Voyages-evasion vie

  Accueil  Forum/échanges  Vos remarques pertinentes  Liens  Livre d'or 
Quelques souvenirs

Quelques anecdotes pleines de souvenirs, de tendresse, de nostalgie ou de surprises
 
gignacchine.jpg
Calligraphie, Gignac faite en Chine

 

La première fois que mon mari m'a amenée dans son village, en voiture, j’ai eu l’impression de prendre une route perdue en rase campagne. Les routes du département sont parmi les plus tortueuses. Le village et son clocher au loin n’avaient pas pour moi la même beauté que pour lui. Il y voyait de nombreux souvenirs et ceux-ci embellissent toujours; cette beauté il la puisait jusqu'au profond et lointain ancrage des racines de ses ancêtres et du souvenir. Beauté difficile à saisir par des mots, des images ou des métaphores. C'était beau, oui, mais pas comme il me l'avait décrit. D'ailleurs le village est encore pour lui comme pour deux au moins de nos enfants, le nombril du monde. Le clocher éclairé par la lumière du couchant dominait le village comme s’il veillait sur lui. Après le village, les lacets reprennent en direction de la ferme familiale... Puis, peu à peu, les arbres, les toits de la ferme se rapprochaient tandis que le clocher ne semblait plus alors pour moi qu’une forme grisâtre qui ponctuait le temps. Après y avoir vécu des années, j’en apprécie d’avantage le cachet.

Une anecdote qui date des débuts de notre mariage, vers les années 70, me fait encore sourire aujourd'hui. Nous avions découvert, à la Grande Motte, une maison neuve à vendre, pas chère. La grande station faisait ses premiers pas. Je me souviens très bien de la maison dans les pins, de sa terrasse avec barbecue, de ses salles de bain et de ses nombreuses chambres !!! Pas tellement chère compte tenu de l'espace... Cela nous avait paru immense pour deux. Nous étions loin de penser à l'avenir, à l'époque, de penser aux naissances éventuelles... !!! Nous n'avions pas acheté bien sûr, alors que maintenant nous avons ce qu'on peut déjà appeler une famille nombreuse.

Notre séjour au Maroc de 1970 à 1979 nous a laissé de nombreux souvenirs.

 Les meilleurs souvenirs datent de quand nous y travaillions. Nous avons gardé pas mal d'objets qui nous rappellent le pays : vases de Safi et autres...
J'ai plusieurs anecdotes curieuses ou amusantes concernant le Maroc.

Nous étions assis dans les grands et confortables halls de tous les hôtels dans lesquels nous avons séjourné au cours de nos voyages. Mais l’hôtel le plus horrible qui m’ait marquée est celui dans lequel nous avons passé une nuit, à Algéciras, en attendant le bateau. Il y avait un monde inimaginable ce soir-là, et aucune place. J’étais enceinte. Nous avons eu le choix entre dormir dans la voiture ou prendre cette chambre humide, moisie… Les gouttes d’eau se voyaient sur la tapisserie délavée et l’odeur était insupportable…

Mon mari commençait à bien se diriger, dans le pays comme dans le désert. ( Il y a passé 12 ans ). Un jour pourtant, nous roulions sur une piste au milieu du désert. Cette piste nous l'avions faite plusieurs fois, mais comme le seul repère était une vague ligne électrique dans le lointain, mon mari a eu brusquement des doutes et m'a dit : " la première voiture que j'aperçois, je demande confirmation sur la direction pour Merzouga... " Le temps passe, nous poursuivons notre chemin vers l'infini... et finalement une voiture très poussiéreuse arrive en tanguant sur la piste... Nous nous arrêtons, eux aussi. A notre grande surprise, comme à la leur, nous reconnaissons un couple venant de notre petit village perdu de France. Ils étaient en vacances. Mais ils avaient un petit guide marocain prêt à nous aider. Le monde est petit !!!


Nous étions à bord du Massalia. Mon aînée était toute petite. Elle a glissé dans sa douche et s’est ouvert le crâne. Je me souviens de mon affolement, du médecin du bateau qui tremblait pour mettre les points. C'était un médecin militaire et il me semblait vieux à l'époque. Une autre fois, elle est tombée en faisant du vélo près de la piscine du lycée à Meknès où mon mari enseignait. La blessure cette fois était sur le front et saignait abondamment. Le médecin qui a cousu le point, sur son visage lisse d’enfant, a tellement serré qu'au lieu d'une seule cicatrice avec un simple trait, elle a eu une croix sur le font. La peau avait éclaté.

Autre souvenir ? La tempête qui nous a empêchés de prendre le bateau en direction de  Sète ou  de Marseille …Il s'agissait, je crois du Massalia ??? Existe-t-il encore des voyageurs capables d’offrir un voyage à un jeune couple avec enfant, comme nous à l'époque ?… C’est pourtant ce qui nous est arrivé. Nous étions loin de Meknès, notre ville, la petite était fatiguée et comme le voyage en bateau était payé, nous avions peu de liquide. Des gens de Meknès, que nous ne connaissions pas et qui se trouvaient témoins de notre désarroi, nous ont prêté l’argent nécessaire à un voyage vers la France, par la route, en tenant compte des hôtels. Eux non plus ne nous connaissaient pas...Nous avions seulement des lieux, de vagues amis communs et un certain goût pour l'aventure et l'entraide que partagent tous les français qui vivent à l'étranger.

Les films que nous faisions pour les enfants :

Télécharger Les quatre saisons MP4

- Tes filles sont nées biterroises ? :

- As-tu aussi habité cette ville ou alors c'était quand vous étiez au Cap?

- C'est quand nous étions au Cap. Vers les années 70.

Je ne voulais pas, pour plusieurs raisons, qu'elles naissent au Maroc.  De plus il y avait à Meknès une seule couveuse, pour combien d'enfants ? Enfin j'avais un rhésus négatif et je savais qu'il serait difficile dans ce pays de se procurer des anticorps. J'ai donc vécu au Cap pendant une partie de mes deux premières grossesses. Pour la naissance de ma seconde fille, j'étais avec mon aînée de 3 ans à l'époque, et mon mari travaillait au Maroc. Lorsque les contractions m'ont annoncé la naissance, j'ai téléphoné à mon mari au Maroc. Il a fallu que j'aille pour cela à la station service du Cap, je n'habitais que provisoirement en France, je n'avais donc pas le téléphone. Les portables n'étaient pas d'actualité !!! L'hiver, au Cap, tous les immeubles ou presque étaient vides !!! De plus c'était un Dimanche. Le gars de la station partait à la chasse. Il a un peu protesté, car je le retardais, et surtout quand il a su que je voulais téléphoner au Maroc !!! Mais il a fini par accepter avec promesse de paiement. Le soir, mon mari me menait lui-même à la clinique. Il a quitté immédiatement Meknès pour se rendre à Rabat et il a pris le premier avion.

Un premier Avril, nous étions au Cap d'Agde, nos filles se réveillaient et mon mari ouvrait grand les persiennes. Soudain ma fille aînée s'écria : " Ma sœur est pleine de boutons. Nous n'avons même pas regardé. Nous étions persuadés qu'il s'agissait d'un poisson d'Avril. Et bien non... Elle avait la rougeole alors que nous l'avions fait vacciner !!! De plus, quelques jours après, la maladie s'est aussi déclarée sur les deux autres pourtant également vaccinés...

Ma seconde fille, mon fils et moi aimons les animaux. Nous les aimons différemment, est-ce vraiment différemment ? mais, ils font partie de notre vie. Nous ne les aimons pas comme les gens de notre village pour lesquels ce fut longtemps des domestiques relégués dans les granges ou condamnés à mort lorsqu'ils étaient des " gueules " inutiles... J’ai acheté à ma fille un jeune lapin coquin qui gambade dans sa chambre d’étudiante. Elle s’y sentait seule.


La femme de notre médecin a été mon amie. Ce qui nous rapprochait ? Nos garçons allaient à la même école. Peu de familles dans le coin aimaient lire et partager certaines idées. Ce qui nous a éloignés ? Lorsqu'elle a trouvé du travail.

Pourquoi mes enfants se sont-ils toujours mieux entendus avec les personnes plus âgées qu'avec les jeunes de leur âge ? Problème d'éducation ? Problème de culture ? Besoin certainement de vrais conversations approfondies, loin d'un côté un peu superficiel, un peu joueur de certains ??

enfantsdegui.jpg

Mes enfants pour carnaval

 

  Il y a de bons et de mauvais souvenirs :

    Pour la première fois, en regardant les photos du repas  pour ses 90 ans, la mère de mon mari a ri et a dit qu’elle recommencerait pour ses 100 ans.!! D’habitude au contraire elle parle de sa mort prochaine et cela depuis ses 40 ans !!, Chaque année, elle annonce que c’est certainement sa dernière année !!!

Nous avions deux chiens quand les enfants étaient petits. Le premier, un chien d'un âge déjà assez avancé nous avait été donné par un chasseur. En réalité le frère de mon mari. Ce chien, un chien de chasse beagle ( croisé ) qui avait manifestement besoin d'espace avait pour son malheur commencé sa vie dans un appartement et avait été abandonné. Il manquait d'espace et ses maîtres ne pouvaient plus le supporter. Mon beau-frère croyait que ce serait un bon chasseur, mais il était un peu tard pour le dresser. Il courait bien après les animaux, mais pour lui seul, pour le plaisir de la course !!! Mon beau-frère en colère avait menacé de le tuer d'une balle et j'avais promis de l'adopter dès notre retour en France. C'était l'époque, la fin de l'époque en réalité, où nous vivions au Maroc. Quand nous revenions pour les vacances, ce chien semblait savoir que nous étions ses nouveaux maîtres, il manifestait une joie incroyable. Pendant la construction de la maison on aurait dit qu'il en surveillait les travaux. Et lorsque nous nous sommes installés à la maison il n'a pratiquement plus jamais remis les pieds à la ferme du beau-frère, située à quelques mètres. Il nous avait vraiment adoptés. Il était très gai, très gentil. Ses seuls défauts : il aimait courir après les chiennes et les lapins. Il est mort d'une crise cardiaque. Il a juste eu la force de revenir à la maison après une course infernale.
Le second chien était croisé pincher nain et cocker. Un petit coquin marron que nous avions pris bébé, bien que l'autre chien ne fût pas encore mort. Je pensais que ce serait bon pour les enfants de voir un bébé chien se développer. L'autre chien l'avait très bien accepté. Lui aussi était un peu chasseur. Les gens de chez nous n'aiment pas cela. Un matin il est parti dans les bois et il n'est jamais revenu. Il est mort noyé dans un trou d'eau, dans les bois. Un trou dangereux pour les animaux. Accident ou animosité ? On ne saura jamais. Nous avons une piscine, il en connaissait les dangers. Je suis surprise qu'il soit tombé à la course dans un trou d'eau...
Fly notre chienne attend sa promenade. Elle surveille tous mes gestes. Ma seconde fille tour à tour corrige des copies, sommeille sous le plaqueminier ou lit Tintin. C’est à propos d’une plaisanterie de son frère qu’elle a eu envie de lire Tintin. Tintin a presque toujours été une référence pour notre troisième enfant.
 
Bien plus tard à Toulouse : pour les études de notre fils vers 98

Mon mari avait acheté à notre fils une superbe bicyclette V.T.C. qui venait du magasin "décathelon". Notre fils était très fier depuis trois jours, quand il passait devant ses camarades, au guidon de son vélo, dont la souplesse le surprenait lui-même, et dont les rayons accrochaient des éclairs de soleil. Trois jours après l'achat, à la sortie d'un cours, il voulut montrer son vélo à ses camarades, mais il ne le trouva plus. Son vélo lui avait été volé, et cela, 3 jours après l’achat !!! Pauvre fierté d'un jeune homme si heureux, quelques instants auparavant. Il a été tellement humilié, déçu, malheureux, qu’il n’a pas osé nous avouer tout de suite le vol. Il a préféré se priver de sortie tout le WE. A la police on lui a ri au nez ! Un vol de vélo à Toulouse, ce n'était pas une priorité...Et dans les locaux de la police, un jeune homme lui a dit. C'est normal de prendre un vélo s'il nous tente !!!

Un jour, alors qu'il était étudiant à Toulouse et qu'il prenait le train pour revenir à la maison, notre fils est rentré dans un wagon plein de jeunes voyous, mais il ne le savait pas. En réalité il avait au contraire pris l'habitude d'éviter les wagons vides!!!... Un des jeunes lui a réclamé son argent. Il a donné un billet et a réussi à fuir, poursuivi par les jeunes. Il est parvenu à trouver le contrôleur et à raconter son aventure. Mais au lieu de le défendre, le contrôleur a fait descendre toutes les personnes en question et notre fils s'est retrouvé sur les quais, de nuit, au milieu du groupe de voyous, sans argent, sans nouveau train avant le lendemain, alors que nous l'attendions. Il a dû retourner à pied vers sa lointaine chambre d'étudiant. Pour ce jour-là, je dis bravo la SNCF !!!

 
La grotte
 

Il explore une grotte sous sa maison

Sur la Dépêche  ( Jérôme Poupon ) article pas toujours intégralement exact d'ailleurs,  p 20  du Mardi 21 Décembre 1999.

A G. Gui Vay... 19  ans a creusé sous la maison de ses parents, à flanc de coteau,  pour atteindre une grotte qui avait à l'origine été détectée par les maçons lors de la construction de la maison, mais que personne n'avait explorée au-delà de quelques mètres. " Lors de la construction de la maison, il y a 22 ans, les ouvriers ont effondré une voûte avec le bulldozer. Ils ont installé des poutres en béton. Mais c'est comme si la maison reposait au-dessus du vide."
Pendant les vacances de Pâques Gui a donc entamé ses explorations pour retrouver cette cavité dont la famille gardait le souvenir. Cet étudiant en géologie, à Limoges ( deuxième année de DEUG Sciences de la vie et de la terre ) a trouvé un passage au mois de Juin : un boyau au bout du vide-sanitaire.

" Je sentais l'air frais qui arrivait. Il y avait un puits de la largeur du corps : je me suis laissé glisser, et j'ai trouvé une première salle. Il fallait ramper, marcher à quatre pattes pour progresser. "

Cinq salles explorées : Il a ainsi découvert 5 salles, dont une grande cavité de 23 m de long. Depuis un parcours a été aménagé entre trois de ces salles. De la cave jusqu'à la troisième salle, Gui a creusé un passage sur 50 m pour qu'un homme puisse tenir debout. Un vrai travail de mineur. Il a creusé la roche au marteau-piqueur, et sorti, avec seulement un peu d'aide parfois, dans les 2000 brouettées de déblais en à peine six mois. Il utilisait une brouette modifiée pour lui permettre de se faufiler dans l'étroit couloir." J'y passe tout mon temps libre."

Pour les amis c'est devenu un lieu de visite. On peut y admirer des concrétions calcaires : stalactites, stalagmites, une cascade pétrifiée aux allures de tête de lion...
Il a fallu aménager, cimenter des allées, installer l'électricité. Le 1 er Janvier tous ses amis et sa famille devaient y boire le champagne.

 


grot6g.jpg grotte2.jpg grottg.jpg

La grotte, une vraie grotte sous la maison !!! découverte par notre fils. Il avait 19 ans, un spéléologue lui a offert une plaque gravée en 2000.
 
Dans la grotte, Il a installé l'électricité avec l'aide de mon mari, tracé des allées bétonnées. Il l'a ouverte au marteau-piqueur et a sorti des tonnes d'argile et de pierres petit à petit.
 
grottegu.jpg grotg5.jpg


grotte_eau.jpg

La grotte un jour de pluie

 
Avec les pierres extraites de la grotte, mon mari travaille à la construction du mur qui entoure la maison.
 
- Je trouve que c'est une chance inouïe d'avoir fait ce genre de découverte. Est-ce sur un terrain vous appartenant ? A quelle profondeur se trouvent ces salles ? Bénéficient-elles d'une température stable ? J'imagine tout ce que je pourrais en faire si un tel cadeau me tombait dessus.
 

- Elle se trouve sous la maison et on y accède par la cave. Notre fils a énormément travaillé pour l'aménager. Mon mari l'a aidé surtout pour l'éclairage, je l'ai aidé aussi pour sortir des brouettées pleines de déblais et d'argile. Deux ans de dur labeur en famille mais c'est tout de même notre fils qui a fait le plus gros travail. Je pense que la partie la plus haute de la grotte se trouve au moins à 6 m sous terre... La température y est de 14 ° hiver comme été. C'est un cadeau, oui, mais il ne rapporte rien !!! Du travail, de la fatigue, des fissures dans la maison. Mais cela a été un grand moment d'heureuse surprise pour tous et surtout pour notre fils.
Nous faisons parfois visiter à des amis. Il s'y trouve deux puits de 15 m de profondeur, plusieurs ( 5 ) salles dont une de 25 m avec coulées de calcite et beaux stalactites et stalagmites. La grotte pourrait se poursuivre, la galerie traverse toute la colline derrière chez nous, mais un éboulement empêche de nouveaux accès. Notre fils a arrêté les travaux à la suite d'un léger accident. Un éboulement l'avait blessé au genou.
Creuser devient dangereux. Ensuite, il a été malade.
Quelques spéléologues ont visité la grotte...



Grâce à ces pierres nous avons aussi de beaux souvenirs à montrer. Avec les déblais nous avons pu combler un trou assez profond et en faire un parking. Peut-être un jour cette grotte pourra-telle être utilisée aussi pour des moyens écologiques de climatisation ou de chauffage... à condition de ne pas modifier l'ambiance de la grotte.

 

Grotte 2000 Auguinou. (salle numéro 1) récit de notre fils

grotte noir et blanc.jpg


Depuis des semaines, je creuse dans le vide sanitaire, sous la maison de mes parents. J’entasse les cailloux dans un espace de trente centimètres entre le sol et le plafond.
Alors que j’arrive sous l’énorme poutre de béton des fondations de la maison, je sens dans la chaleur de l’été :

Comme un souffle d’air froid,
Comme une caresse inattendue…

J’agrandis le trou et me faufile vers le bas, vers le noir…

Avec ma petite lampe de poche, je découvre la salle numéro un, la récompense de mes semaines d’efforts : des rochers aux multiples formes, une place de quatre mètres sur trois mètres, un seul endroit où je peux me tenir debout sous la chambre de ma sœur, sous le jardin de mes parents, je rampe…

C’est ma naissance dans ce monde parallèle. Je circule sous l’espace habituel, sous ma vie, je suis comme un enfant qui découvre cette autre dimension et pourtant j’ai dix-neuf ans mais le temps, ici, n’a plus d’importance…

 

Grotte 2000  ( salle numéro 2 )

   Nous sommes au mois de juin 1999, en début d’été, et pourtant la température est proche de 12 °C. J’avance à plat ventre dans une galerie de 50 cm de haut et de 1 mètre de large qui mène dans la deuxième salle. L’obscurité est presque totale.

Ma petite lampe projette des ombres inquiétantes devant moi. Je vois la vapeur de mon souffle qui se condense rapidement tant l’humidité de l’air est forte.

Le sol est rugueux en surface avec des dépôts de calcite. Dessous, mes doigts sentent un dépôt d’argile alternant avec des strates de sable.

Le plafond s’élève brusquement. Il est assez haut pour que je puisse m’asseoir. Le volume de cette deuxième salle est beaucoup plus grand mais je vois un immense tas de cailloux qui encombre l’espace central. Il est sans doute la conséquence successive de l’effondrement de la galerie et du comblement par le bulldozer lors du terrassement du terrain à bâtir.

Selon mes impressions du moment, je me situe en-dessous de la chambre de mes parents. Mais trois mètres de roche empêcheraient toute communication.

Je suis si près de cette pièce calme et chaude et pourtant si loin car c’est un monde à part.

Quand j’éteins ma lampe, l’obscurité est totale et si j’écoute, je n’entends que mon cœur et mon souffle.

Je suis toujours comme un enfant qui circule dans une autre vie. J'ai l'envie d'explorer qui est plus forte que les frissons de peur qui parcourent mon corps.

J’aperçois un passage sur le côté qui contourne, en descendant, la cascade de pierres…


Bien décrit, étape après étape

Grotte 2000  (salle numéro 3)

 

  Ce couloir tourne autour de l’éboulis, il est suffisamment haut pour que je puisse marcher debout en baissant la tête. J’aperçois au plafond d’inquiétantes failles dans le rocher larges de 15 cm et remontant sur plusieurs mètres.

A gauche, une sorte de puits étroit descend verticalement mais à droite une large ouverture donne accès à la troisième salle. Pour la première fois, les couleurs changent. Jusqu’à présent, elles étaient proches du marron et de la couleur de l’argile mais là, le sol et les parois sont grises. Mes pieds s’enfoncent dans cette marne.

Je l’appelle « la salle sphérique » car elle a la forme d’un bol avec un sol qui descend en se rapprochant du milieu. Le plafond est horizontal et les parois tendres forment un cercle parfait de 4 mètres de diamètre.

Je suis descendu de quelques mètres en tournant, donc je suis toujours au voisinage de la maison. Des racines d’arbres pendent dans cette pièce comme des touffes de cheveux noirs. Au bout de chaque radicelle, une goutte d’eau perle. Ces racines m’indiquent que je suis à l’arrière de la maison sous un groupe de trois chênes centenaires qui viennent puiser l’humidité souterraine pour résister à la sécheresse de surface bien présente sur le causse de Martel.

Peut-être suis-je arrivé au bout de mon exploration ? Cette salle est une impasse. Je remonte donc dans la deuxième salle le pas décidé. Avec la lampe, j’inspecte la moindre fissure, le moindre trou sous les rochers avec le maigre espoir de trouver une issue suffisamment large pour avancer encore dans ce monde souterrain.

C’est alors que, de retour dans la deuxième salle, j’aperçois un passage étroit là où le plafond redescend : 35cm de haut sur 60 cm de large. Il me semble que mon corps a la place de passer mais « pas d’imprudence ! » Je dois remonter pour être sûr d’avoir deux lampes de poche avec des piles neuves. En effet, je dois prendre mes précautions pour un trajet plus long car, si ma lampe s’éteint, il me sera impossible de retrouver mon chemin dans ce labyrinthe.

Je reviens donc en rampant, je retrouve la corde qui me permet de me hisser dans le vide sanitaire. J’ai hâte de faire part à mon père de mes découvertes !

Je lui raconte, je griffonne un plan pour lui indiquer où je décide d’aller maintenant ( pour que l’on puisse me retrouver en cas de problème ) sous son regard vaguement inquiet… Je crois qu’il a tenté de me dissuader, je ne sais plus, je n’entends rien car une seule chose compte pour moi : redescendre pour aller plus loin…

(suite salle numéro 4)

Grotte 2000 guillaume ( salle numéro 4 )

Je redescends donc à la cave rassuré d’avoir maintenant deux lampes de poche. Je repasse par les petites ouvertures du vide sanitaire, je rampe à nouveau dans le mince espace entre le plafond et le sol. Il me faut parcourir 12 m pour atteindre l’entrée de la grotte à l’extrémité de la maison. J’ai chaud mais je sais que bientôt je vais replonger dans la fraîcheur et l’humidité.

Je me laisse descendre les pieds en premier, je redécouvre le cœur battant cette atmosphère incroyable qui me fait croire que je suis très loin de chez moi. Je repasse dans la deuxième salle pour retrouver cet étroit passage haut de 35 cm. Je m’allonge complètement, incline ma tête sous les aspérités du plafond. Ma respiration se fait difficile. Je m’arrête sentant que mes poumons n’ont plus la place de se remplir. J’espère tant aller plus loin…

Puis j’avance encore. Un petit stalagmite vient freiner ma progression. La galerie tourne légèrement à gauche, j’arrive à tendre le bras. Je braque ma lampe droit devant mais elle ne semble pas trouver d’obstacle. La lumière est absorbée par les parois sombres. Puis le sol descend.

J’ai mon cœur qui bat soudainement plus fort. Je sais qu’une immense cavité se tient devant moi. Après tant d’efforts, sans savoir ce que je découvrirais, l’émotion se déverse par mes yeux. Je n’avais pas espéré ni même imaginé cette grande salle avec un plafond où des centaines de stalactites indiquent les siècles écoulés.

Le sol est décoré de dépôt de calcites aux couleurs claires et aux formes excentriques.

Ma lampe n’est qu’un rayon dans ce vide de 23 mètres de long et de six mètres de hauteur au niveau du gouffre central.

Tout au fond j’aperçois des stalagmites d’un mètre de hauteur et de 10 cm de diamètre.

Mais c’est au milieu de la salle que je découvre le plus beau trésor naturel : une cascade pétrifiée qui a la forme d’un lion endormi. Sa blancheur est frappante dans cette ambiance sombre. Mes doigts appuyés découvrent une surface lisse où s’écoulent les gouttes d'eau tombant du plafond.

C’est devant ce lion que je vous ai contée cette histoire vraie presque 14 ans après.

Une dernière goutte s'écrase sur le papier comme un point final de cette aventure…


De belles images de calcite, de coulées pétrifiées, du lion figé par les années...

 

Grotte, salle numéro 5, aménagement, inauguration 1er janvier 2000.

C’est étrange
Une grotte sous une maison
Et un projet fou
À réaliser tout seul :
Aménager 70 mètres de galeries
Percer le rocher
Creuser l’argile
1500 brouettées

Partir de la cave
Et amorcer une descente progressive
Jusqu’au « lion pétrifié »
Au milieu de la grande salle
Pour que tout soit prêt
Le premier janvier 2000
Hasard du calendrier
Il faut qu’un homme
Puisse tenir debout
Dans l’étroit couloir
Où passe la brouette
Modifiée pour l’occasion

23 personnes descendent
Dans l’espace ainsi créé
Avec le confort
De l’éclairage électrique
Ils ont le verre de champagne à la main
Et je leur raconte
La découverte de la cinquième salle
Seulement accessible aux sportifs

Ils me regardent étrangement
Quand je leur dis
Qu’elle est sous leurs pieds
Cette dernière cavité
Sous le gouffre de la plus grande salle
Une pièce haute et blanche
Avec des stalactites oranges et translucides
Indique le passage de l’eau
Vers les profondeurs de la Terre.

Auguinou ( jepoeme )
 

Énumération d'infinitifs qui scandent bien l'effort fourni.

 

Des abeilles se sont invitées à la maison printemps 2007

abeilles.jpg

Les abeilles qui ont élu domicile entre la fenêtre et les volets de la chambre d'amis

abeillesapi.jpg

Lorsque les abeilles ont fait leur ruche entre le volet et la fenêtre de la chambre d'amis, il nous a fallu faire appel à un apiculteur. Il ne s'est pas embarrassé de précautions !! Les abeilles restées sont mortes dans la chambre. Elles avaient perdu leur reine. La chambre, des jours après ( nous avions peur de nous faire piquer!!!) gardait l'odeur du produit utilisé pour les endormir et, le sol était tapissé d'abeilles mortes et de miel. Pas facile à nettoyer tout ça !!! D'autant que la chambre a un sol de planches et que j'ai peur d'utiliser des produits qui pourraient abîmer définitivement le plancher.

Lorsque ma mère s'est cassé le col du fémur, j'ai fait deux longs séjours à Marseille. J'ai retrouvé le climat que j’aime, sauf le vent, bien sûr, et j'ai renoué un peu avec ma famille de Marseille, trop longtemps perdue de vue. Mais il me tardait cependant de rompre un peu ce train-train trop monotone. Au retour chez moi, dans le Sud Ouest, j'ai eu un accueil exceptionnel. C'est là qu'on se rend compte que la nouvelle famille compte. énormément.. Mon fils m'a téléphoné; ma fille et mon mari sont venus me chercher à la gare. Ma fille avait beaucoup à raconter sur son installation dans sa nouvelle maison, mon mari avait besoin de me retrouver...et les chiennes m'ont assaillies de câlins, de jappements et de jalousies entre elles pour obtenir les compliments.
 
Pendant mon séjour à Marseille, j'ai lu, j'ai tricoté, j'ai entretenu un peu le jardin de ma mère; j'ai aussi visité ma mère bien sûr (elle était en rééducation) ma tante, des cousines, des amis, mais je me suis ennuyée. Bref beaucoup de démarches aussi et une overdose de télé, dans la maison de mes parents !!! Comment ai-je pu vivre ainsi pendant des années, d'autant que mes parents alors n'avaient pas la télé. Heureusement, les enfants et mon mari m'ont souvent secouée de cet ennui qui vous déprime. Mon mari est même venu passer quelques jours avec moi mais il est reparti. Pourquoi est-ce que je me suis ennuyée chez moi ? Ma nouvelle famille me manque et je n'ai jamais été très bien chez mes parents. Manque d'affinités ? Manque... presque d'affection réciproque ??? Trop de temps, de km, d'idées nous séparent désormais. Je me demande même s'ils s'en sont rendu compte ???

Ma mère s'est de nouveau cassé le col du fémur, l'autre...

- Excuse-moi de ne pas avoir pu t'écrire depuis un certain temps.J'ai dû partir plus tôt et d'urgence à Marseille car ma mère est tombée et s'est cassé encore le col du fémur. De l'autre côté cette fois.
Je n'ai pu prévenir personne.
J'ai reçu un coup de téléphone de sa voisine et une heure après, j'étais dans le train. J'ai réussi à arriver avant son opération. C'était sa grande peur qu'on l'amène avant qu'elle ne puisse m'embrasser...

- Salut, je suis désolé pour ta maman, parait-il que cela se ressoude sans blem, c'est con la vieillesse, j'y pense aussi et ça me fout les boules mais que faire ? Profiter un max tant que c'est possible...

Pour ma mère tout se passe bien  cette fois encore, sauf qu'elle s'ennuie depuis que je ne vais plus la voir à la clinique de rééducation...Elle n'a plus qu'une canne et marche peut-être mieux que beaucoup dans l'établissement.
Si tu veux avoir un frisson d'angoisse, c'est dans ce genre d'établissement qu'il faut aller... L'horreur : certains sont amputés à cause du diabète ou d'un accident. Des très jeunes même. J'en ai vu un à qui il ne restait que le tronc.Mais par contre ils font des prothèses extraordinaires. Les lutteurs et les courageux arrivent à remarcher et la jambe artificielle se devine à peine par une légère raideur.


Pour aller voir ma mère, je prends depuis un certain temps le train. J'y vais soit avec mon mari, soit seule. Un jour que j'étais seule, j'ai eu affaire au contrôleur habituel. Il me connaissait de vue. Dans les petits villages il n'y a pas de composteur, il faut chercher le contrôleur du train pour montrer son billet ou l'acheter. Il finit par me connaître donc. Nous bavardons parfois juste quelques mots...Et cette fois, il n'a pas voulu que je paie... Bien que prenant de l'âge et bien que mariée... je reste sensible à ce genre de séduction.

- Tu as tapé dans l'œil du contrôleur, tu as fait fort, c'est pas à moi qu'on ferait une telle faveur lol !!!



- Mon mari, en cours de bricolage chez notre fille, s'est débrouillé pour m'écraser un doigt !!! Il a fallu longtemps pour que l'ongle repousse tordu d'abord, puis d'un aspect plus sympathique. Malgré tout, je n'ai plus les mêmes sensations, ni la même sensibilité au bout du doigt.
Mes souvenirs remontent à mon bac : je l'avais échoué alors que j'étais régulièrement bonne élève. Le trac sans doute m'a toujours déstabilisée. Cette religieuse m'avait offert une année de plus sans payer l'école. Mais son aide après mon succès était devenu un poids. Etais-je indifférente ? Elle m'écrivait de ne pas me laisser entraîner à la fac ! alors que j'étudiais et que je ne cherchais qu'à nouer quelques amitiés, à enfin diriger ma vie hors de la famille. Et puis elle m'avait demandé un grand service : accompagner une aveugle partout. Je l'ai fait un certain temps. Puis j'ai eu l'impression d'étouffer. Au restau U, on passait par une porte isolée, en cours, elle faisait un bruit régulier avec sa tablette spéciale braille et les étudiants fuyaient. Suis je égoïste ? Peut-être un peu. Mais je n'ai pas vraiment sympathisé avec elle car elle-même n'était pas généreuse comme si son handicap lui donnait le droit d'exiger. Je me suis sentie piégée par cette religieuse à laquelle j'ai fini par envoyer une lettre la remerciant de son aide passée, mais que cette aide ne me rendait pas dépendante de sa volonté et de ses directives et j'ai appelé des camarades à l'aide. Nous avons partagé et allégé la mission.
Je me souviens aussi d'une américaine qui était à la fac d'Aix pour perfectionner son français. Elle parlait déjà plusieurs langues et je l'admirais.



 

Date de création : 06/12/2004 • 04:00
Dernière modification : 25/10/2014 • 09:59
Catégorie : Anecdotes de famille
Page lue 4760 fois
Haut
© 2004-2021

Document généré en 0.01 seconde