la dernière glaciation; grâce à lui les chênes ont traversé toute l’Europe en 3000 ans ( 3000 km à la vitesse d’1 km/an ).

Le geai consomme donc aussi des glands

- Il en mange toute l’année, avec un maximum en automne.
- Il choisit les glands qu’il va manger sur place ( ou transporter ).
- Il sélectionne les glands allongés, effilés, de plus de 2,5 g, jusqu’à 4 g, matures ( couleur marron ) et intacts, non parasités ( il les teste avec son bec ).

Le geai transporte des glands

- Il peut les transporter : 4 à 7 dans l’œsophage + 1 dans le bec (souvent le plus gros ).
Un individu peut transporter ainsi de 5 à 10.000 glands par an sur une distance de 4 à 5 km de façon courante et jusqu’à 11km et même parfois plus, en cas de faible quantité.

- Le geai stocke des glands qu’il consommera plus tard.
Le stockage après transport permet une dispersion loin des chênes d’origine.
Cette dissémination est importante : le geai peut quitter son territoire et ramener des glands sélectionnés. Il va les stocker en terrain ouvert dans des caches qu’il repérera ensuite le moment venu, même en hiver. Les glands non consommés, non repérables par d’autres consommateurs, sont ainsi susceptibles de germer au printemps dans ces terrains ouverts, permettant ainsi la progression de l'étendue des bois de chênes.

- Au printemps, le geai consomme les cotylédons des glands germés.
Pour cela, il tire sur le jeune chêne, ce qui casse légèrement les racines et renforce la jeune plante avec un réseau de racines plus ramifiées. Les cotylédons contiennent alors moins de tanin, ce qui les rend plus digestes.

Un geai plante ainsi 2500 à 5000 chênes par an.
Un forestier plante 2500 chênes à l’hectare.
Un couple de geai vit sur un territoire de 5 hectares.

- Au printemps, le geai consomme des chenilles qui vivent sur le chêne et en mangent les feuilles.
Il contribue ainsi à la bonne santé des chênes.

Le geai est donc reconnu comme un acteur majeur dans l’écosystème forestier.